Sunday 23 November 2014

Corinthiens ( 1ère épître aux ) Saint Paul - Vigouroux

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1re Lettre de saint Paul aux Corinthiens

Introduction


Corinthe, relevée par Jules César et déclarée colonie romaine, était la capitale de l’Achaïe, et la première ville de Grèce. Elle pouvait avoir quatre cent mille habitants de toute nationalité, grecs, latins, Juifs, etc. Aussi riche que populeuse, elle brillait surtout par son activité et par son luxe. Sa position dans l’isthme qui unit le Péloponnèse à la Grèce, entre la mer Egée à l’Orient et la mer Ionienne à l’Occident, à égale distance de l’Italie et de l’Asie, en faisait le centre d’un commerce considérable. Le commerce lui donnait l’opulence, et l’opulence procurait à ses habitants de quoi satisfaire leur goût pour les arts et pour le plaisir. A peu de distance de ses murs, on célébrait tous les cinq ans des jeux fameux auxquels l’Apôtre fait allusion ; et la ville elle-même était un théâtre d’amusements et de dissolution continuels. On n’y célébrait guère d’autre culte que celui de Vénus. Aussi la vie qu’on y menait était-elle passée en proverbe, et disait-on indifféremment, « vivre en Corinthien, » ou s’abandonner à la volupté. Malgré les obstacles que de telles habitudes devaient mettre à la foi chrétienne, et en dépit de l’opposition des Juifs, saint Paul, animé par une vision céleste, avait réussi à y fonder une Eglise ; et après dix-huit mois de travaux, il l’avait laissée si ferme dans la foi et si fervente qu’elle faisait sa consolation et qu’elle servait de soutien et de modèle aux chrétientés voisines. La plupart des convertis étaient païens d’origine et d’une condition assez humble. Néanmoins, les détails où entre l’Apôtre sur la manière dont se faisait la cène et sur les secours à donner aux chrétiens de Jérusalem, supposent qu’il y avait aussi des chrétiens d’une classe plus élevée. Lui-même, dans son Epître aux Romains, distingue entre les autres Eraste, l’intendant de la cité, et Caïus, qu’il appelle son hôte.
L’authenticité des deux Epîtres de saint Paul aux Corinthiens est attestée par la tradition. Qu’il suffise de citer saint Clément, pape, qui, dans une Lettre adressée par lui aux Corinthiens, une trentaine d’années plus tard, de 92 à 97, leur rappelle la première de ces Epîtres comme une œuvre connue et respectée de tous. « Prenez en main, dit-il l’Epître du bienheureux Paul. Il n’y a pas de doute que l’Esprit-Saint ne lui ait inspiré ce qu’il vous a écrit sur lui-même, sur Céphas et sur Apollo, dans un temps où vous étiez divisés comme aujourd’hui. ». Cette Lettre de saint Clément est le plus ancien monument que nous ayons de la tradition, et l’un de ceux dont l’authenticité est la mieux établie. On la lisait publiquement dans l’Eglise de Corinthe et dans beaucoup d’autres.
La première Epître aux Corinthiens fut écrite d’Ephèse. On en a la preuve dans l’Epître même où saint Paul dit qu’il restera encore quelque temps chez Aquila et Priscille, établis en cette ville depuis son passage à Corinthe.
On voit, au même endroit, que la Pentecôte approchait et que l’Apôtre songeait à un départ prochain. C’était dans sa dernière mission, l’an 56 probablement. Saint Paul était arrivé au milieu de sa carrière apostolique. Il y avait dix ans qu’il prêchait la foi, et quatre ou cinq ans qu’il avait fondé l’Eglise de Corinthe ; mais un grand nombre de disciples, de ceux même qui avaient vu le Sauveur après sa résurrection, étaient encore en vie.
Ce qui lui donna lieu d’écrire cette première Epître, ce fut : ― 1° Un rapport épistolaire sur les divisions naissantes, rapport qui lui avait été adressé par la maison chrétienne de Chloé. ― 2° Un récit oral que venaient de lui faire Stéphanas et ses coadjuteurs dans le gouvernement de cette église, au sujet d’un scandale et de quelque abus. ― 3° Certaines questions de morale et de discipline, dont les Corinthiens lui avaient demandé la solution. ― L’Apôtre fait allusion à ces renseignements, et même, ce semble, aux termes, dont on s’était servi pour le consulter, en divers endroits de son Epître.
On distingue dans cette Epître deux parties, qui répondent au double dessein qu’avait saint Paul de réformer et d’instruire. ― Dans la première, il s’efforce de réformer les abus qui se sont glissés parmi les fidèles de Corinthe. Ces abus sont des divisions, causées par un engouement irréfléchi pour certains prédicateurs, chapitre 1 à 4, et divers scandales donnés à l’Eglise par des particuliers, chapitres 5 et 6. ― Dans la seconde, chapitres 7 à 15, il répond successivement à cinq questions qu’on lui avait posées : sur le mariage et le célibat, chapitre 7 ; sur les mets consacrés aux idoles, chapitres 8 à 10 ; sur l’ordre qui doit régner dans les assemblées religieuse, chapitre 11 ; sur l’usage des dons surnaturels, chapitres 12 à 14 ; sur la résurrection, chapitre 15.
Comme on le voit, cette Epître diffère beaucoup par son objet et par sa forme de l’Epître aux Romains. Elle ne ressemble en rien à une dissertation ni à un traité dogmatique. C’est une suite d’avis, de réflexions, de solutions, inspirées par les circonstances et réparties en sept articles. Il n’est pas d'écrit qui fasse mieux connaître, soit l’esprit de l’Apôtre, soit la discipline et les mœurs de ces premiers temps. (L. BACUEZ.)
Saint Paul salue les fidèles de Corinthe.
Il rend grâces à Dieu des dons surnaturels qu’il a répandus sur eux.
Il les exhorte à éviter les divisions.
Sagesse humaine réprouvée de Dieu.
Croix, scandale aux yeux des Juifs, folie aux yeux des gentils, force de Dieu pour sauver ceux qui croient.
Dieu confond les puissants par les faibles, afin que nul ne se glorifie qu’en lui.

1Paul, appelé à être apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et Sosthène notre frère, 2à l'Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés saints, et à tous ceux qui invoquent le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, en quelque lieu qu'ils soient et que nous soyons nous-mêmes. 3Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père et par le Seigneur Jésus-Christ. 4Je rends grâces continuellement à mon Dieu pour vous, à cause de la grâce de Dieu, qui vous a été donnée dans le Christ Jésus ; 5car en lui vous êtes devenus riches en toutes choses, en toute parole et en toute science, 6le témoignage du Christ ayant été ainsi confirmé parmi vous, 7de sorte qu'il ne vous manque aucune grâce, à vous qui attendez la manifestation de Notre Seigneur Jésus-Christ, 8lequel vous affermira encore jusqu'à la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de l'avènement de Jésus-Christ Notre Seigneur. 9Il est fidèle le Dieu par lequel vous avez été appelés à la société de son Fils, Jésus-Christ Notre Seigneur. 10Or je vous exhorte, mes frères, par le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à tenir tous un même langage, et à n'avoir point de schismes parmi vous, mais à être tous bien unis dans un même esprit et dans un même sentiment. 11Car j'ai été informé à votre sujet, mes frères, par ceux de la maison de Chloé, qu'il y a des contestations parmi vous. 12Je veux dire que chacun de vous parle ainsi : Moi je suis à Paul ; et moi, à Apollo ; et moi, à Céphas ; et moi, au Christ. 13Le Christ est-il divisé ? Est-ce que Paul a été crucifié pour vous ? ou avez-vous été baptisés au nom de Paul ? 14Je rends grâces à Dieu de ce que je n'ai baptisé aucun de vous, excepté Crispus et Caïus ; 15afin que personne ne dise que vous avez été baptisés en mon nom. 16J'ai encore baptisé la famille de Stéphanas ; au reste, je ne sais pas si j'en ai baptisé quelque autre. 17En effet, le Christ ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour prêcher l'Evangile : non point avec la sagesse de la parole, afin que la croix du Christ ne soit pas rendue vaine. 18Car la parole de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour ceux qui sont sauvés, c'est-à-dire pour nous, elle est la puissance (vertu) de Dieu. 19Aussi est-il écrit : Je détruirai la sagesse des sages, et je réprouverai la prudence des prudents. 20Où est le sage ? où est le scribe ? où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas frappé de folie la sagesse de ce monde ? 21Car parce que le monde, avec sa sagesse, n'a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. 22En effet, les Juifs demandent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse ; 23mais nous, nous prêchons le Christ crucifié, (vrai) scandale pour les Juifs, et folie pour les païens (gentils), 24mais pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Grecs, le Christ puissance (vertu) de Dieu et sagesse de Dieu. 25Car ce qui est folie en Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse en Dieu est plus fort que les hommes. 26Voyez, mes frères, quels sont parmi vous ceux qui ont été appelés : il n'y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles (grands). 27Mais Dieu a choisi les choses folles du monde, pour confondre les sages ; et Dieu a choisi les choses faibles du monde, pour confondre les forts ; 28et Dieu a choisi les choses viles du monde et les choses méprisables, et celles qui ne sont rien, pour détruire celles qui sont, 29afin que nulle chair ne se glorifie devant lui. 30C'est par lui que vous êtes dans le Christ Jésus, qui est devenu pour nous, de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification et rédemption ; 31afin que, selon qu'il est écrit, celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur.

