5 février ( bis ) -
LES SAINTS MARTYRS DU
JAPON ( XVIe SIÈCLE ).
Le Japon ne fut connu
des Européens que vers l’année 1542.
Cet empire, qu’on
croit aussi vaste et aussi peuplé que la France, était plongé dans les plus
épaisses ténèbres du paganisme, lorsque saint François Xavier y arriva, le 15 avril 1549, résolu de le
gagner à Jésus-Christ.
Frappés de la
beauté de la religion chrétienne, et plus encore de la vie pure et des miracles
de l’apôtre des Indes, les Japonais accoururent bientôt en foule à ses
prédications ; un grand nombre renoncèrent aux idoles et reçurent le
baptême.
Les progrès de la
foi furent si grands, qu’en vingt-six mois, Xavier avait converti des rois,
baptisé des milliers de païens, établi les ministres qui devaient lui succéder
dans la prédication et l’administration des sacrements.
Heureux d’avoir
conquis le Japon à l’Église, Xavier ne voulait cependant s’arrêter que lorsque
le monde entier aurait subi la loi de Jésus-Christ.
La Chine, fermée
aux étrangers, n’avait pas encore reconnu le vrai DIEU, et Xavier voulut lui
porter la vraie lumière : il quitta le Japon en novembre 1551, s’embarqua
pour la Chine, et se fit jeter sur l’île de Sancian, en face de cet empire.
DIEU se contenta de
sa bonne volonté, et l’appela à lui le 2 septembre 1552.
Les religieux de la
Compagnie de Jésus, héritiers de son amour pour DIEU et de son zèle pour le
salut des âmes, cultivèrent avec soin cette partie de la vigne du Seigneur.
Des rois, des
princes, des villes entières avaient reconnu Jésus-Christ ; le nombre des
chrétiens allait toujours croissant, et malgré quelques persécutions locales,
causées par les bonzes ou quelques seigneurs malintentionnés, l’Église triompha
pendant quarante ans des obstacles opposés à sa diffusion.
En 1582, un jeune
homme, sorti des rangs les plus infimes de la société, mais doué d’un génie extraordinaire,
monta sur le trône du Japon.
C’est le célèbre
Taïcosama.
Les cinq premières
années de son règne, il se montra favorable aux chrétiens, il en appela
quelques-uns aux premières charges de l’empire ; et reconnaissait
loyalement qu’il devait le trône au prince chrétien Juste Ucondono.
Il louait et
admirait la religion de Jésus-Christ, et dit même un jour qu’il l’embrasserait
si elle n’interdisait pas la pluralité des femmes.
Il n’était pas
cependant intimement convaincu de sa vérité, mais la regardait comme un système
philosophico-politique mieux combiné que les sectes du Japon.
Le calme ne fut
donc pas de longue durée ; les bonzes, furieux de voir la tolérance de
Taïcosama pour le christianisme, lui firent comprendre qu’il ne serait point
mis, après sa mort, au rang des dieux du Japon.
Cet honneur, qu’il
ambitionnait, et surtout la résistance énergique des vierges chrétiennes à ses
obsessions et à ses passions immondes, le portèrent à ordonner le renvoi de
tous les missionnaires.
Il ne pressa pas
cependant l’exécution de l’édit, et les Jésuites obtinrent un délai de six
mois.
Ils résolurent en
même temps de ne pas abandonner la mission et de ne pas quitter le Japon ;
seulement ils s’abstinrent de prêcher en public, et de faire les cérémonies
extérieures du culte.
Apprenant que les
Jésuites étaient toujours au Japon, Taïcosama, irrité, menaça de les faire mettre
à mort, fit renverser les croix, abattre les églises, détruire ce qui servait
au culte divin : mais à la nouvelle que le prince Augustin, chrétien pieux
et fervent, avait conquis la Corée, Taïcosama s’adoucit ; il se montrait
de nouveau presque favorable aux chrétiens, lorsque deux causes vinrent
rallumer sa haine contre la religion de Jésus-Christ.
Les Franciscains de
Manille voulurent aussi travailler à la conversion des idolâtres du Japon, et
quatre de ces religieux, dont le supérieur était revêtu du titre d’ambassadeur
d’Espagne, vinrent débarquer au port de Firando ( mai 1593 ).
Taïcosama leur
donna audience, mais leur annonça qu’il avait interdit la prédication de l’Évangile
au Japon, et leur conseilla de retourner aux Philippines. Ces Franciscains
obtinrent pourtant d’aller à Méaco, capitale de l’empire, et quelques jours
plus tard d’y habiter et d’y construire une maison.
Ils élevèrent donc
une église et un couvent, firent de même à Ozaca et à Nangasaki, et malgré les
conseils des Jésuites et du gouverneur de Méaco, qui, bien que païen, les
aimait, ils commencèrent à prêcher publiquement et à faire de grandes
conversions.