Saint Paul n’emploie ni l’éloquence, ni la sagesse humaine.
Il prêche toutefois la sagesse, mais c’est celle de Dieu, cachée au monde et révélée par l’Esprit de Dieu.
Il n’y a que ceux qui sont éclairés par l’Esprit de Dieu qui puissent comprendre cette sagesse.

2Pour moi, frères, lorsque je suis venu à vous, je ne suis pas venu vous annoncer le témoignage du Christ avec la sublimité du discours ou de la sagesse. 2Car je n'ai pas jugé savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. 3Et c'est dans un état de faiblesse, de crainte et d'un grand tremblement que j'ai été parmi vous ; 4et mon langage et ma prédication ne consistent pas dans les discours persuasifs de la sagesse humaine, mais dans une manifestation d'esprit et de puissance (vertu), 5afin que votre foi ne soit pas établie sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance (vertu) de Dieu. 6Cependant nous prêchons la sagesse parmi les parfaits, non la sagesse de ce siècle, ni des princes de ce siècle qui vont être détruits ; 7mais nous prêchons la sagesse de Dieu, qui est un mystère, cette sagesse cachée que Dieu avait prédestinée avant tous les siècles pour notre gloire ; 8que nul des princes de ce siècle n'a connue ; car, s'ils l'eussent connue, ils n'auraient pas (jamais) crucifié le Seigneur de gloire. 9Mais, comme il est écrit : Ce que l'œil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a point entendu, et ce qui n'est pas monté au cœur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment, 10c'est à nous que Dieu l'a révélé par son Esprit ; car l'Esprit sonde toutes choses, même les profondeurs de Dieu. 11Car qui des hommes sait ce qui est dans l'homme, sinon l'esprit de l'homme, qui est en lui ? Ainsi, ce qui est en Dieu, personne ne le connaît, si ce n'est l'Esprit de Dieu. 12Or nous, nous n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données par Dieu ; 13et nous en parlons, non avec les (doctes) discours qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu'enseigne l'Esprit, traitant spirituellement des choses spirituelles. 14Or l'homme animal ne perçoit pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu ; car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les comprendre, parce que c'est spirituellement qu'on en juge. 15Mais l'homme spirituel juge de tout, et n'est lui-même jugé par personne. 16Car qui a connu la pensée du Seigneur pour pouvoir l'instruire ? Mais nous, nous avons la pensée du Christ.

Les Corinthiens, étant encore charnels, n’ont pu recevoir des instructions spirituelles.
Les ministres plantent et arrosent ; c’est Dieu qui donne la croissance.
Jésus-Christ est le seul fondement de la prédication évangélique.
L’ouvrage bâti sur ce fondement sera éprouvé par le feu.
Les chrétiens sont le temple de Dieu.
La sagesse du monde est une folie.
Ne pas mettre sa gloire dans les hommes.

3Aussi, mes frères, je n'ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels ; comme à de petits enfants dans le Christ, 2je vous ai donné du lait à boire, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas encore la supporter ; et à présent même vous ne le pouvez pas, parce que vous êtes encore charnels. 3En effet, puisqu'il y a parmi vous de la jalousie et des disputes, n'êtes-vous pas charnels, et ne vous conduisez-vous pas à la manière des hommes ? 4Car puisque l'un dit : Moi, je suis à Paul ; et l'autre : Moi, à Apollo ; n'êtes-vous pas des hommes ? Qu'est-ce donc qu'Apollo ? et qu'est-ce que Paul ? 5Des serviteurs de celui en qui vous avez cru, et chacun selon le don qu'il a reçu du Seigneur. 6Moi j'ai planté, Apollo a arrosé : mais c'est Dieu qui a donné la croissance. 7Ainsi ce n'est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose ; mais Dieu, qui donne la croissance. 8Celui donc qui plante et celui qui arrose ne sont qu'une même chose ; mais chacun recevra sa propre récompense, selon son travail. 9Car nous sommes les coopérateurs de Dieu ; vous êtes le champ de Dieu, vous êtes l'édifice de Dieu. 10Selon la grâce de Dieu qui m'a été donnée, j'ai posé le fondement comme un sage architecte, et un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit dessus. 11Car personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui a été posé, lequel est le Christ Jésus. 12Si quelqu'un bâtit sur ce fondement avec de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, de la paille (chaume), 13l'œuvre de chacun sera manifestée ; car le jour du Seigneur la fera connaître, parce qu'elle se révélera dans le feu, et que le feu prouvera ce que vaut l'œuvre de chacun. 14Si l'œuvre bâtie par quelqu'un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. 15Si l'œuvre de quelqu'un est brûlée, il en subira la perte ; cependant il sera lui-même sauvé, mais comme à travers le feu. 16Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? 17Si donc quelqu'un profane le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple. 18Que personne ne se fasse illusion ; si quelqu'un d'entre vous pense être sage selon ce siècle, qu'il devienne fou pour être sage ; 19car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu. Aussi est-il écrit : Je surprendrai (enlacerai) les sages dans leur propre ruse. 20Et encore : Le Seigneur connaît les pensées des sages ; il sait qu'elles sont vaines. 21Que personne ne mette donc sa gloire dans les hommes. 22Car tout est à vous ; soit Paul, soit Apollo, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses futures. Tout est à vous ; 23et vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.

Comment on doit regarder les ministres de l’Evangile ; ne point les juger, ne point se glorifier en eux.
Tout discernement vient de Dieu.
Souffrances et humiliations des Apôtres.
Sévérité paternelle de saint Paul contre ceux qui s’enflaient d’orgueil.

4Que les hommes nous regardent comme les ministres du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu. 2Or ce qu'on demande des dispensateurs, c'est qu'ils soient trouvés fidèles. 3Pour moi, je me mets fort peu en peine d'être jugé par vous, ou par un tribunal humain ; mais je ne me juge pas non plus moi-même. 4Car ma conscience ne me reproche rien, mais je ne suis pas justifié pour cela ; celui qui me juge, c'est le Seigneur. 5C'est pourquoi ne jugez point avant le temps, jusqu'à ce que vienne le Seigneur, qui mettra en lumière les choses cachées dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs ; et alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due. 6Au reste, mes frères, si j'ai fait l'application de ces choses à moi et à Apollo, c'est à cause de vous, afin que vous appreniez par notre exemple à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit, et que nul ne s'enfle d'orgueil en faveur de l'un contre l'autre. 7Car qui est-ce qui te distingue ? Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu ? 8Déjà vous êtes rassasiés, déjà vous êtes devenus riches : vous régnez sans nous, et puissiez-vous régner, en effet, afin que nous aussi nous régnions avec vous ! 9Car il me semble que Dieu nous traite, nous les Apôtres, comme les derniers des hommes, comme des condamnés à mort, puisque nous sommes donnés en spectacle au monde, et aux anges, et aux hommes. 10Nous, nous sommes fous à cause du Christ, mais vous, vous êtes sages dans le Christ ; nous sommes faibles, et vous êtes forts ; vous êtes honorés, et nous sommes méprisés. 11Jusqu'à cette heure nous souffrons la faim, la soif, la nudité ; on nous frappe au visage, nous n'avons pas de demeure stable ; 12nous nous fatiguons à travailler de nos mains ; on nous maudit, et nous bénissons ; on nous persécute, et nous le supportons ; 13on nous blasphème, et nous prions ; nous sommes devenus comme les ordures du monde, comme les balayures de tous jusqu'à présent. 14Ce n'est pas pour vous faire honte que je vous écris cela, mais je vous avertis comme mes enfants bien-aimés. 15Car eussiez-vous dix mille maîtres dans le Christ, vous n'avez cependant pas plusieurs pères, puisque c'est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l'Evangile. 16Je vous en conjure donc, soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ. 17C'est pour cela que je vous ai envoyé Timothée, qui est mon fils très cher et fidèle dans le Seigneur ; il vous rappellera quelles sont mes voies en Jésus-Christ, selon ce que j'enseigne partout dans toutes les Eglises. 18Quelques-uns se sont enflés d'orgueil, comme si je ne devais pas (plus) aller chez vous. 19Mais j'irai bientôt chez vous, si le Seigneur le veut, et je connaîtrai, non quelles sont les paroles de ceux qui se sont enflés, mais quelle est leur puissance (vertu). 20Car le royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en puissance (vertu). 21Que voulez-vous ? Que j'aille à vous avec la verge, ou avec charité et dans un esprit de douceur ?

Incestueux dans l’Eglise de Corinthe.
Saint Paul le livre à Satan.
Il recommande aux Corinthiens de se séparer de ceux qui se rendent coupables de grands crimes.

5On entend dire partout qu'il y a de l'impudicité parmi vous, et une impudicité telle qu'il n'en existe pas même chez les païens (gentils), au point que l'un d'entre vous a la femme de son père. 2Et vous êtes enflés d'orgueil, et vous n'avez pas été plutôt dans le deuil (les pleurs), afin que celui qui a commis cette action fût ôté du milieu de vous ! 3Pour moi, absent de corps, mais présent d'esprit, j'ai déjà jugé comme si j'étais présent celui qui a fait un tel acte. 4Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, vous et mon esprit étant assemblés, par la puissance de Notre Seigneur Jésus, 5qu'un tel homme soit livré à Satan, pour la destruction de la chair, afin que l'esprit soit sauvé au jour de Notre Seigneur Jésus-Christ. 6C'est bien à tort que vous vous glorifiez. Ne savez-vous pas qu'un peu de levain corrompt toute la pâte ? 7Purifiez-vous (donc) du vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, comme vous êtes des pains sans levain. Car le Christ, notre pâque (agneau pascal), a été immolé. 8Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité. 9Je vous ai écrit dans ma lettre : Ne vous mêlez pas avec les impudiques (fornicateurs) ; 10ce que je n'entendais pas des impudiques (fornicateurs) de ce monde, non plus que des avares, ou des rapaces, ou des idolâtres ; autrement vous auriez dû sortir de ce monde. 11Mais je vous ai écrit de ne pas avoir de relations avec celui qui, portant le nom de frère, est impudique (fornicateur), ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou rapace ; de ne pas même prendre de nourriture avec un tel homme. 12En effet, qu'ai-je à juger ceux du dehors ? N'est-ce pas ceux du dedans que vous jugez ? 13Quant à ceux du dehors, Dieu les jugera. Otez le méchant d'au milieu de vous.

Saint Paul reproche aux Corinthiens de s’appeler en jugement devant les infidèles.
Il les exhorte à fuir les procès.
Il leur rappelle les péchés qui ferment l’entrée du ciel.
Il leur recommande de fuir la fornication.
Nos corps sont les membres de Jésus-Christ et les temples du Saint-Esprit.

6Quelqu'un de vous, ayant un différend avec un autre, ose l'appeler en jugement devant les méchants (infidèles), et non devant les saints ? 2Ne savez-vous pas que les saints jugeront ce monde ? Et si c'est par vous que ce monde sera jugé, êtes-vous indignes de juger les moindres choses ? 3Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Combien plus les choses de cette vie ! 4Si donc vous avez des différends touchant les choses de cette vie, établissez pour les juger ceux qui sont les moins considérés dans l'Eglise. 5Je le dis à votre confusion. Ainsi il n'y a parmi vous pas un seul homme sage qui puisse juger entre ses frères. (?) 6Mais un frère plaide contre son frère, et cela devant des infidèles ? 7C'est déjà chez vous une grande faute que vous ayez des procès entre vous. Pourquoi n'acceptez-vous pas plutôt une injustice ? pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt une fraude ? 8Mais c'est vous qui commettez l'injustice et qui pratiquez la fraude, et cela envers vos frères ! 9Ne savez-vous pas que les injustes ne posséderont point le royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni les impudiques (fornicateurs), ni les idolâtres, ni les adultères, 10ni les efféminés, ni les infâmes (abominables), ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisants, ni les rapaces, ne posséderont le royaume de Dieu. 11Et cela vous l'étiez, quelques-uns du moins ; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, et par l'Esprit de notre Dieu. 12Tout m'est permis, mais tout n'est pas avantageux. Tout m'est permis, mais moi, je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit. 13Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments ; mais Dieu détruira l'un et les autres (l’autre). Cependant le corps n'est point pour l'impudicité (la fornication), mais pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le corps. 14Or Dieu a ressuscité le Seigneur, et il nous ressuscitera aussi par sa puissance. 15Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ ? Prenant donc les membres du Christ, en ferai-je les membres d'une prostituée ? Loin de là ! 16Ne savez-vous pas que celui qui s'unit à une prostituée devient un même corps (chair) avec elle ? Car, est-il dit, ils seront deux dans une seule chair. 17Mais celui qui s'unit au Seigneur est un même esprit avec lui. 18Fuyez l'impudicité (la fornication). Quelque péché que l'homme commette, il est hors du corps ; mais celui qui commet l'impudicité (la fornication) pèche contre son propre corps. 19Ne savez-vous pas que vos membres sont le temple de l'Esprit-Saint qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous n'êtes plus à vous-mêmes ? 20Car vous avez été achetés à grand prix. Glorifiez et portez Dieu dans votre corps.

Règles de conduite touchant le mariage, la viduité et la virginité.
Chacun a son don particulier et doit demeurer dans l’état où il était lorsque Dieu l’a appelé.
Avantages de la virginité ; peines du mariage ; bonheur des veuves.

7Quant aux choses dont vous m'avez écrit, il est bon pour l'homme de ne pas toucher de femme. 2Toutefois, pour éviter l'impudicité (à cause de la fornication), que chaque homme ait sa femme, et que chaque femme ait son mari. 3Que le mari rende à sa femme ce qu'il lui doit, et pareillement la femme à son mari. 4Le corps de la femme n'est pas en sa puissance, mais en celle du mari ; de même, le corps du mari n'est pas en sa puissance, mais en celle de sa femme. 5Ne refusez pas d'être l'un à l'autre, si ce n'est d'un commun accord, et pour un temps, afin de vaquer à la prière ; et ensuite revenez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence. 6Je dis cela par concession ; je n'en fais pas un ordre. 7Car je voudrais que vous fussiez tous comme moi ; mais chacun a reçu de Dieu son don particulier, l'un d'une manière, et l'autre d'une autre. 8Mais je dis à ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves : Il leur est bon de demeurer ainsi, comme moi. 9S'ils ne peuvent garder la continence, qu'ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler. 10A ceux qui sont mariés, j'ordonne, non pas moi, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare pas de son mari ; 11si elle en est séparée, qu'elle demeure sans se marier, ou qu'elle se réconcilie avec son mari ; et que le mari ne répudie (quitte) point sa femme. 12Aux autres, ce n'est pas le Seigneur, c'est moi qui dis : Si un frère a une femme infidèle, et qu'elle consente à habiter avec lui, qu'il ne la répudie pas. 13Et si une femme fidèle a un mari infidèle, et qu'il consente à habiter avec elle, qu'elle ne le quitte pas. 14Car le mari infidèle est sanctifié par la femme fidèle, et la femme infidèle est sanctifiée par le mari fidèle ; autrement vos enfants seraient impurs, tandis que maintenant ils sont saints. 15Mais si la partie infidèle se sépare, qu'elle se sépare ; car le frère ou la soeur ne sont pas asservis en ce cas ; mais Dieu nous a appelés à la paix. 16Car que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Et que sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ? 17Mais que chacun se conduise selon la part que le Seigneur lui a faite, et selon que Dieu l'a appelé ; et c'est ce que j'enseigne dans toutes les Eglises. 18Quelqu'un a-t-il été appelé à la foi étant circoncis ? qu'il ne dissimule pas sa circoncision. Quelqu'un a-t-il été appelé étant incirconcis ? qu'il ne se fasse pas circoncire. 19La circoncision n'est rien, et l'incirconcision n'est rien ; mais ce qui importe, c'est l'observation des commandements de Dieu. 20Que chacun demeure dans l'état où il était lorsque Dieu l'a appelé. 21As-tu été appelé étant esclave ? ne t'en mets point en peine ; mais quand même tu pourrais devenir libre, profites-en plutôt. 22Car celui qui, étant esclave, a été appelé au service du Seigneur, est l'affranchi du Seigneur ; et de même, celui qui a été appelé étant libre, est l'esclave du Christ. 23Vous avez été achetés à un grand prix ; ne devenez pas esclaves des hommes. 24Que chacun, mes frères, demeure (persévère) devant Dieu dans l'état où il a été appelé. 25Pour ce qui est des vierges, je n'ai pas de commandement du Seigneur ; mais je donne un conseil, comme ayant obtenu la miséricorde du Seigneur, afin d'être fidèle. 26J'estime donc qu'il est bon, à cause de la nécessité du temps présent, qu'il est bon, dis-je, pour l'homme d'être ainsi. 27Es-tu lié à une femme ? ne cherche pas à te délier. N'es-tu point lié à une femme ? ne cherche pas de femme. 28Si pourtant tu prends une femme, tu ne pèches pas (; et si une vierge se marie, elle ne pèche pas.). Mais ces personnes éprouveront les tribulations de la chair ; et je voudrais vous les épargner (pardonne, note)). 29Voici donc, frères, ce que je dis : Le temps est court ; ce qui reste à faire, c'est que ceux qui ont des femmes soient comme ne (n’en) possédant pas ; 30et ceux qui pleurent, comme ne pleurant pas ; et ceux qui se réjouissent, comme ne se réjouissant pas ; et ceux qui achètent, comme ne possédant pas ; 31et ceux qui usent de ce monde, comme n'en usant pas ; car la figure de ce monde passe. 32Or je voudrais que vous fussiez sans inquiétude. Celui qui n'est pas marié s'inquiète des choses du Seigneur, des moyens de plaire à Dieu. 33Mais celui qui est marié s'inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à sa femme ; et il se trouve (ainsi) partagé.34De même la femme qui n'est pas mariée et la vierge pensent aux choses du Seigneur, afin d'être saintes de corps et d'esprit ; mais celle qui est mariée pense aux choses du monde, aux moyens de plaire à son mari. 35Or je vous dis cela dans votre intérêt, non pour vous tendre un piège, mais pour vous porter à ce qui est bienséant, et qui vous donnera la facilité de prier Dieu sans empêchement. 36Mais si quelqu'un pense que c'est pour lui un déshonneur que sa fille, déjà plus qu'adulte, ne soit pas mariée, et qu'il doit la marier, qu'il fasse ce qu'il voudra ; il ne péchera point si elle se marie. 37Mais celui qui a fermement décidé dans son cœur, sans être pressé par la nécessité, et ayant le plein usage de sa volonté, et qui a jugé dans son cœur de conserver sa fille vierge, fait une bonne œuvre. 38Ainsi celui qui marie sa fille fait bien ; et celui qui ne la marie pas fait mieux. 39La femme est liée à la loi aussi longtemps que son mari est vivant ; mais si son mari meurt, elle est libre. Qu'elle se marie à qui elle voudra, pourvu que ce soit selon le Seigneur. 40Cependant elle sera plus heureuse si elle demeure comme elle est, suivant mon conseil ; et je pense que j'ai, moi aussi, l'Esprit de Dieu (du Seigneur).