L’irritation qu’éprouva
l’empereur à cette nouvelle fut augmentée encore par l’imprudente parole d’un
pilote espagnol, qui crut obtenir la levée du séquestre de son galion, en
intimidant le gouvernement japonais.
Prenant un globe,
ce pilote dit que la moitié du monde appartenait à son roi.
Surpris, les
Japonais demandèrent comment il avait pu réussir à s’en rendre maître.
« Rien n’est plus
facile, répondit le pilote ; il envoie dans les contrées éloignées des
missionnaires prêcher la religion chrétienne ; ensuite ses soldats, unis
aux nouveaux chrétiens, font aisément passer le pays sous sa domination.»
Cette conversation
fut répétée à Taïcosama, qui jura de ne laisser aucun missionnaire en vie dans
son empire.
Par ordre de l’empereur,
le 9 décembre 1596, on mit des gardes aux portes des maisons des Franciscains
et des Jésuites ; le lendemain, l’empereur tint conseil avec ses
ministres, et le 11 décembre la sentence de mort fut prononcée contre tous les
missionnaires.
Givonoskio,
gouverneur de Méaco, parvint cependant à fléchir l’empereur et à sauver les
Jésuites.
On fit donc
prisonniers six religieux franciscains, quinze japonais chrétiens, qui avaient
des rapports fréquents avec les Pères, et parmi lesquels se trouvaient trois
enfants de onze, douze et quatorze ans, et trois Jésuites d’Ozaca, Paul Miki,
âgé de 33 ans, Jean de Goto, novice de 19 ans, et Jacques Kisaï, novice âgé de
64 ans, que DIEU destinait au martyre, et qu’on ne put effacer de la liste
dressée par les officiers de Taïcosama.
Ces vingt-quatre
héros furent condamnés à avoir le nez et les oreilles coupés, à être promenés ignominieusement
dans les villes, et enfin conduits à Nangasaki pour y être crucifiés.
Le 3 janvier 1597,
on les plaça sur des charrettes, trois à trois, et on les promena à travers les
rues de Méaco ; lorsqu’ils furent arrivés sur la place, l’officier qui
présidait à l’exécution ne voulut point les défigurer comme le portait la
sentence ; il leur fit couper seulement l’extrémité de l’oreille gauche.
Les bienheureux se
réjouissaient de souffrir pour Jésus-Christ, chantaient ses louanges et exhortaient
les idolâtres à le reconnaître pour le vrai DIEU.
On les conduisit
ensuite à Ozaca : Paul Miki, Japonais, prêchait, en route, la foi
chrétienne, et fit plusieurs conversions.
Les chrétiens
suivaient en foule les martyrs ; deux d’entre eux prodiguaient à ces
soldats de Jésus-Christ tant de soins, qu’ils furent joints à eux et subirent
aussi le supplice de la croix.
Enfin, le 5 février
1597, les martyrs arrivèrent à Nangasaki. Deux Pères Jésuites confessèrent leurs
confrères et donnèrent l’absolution aux laïcs japonais ; les Franciscains
se confessèrent entre eux, et le cortège, reprenant sa marche, se dirigea vers
une colline au nord de Nangasaki, où les vingt-six croix avaient été préparées.
Les martyrs se
rendirent chacun auprès de celle qui leur avait été désignée ; ils s’y
placèrent, on leur lia les bras et les jambes, on leur mit un collier de fer,
et on éleva les croix.
Paul Miki prêchait,
du haut de cette chaire qu’il allait arroser de son sang, et disait qu’il n’y
avait d’autre DIEU que celui des chrétiens.
Enfin l’officier
donne le signal, les bourreaux percent la poitrine des bienheureux à coups de
lance, et leurs âmes s’élèvent radieuses au séjour éternel.
[ Martyrs du Japon, par M. l’abbé
Bouix ; Charlevoy, etc. ]
L’Église, en ce
jour, célèbre encore la mémoire des autres martyrs du Japon, qui souffrirent
pour Jésus-Christ les tourments les plus horribles, et dont le nombre est
évalué à près de deux millions.
PRATIQUES. — Félicitons les saints martyrs de leur courage ;
demandons à DIEU, par leur intercession, la grâce de lui être fidèles jusqu’à
la mort.
Soutenons les missions
de tout notre pouvoir, et donnons selon nos facultés, à la Propagation de la
Foi ( I ).
PRIÈRE. — Ò DIEU, qui avez confirmé la foi au Japon par le
sang de vos Bienheureux martyrs Paul, Jacques et Jean, et leurs compagnons,
accordez-nous, par leur intercession, de vous aimer et de vous servir
fidèlement jusqu’à notre dernier soupir. Ainsi soit-il.
( I ) Vous savez notre
position : depuis 1972 l’Église est occupée par l’ennemi et Paul VI, notre
Pape, est toujours en vie. C’est vers
tous ceux qui sont en union avec Paul VI ( les Catholiques Traditionalistes
Survivantistes déclarés ) que nous devons diriger nos actions.
A.I.
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