Des viandes immolées aux idoles.
La science enfle, la charité édifie.
L’idole n’est rien, mais celui qui scandalise les faibles, pèche contre Jésus-Christ.

8Quant aux viandes sacrifiées aux idoles, nous savons que nous avons tous la science (une suffisante). La science enfle, mais la charité édifie. 2Si quelqu'un pense (se persuade) savoir quelque chose, il ne sait pas encore comme il doit savoir. 3Mais si quelqu'un aime Dieu, il est connu de lui. 4Pour ce qui est donc des viandes immolées aux idoles, nous savons qu'une idole n'est rien dans le monde, et qu'il n'y a pas d'autre Dieu qu'un seul (que l’unique). 5Car quoiqu'il y ait de prétendus dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, et qu'ainsi il y ait des dieux nombreux et des seigneurs nombreux, 6pour nous cependant il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses, et nous (surtout) qu'il a faits pour lui ; et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par lequel sont toutes choses, et nous aussi par lui. 7Mais la (cette) science n'est pas chez tous ; car quelques-uns, d'après l'idée qu'ils se font jusqu'à présent de l'idole, mangent de ces viandes comme ayant été offertes aux idoles ; et leur conscience, qui est faible, en est souillée. 8Mais ce ne sont pas les aliments qui nous recommandent à Dieu ; car si nous mangeons, nous n'aurons rien de plus ; et si nous ne mangeons pas, nous n'aurons rien de moins. 9Mais prenez garde que cette liberté ne soit une occasion de chute pour les faibles. 10Car si quelqu'un voit celui qui a la science assis à table dans un temple consacré aux idoles, sa conscience, qui est faible, ne le déterminera-t-elle pas à manger des viandes offertes aux idoles ? 11Et ainsi périra par la science ton frère encore faible, pour qui le Christ est mort. 12Or en péchant de la sorte contre les frères, et en blessant leur conscience qui est faible, vous péchez contre le Christ. 13C'est pourquoi si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai jamais de chair, afin de ne pas scandaliser mon frère.

Celui qui prêche l’évangile a le droit de vivre de l’Evangile.
Saint Paul met sa gloire à ne pas user de ce droit.
Il se fait tout à tous pour les attirer à Jésus-Christ.
Nous courons tous dans la lice.
Saint Paul nous y anime par son exemple.

9Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N'ai-je pas vu le Christ Jésus Notre Seigneur ? N'êtes-vous pas mon œuvre dans le Seigneur ? 2Et si pour d'autres je ne suis pas apôtre, je le suis au moins pour vous ; car vous êtes le sceau de mon apostolat dans le Seigneur. 3C'est là ma défense auprès de ceux qui me reprennent (la voici :). 4Est-ce que nous n'avons pas le droit de manger et de boire ? 5Est-ce que nous n'avons pas le droit de mener partout avec nous une femme sœur, comme font les autres Apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? 6Ou bien, est-ce que moi seul, et Barnabé, nous n'avons pas le droit de faire cela ? 7Qui va jamais à la guerre à ses propres dépens ? Qui plante une vigne, et n'en mange pas le fruit ? Qui mène paître un troupeau, et ne se nourrit pas du lait du troupeau ? 8Est-ce que je dis cela d'après l'usage des hommes ? La loi ne le dit-elle pas aussi ? 9Car il est écrit dans la loi de Moïse : Tu ne lieras pas la bouche au bœuf qui foule les grains. Dieu a-t-il souci des bœufs ? 10N'est-ce pas réellement (plutôt) pour nous qu'il dit cela ? Oui, c'est pour nous que ces choses ont été écrites ; en effet, celui qui laboure doit labourer avec espérance (de recueillir) ; et celui qui foule le grain doit le faire avec l'espérance de participer aux fruits. 11Si nous avons semé parmi vous les biens spirituels, est-ce une grande chose que nous moissonnions de vos biens temporels ? 12Si d'autres usent de ce pouvoir à votre égard, pourquoi pas plutôt nous-mêmes ? Mais nous n'avons point usé de ce pouvoir ; au contraire, nous souffrons tout, pour n'apporter aucun obstacle à l'Evangile du Christ. 13Ne savez-vous pas que ceux qui font le service du temple mangent de ce qui est offert dans le temple, et que ceux qui servent à l'autel ont part à l'autel ? 14De même, le Seigneur a aussi ordonné à ceux qui annoncent l'Evangile de vivre de l'Evangile. 15Mais moi, je n'ai usé d'aucun de ces droits. Et je n'écris point ceci afin qu'on agisse de la sorte envers moi ; car j'aimerais mieux mourir que de laisser quelqu'un m'enlever ce sujet de gloire. 16Car si j'annonce l'Evangile, ce n'est pas une gloire pour moi, puisque la nécessité m'en est imposée ; et malheur à moi, si je n'annonce pas l'Evangile ! 17Si je le fais de bon cœur, j'ai une récompense ; mais si je le fais malgré moi, je dispense seulement ce qui m'a été confié. 18Quelle est donc ma récompense ? C'est que, prêchant l'Evangile, je le prêche gratuitement, sans abuser du pouvoir que j'ai dans la prédication de l'Evangile. 19Car bien que libre à l'égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous, pour en gagner un plus grand nombre. 20Je me suis fait comme Juif avec les Juifs, pour gagner les Juifs ; 21avec ceux qui sont sous la loi, comme si j'eusse encore été sous la loi (quoique je ne fusse plus sous (assujetti à) la loi), pour gagner ceux qui sont sous la loi ; avec ceux qui étaient sans loi, comme si j'eusse été sans loi (quoique je ne fusse pas sans la loi de Dieu, étant sous la loi du Christ), pour gagner ceux qui étaient sans loi. 22Je me suis rendu faible avec les faibles, pour gagner les faibles ; je me suis fait tout à tous, pour les sauver tous. 23Je fais tout à cause de l’Évangile, afin d'en avoir ma part. 24Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade (la lice, note) courent tous, mais qu'un seul remporte le prix ? Courez de manière à le remporter. 25Or, tous ceux qui combattent dans l'arène s'abstiennent de tout ; et ils le font pour obtenir une couronne corruptible ; mais nous, pour une incorruptible. 26Moi donc, je cours, et non comme au hasard. Je combats, et non comme frappant l'air ; 27mais je châtie mon corps, et je le réduis en servitude, de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même réprouvé.

Juifs ingrats exterminés dans le désert.
Tout ce qui leur est arrivé est figuratif et écrit pour notre instruction.
Celui qui croit être ferme doit craindre de tomber.
Unité des chrétiens par l’Eucharistie.
Ne point chercher son propre avantage, mais celui des autres.
Faire tout pour Dieu.

10Car je ne veux pas que vous ignoriez, mes frères, que nos pères ont tous été sous la nuée, qu'ils ont tous passé (à travers) la mer, 2qu'ils ont tous été baptisés en Moïse, dans la nuée et dans la mer, 3qu'ils ont tous mangé le même aliment spirituel, 4et qu'ils ont tous bu le même breuvage spirituel (car ils buvaient au rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était le Christ). 5Cependant la plupart d'entre eux ne furent point agréables à Dieu, car ils tombèrent inanimés dans le désert. 6Or ces évènements ont eu lieu comme des figures de ce qui nous concerne, afin que nous ne convoitions pas les choses mauvaises, comme ils les convoitèrent. 7Ne devenez pas non plus idolâtres, comme quelques-uns d'entre eux, ainsi qu'il est écrit : Le peuple s'assit pour manger et pour boire, et ils se levèrent pour se divertir. 8Ne nous livrons pas à l'impudicité (la fornication), comme quelques-uns d'entre eux s'y livrèrent, et il en tomba vingt-trois mille en un seul jour. 9Ne tentons pas le Christ, comme quelques-uns d'entre eux le tentèrent, et ils périrent par les serpents. 10Ne murmurez point, comme murmurèrent quelques-uns d'entre eux, et ils périrent par l'exterminateur. 11Or toutes ces choses leur arrivaient en figure ; et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous pour qui est venue la fin des siècles (temps). 12Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber. 13Qu'il ne vous survienne que des tentations humaines. Dieu est fidèle, et il ne souffrira pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il vous donnera aussi le moyen d'en sortir (il vous fera tirer profit de la tentation même), afin que vous puissiez la supporter. 14C'est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l'idolâtrie. 15Je parle comme à des hommes intelligents (sages) ; jugez vous-mêmes de ce que je dis. 16Le calice de bénédiction, que nous bénissons, n'est-il pas la communion au (communication du) sang du Christ ? et le pain que nous rompons n'est-il pas la communion au corps du Seigneur ? 17Car, quoique nombreux, nous ne sommes qu'un seul pain et un seul corps, nous tous qui participons à un même pain. 18Voyez Israël selon la chair : ceux qui mangent les victimes ne participent-ils pas à l'autel ? 19Quoi donc ? Veux-je dire que ce qui a été immolé aux idoles soit quelque chose, ou que l'idole soit quelque chose ? 20Non ; mais ce que les païens (gentils) immolent, ils l'immolent aux démons, et non à Dieu. Or je ne veux pas que vous soyez en société avec les démons. Vous ne pouvez pas boire le calice du Seigneur, et le calice des démons. 21Vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur, et à la table des démons. 22Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? Est-ce que nous sommes plus forts que lui ? Tout m'est permis, mais tout n'est (ne m’) pas avantageux. 23Tout m'est permis, mais tout n'édifie pas. 24Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui des autres. 25Mangez de tout ce qui se vend au marché (à la boucherie), sans vous enquérir de rien par scrupule de conscience. 26La terre est au Seigneur, et tout ce qu'elle contient. 27Si quelqu'un des infidèles vous invite, et que vous vouliez y aller, mangez de tout ce qu'on vous servira, sans vous enquérir de rien par scrupule de conscience. 28Mais si quelqu'un dit : Ceci a été immolé aux idoles ; n'en mangez pas, à cause de celui qui a donné l'avertissement, et à cause de leur (par) conscience ; 29je dis la conscience, non pas la tienne, mais celle d'autrui. Car pourquoi ma liberté serait-elle jugée par la conscience d'un autre ? 30Si je mange avec action de grâces, pourquoi serais-je blâmé (me laisserais-je maudire) au sujet d'une chose dont je rends grâces ? 31Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu. 32Ne soyez une occasion de scandale ni aux Juifs, ni aux païens (gentils), ni à l'église de Dieu ; 33comme moi-même je cherche à plaire à tous en toutes choses, ne cherchant pas ce qui m'est avantageux, mais ce qui l'est au plus grand nombre, pour qu'ils soient sauvés.

Les hommes en priant doivent avoir la tête nue, et les femmes la tête voilée.
Les Corinthiens sont repris de ne pas célébrer la fête du Seigneur avec assez d’ordre.
Institution de l’Eucharistie.
S’éprouver soi-même avant de s’en approcher.
Se juger pour ne pas être jugé.

11Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même du Christ. 2Je vous loue, frères, de ce que vous vous souvenez de moi en toutes choses, et que vous gardez mes préceptes tels que je vous les ai transmis. 3Mais je veux que vous sachiez que le Christ est le chef de tout homme, que l'homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef du Christ. 4Tout homme qui prie, ou qui prophétise, ayant la tête couverte, déshonore sa tête. 5Mais toute femme qui prie, ou qui prophétise, sans avoir la tête voilée, déshonore sa tête ; car c'est comme si elle était rasée. 6Car si une femme n'est pas voilée, qu'elle se coupe les cheveux. Mais s'il est honteux pour une femme d'avoir les cheveux coupés ou rasés, qu'elle se voile la tête. 7L'homme ne doit pas se voiler la tête, parce qu'il est l'image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l'homme. 8Car l'homme n'a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l'homme ; 9et l'homme n'a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l'homme. 10C'est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur sa tête la marque de la puissance de l'homme (une puissance). 11Toutefois, l'homme n'est pas sans la femme, ni la femme sans l'homme, dans le Seigneur. 12Car de même que la femme a été tirée de l'homme, ainsi l'homme existe par la femme, et tout vient de Dieu. 13Jugez-en vous-mêmes : est-il convenable qu'une femme prie Dieu sans être voilée ? 14et la nature même ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour un homme de laisser croître ses cheveux, 15mais que si la femme les laisse croître, c'est une gloire pour elle, parce que les cheveux lui ont été donnés en guise de voile ? 16Si quelqu'un se plaît à contester, nous n'avons pas cette habitude, et l'Eglise de Dieu non plus. 17Je vais vous dire maintenant une chose dont je ne vous loue pas : c'est que vous vous assemblez, non pour devenir meilleurs, mais à votre préjudice. 18Et d'abord, j'entends dire que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a des divisions parmi vous, et je le crois en partie ; 19car il faut qu'il y ait même des hérésies, afin que ceux d'entre vous qui ont une vertu éprouvée soient reconnus. 20Lors donc que vous vous assemblez, ce n'est plus manger la cène du Seigneur ; 21car chacun commence par prendre son propre repas ; et ainsi l'un souffre de la faim, et l'autre mange avec excès. 22N'avez-vous pas des maisons pour manger et pour boire ? ou méprisez-vous l'Eglise de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n'ont rien ? Que vous dirai-je ? Vous louerai-je ? En cela (Non), je ne vous (en) loue point. 23Car j'ai appris du Seigneur ce que je vous ai moi-même transmis : que le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain, 24et après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Prenez et mangez ; ceci est mon corps, qui sera livré pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. 25Il prit de même le calice après avoir soupé, en disant : Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez. 26Car toutes les fois que vous mangerez ce pain, et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. 22C'est pourquoi quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. 28Que l'homme s'éprouve donc lui-même, et qu'ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice. 29Car celui qui mange et boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant pas le corps du Seigneur. 30C'est pour cela qu'il y a parmi vous beaucoup de malades (d’infirmes) et de languissants, et que beaucoup sont morts. 31Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions (certainement) pas jugés. 32Mais lorsque nous sommes jugés, c'est le Seigneur qui nous châtie, afin que nous ne soyons pas condamnés avec ce monde. 33C'est pourquoi, mes frères, lorsque vous vous assemblez pour manger, attendez-vous les uns les autres. 34Si quelqu'un a faim, qu'il mange chez lui, afin que vous ne vous assembliez pas pour votre condamnation. Je réglerai le reste après mon arrivée.

Il y a divers dons du Saint-Esprit qui les distribue comme il le juge à propos pour l’utilité de l’Eglise.
Toute l’Eglise est un seul corps ; chaque membre a sa fonction ; tous ont besoin les uns des autres et doivent travailler à l’utilité commune.

12Pour ce qui concerne les dons spirituels, je ne veux pas, mes frères, que vous soyez dans l'ignorance. 2Vous savez que, lorsque vous étiez païens (gentils), vous vous laissiez entraîner vers les idoles muettes, selon qu'on vous menait. 3C'est pourquoi je vous déclare que personne, parlant par l'Esprit de Dieu, ne dit anathème à Jésus ; et personne ne peut dire : Seigneur Jésus, si ce n'est par l'Esprit-Saint. 4Sans doute, il y a diversité de grâces ; mais il n'y a qu'un même Esprit. 5Il y a diversité de ministères ; mais il n'y a qu'un même Seigneur. 6Il y a aussi diversité d'opérations ; mais il n'y a qu'un même Dieu, qui opère tout en tous. 7Or la manifestation de l'Esprit est donnée à chacun pour l'utilité commune. 8En effet, à l'un est donnée par l'Esprit une parole de sagesse ; à un autre, une parole de science, selon le même Esprit ; 9à un autre, la foi, par le même Esprit ; à un autre, la grâce des guérisons, par le même Esprit ; 10à un autre, le don (la vertu) d'opérer des miracles ; à un autre, la prophétie ; à un autre, le discernement des esprits ; à un autre, la diversité des langues ; à un autre, l'interprétation des langues (discours). 11Or c'est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, les distribuant à chacun comme il veut. 12Car comme le corps est un et a beaucoup de membres, et comme tous les membres du corps, quoique nombreux, ne forment néanmoins qu'un seul corps : ainsi en est-il du Christ. 13En effet, nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit païens (gentils), soit esclaves, soit libres ; et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. 14Ainsi le corps n'est pas un seul membre, mais il est composé de beaucoup de membres. 15Si le pied disait : Puisque je ne suis pas une main, je ne suis pas du corps ; est-ce que pour cela il ne serait point du corps ? 16Et si l'oreille disait : Puisque je ne suis pas un œil, je ne suis pas du corps ; est-ce que pour cela elle ne serait point du corps ? 17Si tout le corps était œil, où serait l'ouïe ? s'il était tout ouïe, où serait l'odorat ? 18Mais Dieu a disposé les membres dans le corps, chacun d'eux comme il a voulu. 19S'ils n'étaient tous qu'un seul membre, où serait le corps ? 20Mais maintenant il y a beaucoup de membres, et un seul corps. 21L'œil ne peut pas dire à la main : Je n'ai pas besoin de ton aide (office) ; ni la tête dire aux pieds : Vous ne m'êtes pas nécessaires. 22Mais au contraire les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont les plus nécessaires ; 23et les membres du corps que nous regardons comme les plus vils, nous les entourons d'un plus grand honneur ; et ceux qui sont honteux reçoivent le plus de respect. 24Ceux qui sont décents n'en ont pas besoin ; mais Dieu a disposé le corps de manière à donner plus d'honneur à ce qui en manquait, 25afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également un soin réciproque les uns des autres. 26Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; ou si un membre est honoré, tous les membres s'en réjouissent avec lui. 27Or vous êtes le corps du Christ, et les membres d'un membre. 28Ainsi Dieu a établi dans l'Eglise premièrement des apôtres, secondement des prophètes, troisièmement des docteurs ; ensuite ceux qui font des miracles ; puis ceux qui ont les dons de guérir, de secourir, de gouverner, de parler diverses langues, d'interpréter les langues (discours). 29Tous sont-ils apôtres ? tous sont-ils prophètes ? tous sont-ils docteurs ? 30tous font-ils des miracles ? tous ont-ils la grâce de guérir ? tous parlent-ils diverses langues ? tous les interprètent-ils (elles) ? 31Aspirez aux dons les meilleurs. Mais je vais vous montrer encore une voie plus excellente.

Sans la charité tout est inutile pour le salut.
Caractère de cette vertu.
Elle ne finit jamais.
Connaissance de Dieu imparfaite en cette vie.
Charité, vertu supérieure à la foi et à l’espérance.

13Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je suis comme un airain sonnant ou une cymbale retentissante. 2Et quand j'aurais le don de prophétie, et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science ; et quand j'aurais toute la foi, jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. 3Et quand je distribuerais tous mes biens pour nourrir les pauvres, et quand je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien. 4La charité est patiente, elle est pleine de bonté. La charité n'est point envieuse, elle n'agit pas avec témérité, elle ne s'enfle pas d'orgueil ; 5elle n'est pas ambitieuse, elle ne cherche pas ses propres intérêts, elle ne s'irrite pas, elle ne pense pas le mal, 6elle ne se réjouit pas de l'injustice (l’iniquité), mais elle se réjouit de la vérité ; 7elle souffre tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. 8La charité ne finira jamais ; pas même lorsque les prophéties disparaîtront, que les langues cesseront, et que la science sera détruite. 9Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie ; 10mais quand ce qui est parfait sera venu, tout ce qui est partiel (imparfait) disparaîtra. 11Quand j'étais (petit) enfant, je parlais comme un enfant, je jugeais (j’avais les goûts) comme un (petit) enfant, je raisonnais comme un (petit) enfant ; mais lorsque je suis devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant. 12Nous voyons maintenant à travers un miroir, en énigme ; mais alors nous verrons face à face. Maintenant je connais en partie ; mais alors je connaîtrai comme (aussi bien que) je suis connu (moi-même). 13Maintenant ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance et la charité ; mais la plus grande (des trois) est la charité.

Le don de prophétie préférable au don des langues, et le don des langues inutile aux fidèles sans le don d’interprétation.
Règles pour l’usage de ces dons.
Les femmes doivent garder le silence dans les Eglises.

14Recherchez (avec ardeur) la charité, aspirez aux dons spirituels, et surtout à prophétiser. 2En effet, celui qui parle une langue (inconnue), ne parle pas aux hommes, mais à Dieu ; car personne ne l'entend, et c'est en esprit qu'il profère des mystères. 3Mais celui qui prophétise parle aux hommes pour les édifier, les exhorter et les consoler. 4Celui qui parle une langue s'édifie lui-même ; mais celui qui prophétise édifie l'Eglise de Dieu. 5Or je veux (voudrais) que vous parliez (puissiez parler) tous les langues, mais encore plus que vous prophétisiez ; car celui qui prophétise est plus grand que celui qui parle les langues, à moins qu'il n'interprète, afin que l'Eglise en reçoive de l'édification. 6Aussi, mes frères, si je venais à vous parlant les langues, de quelle utilité vous serais-je, à moins que je ne vous parle ou par révélation, ou par connaissance, ou par prophétie, ou par doctrine ? 7Si les choses inanimées (quoique) qui rendent un son, comme la flûte et la harpe, ne rendent pas des sons distincts, comment saura-t-on ce qui est joué sur la flûte ou sur la harpe ? 8En effet, si la trompette rend un son confus, qui se préparera au combat ? 9Vous de même, si par la langue vous ne donnez pas un langage distinct, comment saura-t-on ce que vous dites ? Car vous parlerez en l'air. 10Il y a, en effet, tant d'espèces de langues dans ce monde, et il n'y en a aucune qui n'ait sa signification. 11Si donc je ne connais pas le sens des paroles, je serai un barbare pour celui à qui je parle, et celui qui parle sera un barbare pour moi. 12Ainsi vous-mêmes, puisque vous désirez avec ardeur les dons spirituels, cherchez pour l'édification de l'Eglise à en posséder abondamment. 13C'est pourquoi, que celui qui parle une langue prie, afin de l'interpréter. 14Car si je prie dans une langue (inconnue), mon esprit est en prière, mais mon intelligence est sans fruit. 15Que ferai-je donc ? Je prierai par l'esprit, mais je prierai aussi avec l'intelligence ; je chanterai par l'esprit (des cantiques), mais je chanterai aussi avec l'intelligence. 16Autrement, si tu ne bénis Dieu que par l'esprit, comment celui qui tient la place du simple peuple répondra-t-il Amen à ta bénédiction, puisqu'il ne sait pas ce que tu dis ? 17Tu rends, il est vrai, une bonne action de grâces ; mais les autres n'en sont pas édifiés. 18Je rends grâces à mon Dieu de ce que je parle les langues de vous tous ; 19mais j'aime mieux dire dans l'Eglise cinq paroles avec mon intelligence, pour instruire aussi les autres, que dix mille paroles en une langue (inconnue). 20Mes frères, ne devenez pas des enfants sous le rapport du jugement (par l’intelligence), mais soyez de petits enfants pour la malice, et, pour ce qui concerne le jugement (en intelligence), soyez des hommes parfaits. 21Il est écrit dans la loi : Je parlerai à ce peuple en d'autres langues et avec des lèvres étrangères, et même ainsi ils ne m'écouteront (même) pas, dit le Seigneur. 22Par conséquent, les langues sont un signe, non pour les fidèles, mais pour les infidèles ; et les prophéties, au contraire, ne sont pas pour les infidèles, mais pour les fidèles. 23Si donc l'Eglise entière est réunie dans un seul lieu, et que tous parlent des langues, et qu'il entre des hommes du peuple ou des infidèles, ne diront-ils pas que vous êtes fous ? 24Mais si tous prophétisent, et qu'il entre un infidèle ou un homme du peuple, il est convaincu par tous, il est jugé par tous, 25les secrets de son cœur sont dévoilés ; de sorte que, tombant sur sa face, il adorera Dieu, déclarant que Dieu est vraiment parmi vous. 26Que faire donc, mes frères ? Si lorsque (Que quand) vous êtes assemblés, vous avez, l'un un cantique, l'autre une instruction, l'autre une révélation, l'autre une langue, l'autre une interprétation : que tout se fasse pour l'édification. 27S'il y en a qui parlent des langues, que deux ou trois au plus parlent, et l'un après l'autre ; et que quelqu'un interprète. 28S'il n'y a pas d'interprète, qu'on se taise dans l'Eglise, qu'on (il) parle à soi-même (lui-même) et à Dieu. 29Quant aux prophètes, que deux ou trois parlent, et que les autres jugent. 30Si un autre de ceux qui sont assis reçoit une révélation, que le premier se taise. 31Car vous pouvez tous prophétiser l'un après l'autre, afin que tous apprennent et que tous soient exhortés. 32Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes ; 33car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix, comme je l'enseigne dans toutes les Eglises des saints. 34Que les femmes se taisent dans les Eglises, car il ne leur est pas permis de parler ; mais qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la loi. 35Si elles veulent s'instruire sur quelque chose, qu'elles interrogent leurs maris à la maison ; car il est honteux pour une femme de parler dans l'Eglise. 36Est-ce de vous que la parole de Dieu est sortie ? ou n'est-elle parvenue qu'à vous seuls ? 37Si quelqu'un croit être prophète ou spirituel, qu'il reconnaisse que les choses que je vous écris sont des commandements du Seigneur. 38Si quelqu'un (veut) l'ignorer, il sera ignoré. 39Ainsi donc, frères, aspirez à prophétiser, et n'empêchez pas de parler des langues ; 40mais que tout se fasse décemment et avec ordre.

Résurrection des morts prouvée par celle de Jésus-Christ.
Conséquences impies auxquelles s’exposent ceux qui nient la résurrection.
Ordre de la résurrection.
Comment elle se fera.
Qualités des corps ressuscités.
Homme terrestre ; homme céleste.
Mystère de la résurrection.

15Maintenant je vous rappelle, frères, l'Evangile que je vous ai prêché, que vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes, 2et par lequel vous serez sauvés, si vous le retenez tel que je vous l'ai prêché : à moins que vous n'ayez cru en vain. 3Car je vous ai transmis en premier lieu ce que j'ai moi-même reçu : que le Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ; 4qu'il a été enseveli, et qu'il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures ; 5qu'il a été vu de Céphas, puis des onze ; 6qu'ensuite il a été vu par plus de cinq cents frères à la fois, dont beaucoup vivent encore aujourd'hui, et dont quelques-uns sont morts (endormis, note) ; 7qu'ensuite il a été vu de Jacques, puis de tous les Apôtres ; 8et qu'en dernier lieu, après tous, il a été vu de moi, comme de l'avorton. 9Car je suis le moindre des Apôtres, et je ne suis pas digne d'être appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l'Eglise de Dieu. 10Mais par la grâce de Dieu je suis ce que je suis, et sa grâce n'a pas été stérile en moi ; mais j'ai travaillé plus qu'eux tous : non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. 11Ainsi, que ce soit moi, que ce soient eux, voilà ce que nous prêchons, et voilà ce que vous avez cru. 12Mais si l'on prêche que le Christ est ressuscité d'entre les morts, comment quelques-uns disent-ils parmi vous qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? 13S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n'est point ressuscité. 14Et si le Christ n'est point ressuscité, notre prédication est donc vaine, et vaine aussi est votre foi. 15Il se trouve même que nous sommes de faux témoins à l'égard de Dieu, puisque nous avons rendu ce témoignage contre Dieu, qu'il a ressuscité le Christ, tandis qu'il ne l'a pas ressuscité, si les morts ne ressuscitent point. 16Car si les morts ne ressuscitent point, le Christ non plus n'est pas ressuscité. 17Si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est vaine ; car vous êtes encore dans vos péchés. 18Ceux donc aussi qui se sont endormis dans le Christ sont perdus (ont péri). 19Si c'est pour cette vie seulement que nous espérons dans le Christ, nous sommes les plus misérables (malheureux) de tous les hommes. 20Mais maintenant le Christ est (très certainement) ressuscité d'entre les morts, comme prémices de ceux qui se sont endormis. 21En effet, par un homme est venue la mort, et par un homme la résurrection des morts. 22Et comme tous meurent en Adam, de même dans le Christ tous recouvreront la vie ; 23et chacun en son rang : le Christ comme prémices ; puis ceux qui sont au Christ, qui ont cru en son avènement. 24Ensuite viendra la fin, lorsqu'il remettra le royaume à Dieu et au Père, après avoir anéanti toute principauté, toute domination et toute puissance. 25Mais il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il (que le Père) ait mis tous les ennemis sous ses pieds. 26Le dernier ennemi détruit sera la mort ; car Dieu a mis toutes choses sous ses pieds. Et quand l'Ecriture dit : 27Tout lui a été soumis, il est évident qu'il faut excepter (sans doute) celui qui lui a soumis toutes choses. 28Lors donc que tout lui aura été soumis, au Fils, alors aussi le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui aura soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. 29Autrement que feront ceux qui sont baptisés pour les morts, si les morts ne ressuscitent absolument pas ? pourquoi sont-ils baptisés pour eux ? 30Et pourquoi nous-mêmes sommes-nous à toute heure en péril ? 31Chaque jour je meurs, mes frères ; je le jure par la gloire que je reçois de vous en Jésus-Christ Notre Seigneur. 32Si, pour parler à la manière des hommes, j'ai combattu à Ephèse contre les bêtes, à quoi cela me sert-il, si les morts ne ressuscitent point ? Mangeons et buvons, car demain nous mourrons. 33Ne vous laissez pas séduire : Les mauvais entretiens corrompent les bonnes mœurs. 34Veillez, justes, et ne péchez point, car quelques-uns sont dans l'ignorance du vrai Dieu ; je le dis à votre honte. 35Mais quelqu'un dira: Comment les morts ressuscitent-ils, et (ou) avec quel corps reviendront-ils ? 36Insensé, ce que tu sèmes ne reprend pas vie (n’est point vivifié), s'il ne meurt auparavant. 37Et quand tu sèmes, tu ne sèmes pas le corps qui doit naître, mais une simple graine, par exemple de froment (blé), ou de quelque autre chose. 38Puis Dieu lui donne un corps comme il lui plaît ; et à chaque semence le corps qui lui est propre. 39Toute chair n'est pas la même chair ; mais autre est celle des hommes, autre celle des bêtes (brebis), autre celle des oiseaux, autre celle des poissons. 40Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres ; mais autre est l'éclat (la gloire) des corps célestes, autre celui des corps terrestres. 41Autre est l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune, autre l'éclat des étoiles ; car une étoile diffère en éclat d'une autre étoile. 42Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Le corps est semé dans la corruption, il ressuscitera dans l'incorruptibilité ; 43il est semé dans l'ignominie, il ressuscitera dans la gloire ; il est semé dans la faiblesse, il ressuscitera dans la force ; 44il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel. (S'il y a un corps animal, il y a aussi un corps spirituel,) selon qu'il est écrit : 45Le premier homme, Adam, a été fait âme vivante ; le dernier Adam, esprit vivifiant. 46Toutefois, ce qui est spirituel n'est pas le premier ; mais d'abord existe ce qui est animal, et ensuite ce qui est spirituel. 47Le premier homme, formé de la terre, est terrestre ; le second homme, venu du ciel, est céleste. 48Tel qu'est le terrestre, tels sont les terrestres ; et tel qu'est le céleste, tels sont les célestes. 49Comme donc nous avons porté l'image du terrestre, portons aussi l'image du céleste. 50Ce que je dis, frères, c'est que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et la corruption ne possédera pas non plus l'incorruptibilité. 51Voici un mystère que je vais vous dire : Nous ressusciterons tous, mais nous ne serons pas tous transformés. 52En un moment, en un clin d'œil, au son de la dernière trompette (car la trompette sonnera), les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons transformés. 53Car il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité. 54Et quand ce corps mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira cette parole de l'Ecriture : La mort a été absorbée dans la (sa) victoire. 55Où est, ô mort, ta victoire ? où est, ô mort, ton aiguillon ? 56Or l'aiguillon de la mort, c'est le péché ; et la force du péché, c'est la loi. 57Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous a donné la victoire par Notre Seigneur Jésus-Christ. 58C'est pourquoi, mes frères bien-aimés, soyez fermes et inébranlables, travaillant toujours de plus en plus à l'œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n'est pas vain dans le Seigneur.

Saint Paul recommande aux Corinthiens les pauvres de l’Eglise de Jérusalem.
Il leur promet d’aller les voir.
Il leur recommande Timothée.
Dernier avis qu’ils leur donne.
Autres recommandations.
Salutations.

16Quant aux collectes qui ont lieu pour les saints, agissez, vous aussi, comme je l'ai ordonné (réglé) aux Eglises de Galatie. 2Le premier jour de la semaine, que chacun de vous mette à part chez lui et amasse ce qui lui plaira, afin que ce ne soit pas à mon arrivée que les collectes se fassent. 3Et lorsque je serai présent, j'enverrai avec des lettres, pour porter vos charités à Jérusalem, ceux que vous aurez approuvés. 4Si la chose mérite que j'y aille moi-même, ils viendront avec moi. 5Or j'irai chez vous lorsque j'aurai passé par la Macédoine ; car je passerai par la Macédoine ; 6peut-être m'arrêterai-je chez vous, ou y passerai-je même l'hiver, afin que vous me conduisiez partout où j'irai. 7Car je ne veux pas cette fois vous voir en passant, mais j'espère demeurer quelque temps auprès de vous, si le Seigneur le permet. 8Je demeurerai cependant à Ephèse jusqu'à la Pentecôte ; 9car une grande porte m'y est visiblement ouverte, et les adversaires sont nombreux. 10Si Timothée vient, veillez à ce qu'il soit sans crainte parmi vous ; car il travaille à l'œuvre du Seigneur, comme moi-même. 11Que personne donc ne le méprise ; mais conduisez-le en paix, afin qu'il vienne auprès de moi, car je l'attends avec les frères. 12Pour ce qui est de notre frère Apollo, je vous déclare que je l'ai beaucoup prié d'aller auprès de vous avec les frères ; mais ce n'était décidément pas sa volonté de le faire maintenant : il ira lorsqu'il en aura la commodité. 13Veillez, demeurez fermes dans la foi, agissez virilement (courageusement), et fortifiez-vous ; 14que toutes vos œuvres soient faites avec amour. 15Une prière encore, frères. Vous savez que les familles (la famille) de Stéphanas, de Fortunat et d'Achaïque sont les prémices de l'Achaïe, et qu'ils se sont consacrés eux-mêmes au service des saints ; 16ayez de la déférence pour de telles personnes, et (comme) pour tous ceux qui agissent et travaillent avec elles. 17Je me réjouis de la présence de Stéphanas, de Fortunat et d'Achaïque, parce qu'ils ont suppléé à ce que vous ne pouviez faire par vous-mêmes ; 18car ils ont consolé mon esprit et le vôtre. Sachez donc apprécier de tels hommes. 19Les Eglises d'Asie vous saluent. Aquila et Priscille, chez qui je demeure, vous saluent beaucoup dans le Seigneur, avec l'Eglise qui est dans leur maison. 20Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. 21Je vous salue de ma propre main, moi Paul. 22Si quelqu'un n'aime pas Notre Seigneur Jésus-Christ, qu'il soit anathème ; Maran Atha. 23Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous. 24Mon amour est avec vous tous dans le Christ Jésus. Amen.
Notes


1.1 Sosthène. Voir Actes des Apôtres, 18, 17.
1.2 Appelés saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13
1.5-7 Les éloges que saint Paul donne ici aux Corinthiens, et les faveurs dont il parle, s’adressent au corps de l’Eglise de Corinthe, et non point à chacun des membres en particulier. Les éloges sont pour les parfaits, les leçons et les reproches pour les imparfaits. Cette observation suffit pour justifier l’Apôtre de la contradiction que plusieurs lui ont reproché sur ce point.
1.6 Le témoignage du Christ ; c’est-à-dire le témoignage qui a été rendu au Christ par la prédication de l’Evangile.
1.9 Voir 1 Thessaloniciens, 5, 24.
1.11 Chloé ne nous est connue que par ce passage. Mes frères : Paul emploie souvent cette formule pour faire accepter quelque reproche sévère. ― Les gens, les esclaves ou les enfants (voir Romains, 16, 11) de Chloé, quelque pieuse dame d’Ephèse qui, après un voyage à Corinthe, aura instruit saint Paul de la situation de cette Eglise.
1.12 Voir Actes des Apôtres, 18, 24. ― Apollo, Céphas. « Plusieurs pensent que ce sont là des noms fictifs, mis en avant par l’Apôtre pour éviter aux véritables chefs de parti la confusion de se voir désigner publiquement. Mais ce sentiment s’accorde mal avec ce qu’on lit dans la première épître de saint Clément. Saint Paul a bien pu omettre certains noms ; mais ceux qu’il cite ne paraissent pas imaginaires. On sait par saint Luc qu’Apollo avait séjourné à Corinthe, qu’il avait succédé à saint Paul pour la prédication, et qu’on avait applaudi son éloquence. Quant à saint Pierre, saint Denys, évêque de Corinthe vers le milieu du second siècle, nous apprend que son Eglise le tenait pour son fondateur aussi bien que saint Paul. Il est probable que le chef des Apôtres avait passé par cette ville en se rendant à Rome, ou qu’il s’y était retiré avec Prisque et Aquila au moment où un décret de Claude obligea tous les Juifs à s’éloigner de la capitale de l’empire. ― Quoi qu’il en soit, le reproche que saint Paul fait ici aux Corinthiens ne saurait fournir aucun appui à la fable du pétrinisme et du paulinisme, imaginée par Baur et son école. Les partis dont parle saint Paul sont de simples coteries qui n’accusent aucun dissentiment en manière de croyance, et qui n’ont pu avoir de durée ni s’étendre au-delà de Corinthe. Les Apôtres y restent complètement étrangers. » (L. BACUEZ.)
1.14 Voir Actes des Apôtres, 18, 8. ― Crispus était le chef de la synagogue de Corinthe. Voir Actes des Apôtres, note 18.8. ― Caïus donnait l’hospitalité à saint Paul à Corinthe (voir Romains, 16, 23). Origène dit qu’il devint évêque de Thessalonique.
1.16 Stéphanas est mentionné de nouveau plus loin, voir 1 Corinthiens, 16, 16-17, comme l’un des premiers convertis de l’Achaïe. Il était avec saint Paul à Ephèse, quand l’Apôtre écrivit cette première Epître aux Corinthiens. D’après saint Jean Chrysostome, Stéphanas s’était rendu à Ephèse pour consulter saint Paul sur des questions de discipline. D’autres croient que le motif du voyage avait été un but charitable. Peut-être les assemblées des fidèles avaient-elles lieu dans sa maison à Corinthe.
1.17 Voir 2 Pierre, 1, 16 ; 1 Corinthiens, 2, 1. ― Parce que le Christ, etc. Ces paroles ne signifient pas que le baptême n’est pas fonction et l’objet principal de la mission des apôtres, mais que la prédication était l’œuvre principale de la mission de saint Paul.
1.18 Voir Romains, 1, 16.
1.19 Voir Isaïe, 29, 14.
1.20 Voir Isaïe, 33, 18.
1.22 Les Juifs ne demandaient pas de simples miracles, car Jésus-Christ et les Apôtres en opéraient un grand nombre qu’ils reconnaissaient et qu’ils proclamaient eux-mêmes, puisqu’ils les attribuaient au démon, mais ils demandaient, sans aucun droit, des prodiges d’un certain genre, des prodiges qui vinssent immédiatement du ciel.
1.25 Ce qui, dans les voies de Dieu, paraît folie au monde, est certainement très sage, et ce qui paraît faiblesse est au-dessus de toute force humaine.
1.28 Les choses qui ne sont pas ; c’est-à-dire de peu de valeur, de rien.
1.29 Nulle chair, aucun homme. Voir Matthieu, 24, 22.
1.30 Voir Jérémie, 23, 5.
1.31 Voir Jérémie, 9, 23-24 ; 2 Corinthiens, 10, 17.
2.1 Voir 1 Corinthiens, 1, 17. ― Le témoignage du Christ. Comparer à 1 Corinthiens, 1, 6.
2.3 Voir Actes des Apôtres, 18, 1.
2.4 Voir 2 Pierre, 1, 16.
2.6 Les princes de ce siècle sont les sages, les savants, les philosophes, ou les démons dont l’empire se détruit de plus en plus par l’établissement du règne de Jésus-Christ.
2.7 Dans le mystère, mystérieusement, dans le désert ; ne prêchant cette sagesse divine qu’au petit nombre des sages. Comparer au verset précédent.
2.9 Voir Isaïe, 64, 4.
2.13 Voir 1 Corinthiens, 1, 17 ; 2, vv. 1, 4 ; 2 Pierre, 1, 16.
2.14 ; 2.15 L’homme animal est celui qui s’adonne aux plaisirs des sens, à ses affections charnelles et mondaines, ou celui qui ne juge des choses célestes que par la raison naturelle, les sens et la sagesse humaine. L’homme spirituel est celui qui ne se laisse emporter ni par les plaisirs des sens ni par ses affections charnelles, etc., et qui, dans ce qui regarde la religion, ne prend pas la raison humaine pour guide, mais la grâce divine, la foi de l’Eglise et l’Esprit de Dieu.
2.15 Juge de toutes choses, etc. Il est faux de dire, avec les ennemis de nos Livres saints, que ces paroles consacrent le fanatisme ou la révolte. L’Apôtre dit seulement que ceux qui ont reçu le don de discerner les esprits ont seuls le droit de décider si celui qui prétend être inspiré est fanatique ou prophète.
2.16 Voir Sagesse, 9, 13 ; Isaïe, 40, 13 ; Romains, 11, 34.
3.1 Moi-même, moi non plus, je n’ai pu, etc. : nul ne le pouvait, comparer à 1 Corinthiens, 2, 14. ― Vous parler, vous prêcher cette sagesse supérieure, voir 1 Corinthiens, 2, 6. ― Des hommes spirituels. Voir 1 Corinthiens, 2, 14. ― Charnels, si peu changés par l’influence de l’Esprit-Saint, que la chair, foyer du péché et de la concupiscence, domine encore en eux.
3.4 A Apollo. Voir 1 Corinthiens, 1, 12.
3.8 Voir Psaumes, 61, 13 ; Matthieu, 16, 27 ; Romains, 2, 6 ; Galates, 6, 5.
3.11-15 Le fondement de l’Eglise de Dieu est Jésus-Christ et sa doctrine, ou la vraie foi en lui agissant par la charité. L’édifice d’or, d’argent, de pierres précieuses, bâti sur ce fondement, c’est la plus parfaite prédication et la pratique de l’Evangile. L’édifice auquel on a mêlé le bois, le foin, la paille, signifie la prédication des docteurs Corinthiens, qui, à la vérité, n’erraient pas dans la foi, mais ajoutaient à leurs discours une vaine pompe de paroles et de questions inutiles. Le jugement de Dieu, soit particulier, soit général, manifestera de quelle sorte aura été l’œuvre de chaque homme, œuvre dont il est difficile de porter un jugement en cette vie. Toute doctrine qui pourra résister à l’épreuve du feu de ce jugement attirera au prédicateur la récompense éternelle de son travail. Toute doctrine contraire sera consumée et anéantie. A la vérité, le prédicateur, s’il est d’ailleurs irréprochable, ne périra pas avec son ouvrage ; il sera sauvé parce qu’il aura bâti sur le vrai fondement. Mais il ne sera que comme un homme qui se sauve à travers un incendie, en conservant sa vie, et en perdant tout le reste. Ainsi, il souffrira la perte de son travail, en ne recevant point la récompense du prédicateur évangélique, il n’entrera même dans le ciel qu’après avoir expié par le feu du purgatoire les fautes qu’il a commises dans l’exercice du ministère évangélique.
3.17 Voir 1 Corinthiens, 6, 19 ; 2 Corinthiens, 6, 16.
3.19 Voir Job, 5, 13.
3.20 Voir Psaumes, 93, 11.
3.22 Apollo, Céphas. Voir 1 Corinthiens, 1, 12.
4.1 Voir 2 Corinthiens, 6, 4.
4.3 Par un tribunal humain ; littéralement : par aucun jour humain. Le mot jour, qui signifie évidemment ici le jour fixé pour un jugement, se prend pour le jugement lui-même ; comme nous disons : Journée sanglante, journée de Poitiers, pour bataille sanglante, bataille de Poitiers, à l’imitation des Latins qui se servaient de dies, pour exprimer l’action qui rendait une journée mémorable. Comparer à Jérémie, 17, 16.
4.6 Contrairement à ce que, etc. Comparer à 1 Corinthiens, 3, 3-9 ; 4, 1.
4.11 Nous sommes déchirés, etc. Voir Matthieu, 21, 35.
4.12 Voir Actes des Apôtres, 20, 34 ; 1 Thessaloniciens, 2, 9 ; 2 Thessaloniciens, 3, 8.
4.17 Timothée. Voir l’introduction aux Epîtres pastorales.
4.20 Le royaume de Dieu ; c’est-à-dire la vertu, la perfection chrétienne. Ne consiste pas : n’a pas pour condition d’existence des paroles, plus ou moins éloquentes, mais la foi et la sainteté, qui sont des œuvres de force et de puissance. Comparer à Matthieu, 7, 21.
5.1 Voir Lévitique, 18, 7-8 ; 20, 11.
5.3 Voir Colossiens, 2, 5.
5.5 Livré à Satan ; c’est-à-dire retranché de la société des fidèles, excommunié pour un temps.
5.6 Voir Galates, 5, 9. ― Corrompt toute la pâte. Cette expression, que l’on retrouve encore dans l’Epître aux Galates, doit, comme tout ce qui suit le prouve clairement, être restreinte au temps de la pâque, pendant lequel en effet les Juifs tenaient pour souillée une masse entière de pâte, pour peu de levain qui y entrât. Car, dans tout autre cas, non seulement, il ne gâte pas la pâte, mais il la rend meilleure.
5.7 Notre agneau pascal. Voir Matthieu, 26, 2.
5.9 Dans la lettre ; c’est-à-dire dans cette lettre. Comparer aux versets 2 et 6.
5.12 Ceux qui sont dehors de l’Eglise, les païens, par opposition à ceux qui sont dedans ; c’est-à-dire aux chrétiens, parmi lesquels on doit compter les hérétiques et les schismatiques qui, conservant le caractère indélébile du baptême, demeurent par là même soumis à la juridiction de l’Eglise.
6.1 Les saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.
6.7 Voir Matthieu, 5, 39 ; Luc, 6, 29 ; Romains, 12, 17 ; 1 Thessaloniciens, 4, 6. ― On peut appliquer ici l’observation de saint Thomas, qu’il faut distinguer ce qui est interdit aux parfaits et ce qui l’est à tout le monde. D’un autre côté, on voit rarement des procès dans lesquels l’une des parties au moins se conserve exempte de la faute.
6.16 Voir Genèse, 2, 24 ; Matthieu, 19, 5 ; Marc, 10, 8 ; Ephésiens, 5, 31.
6.18 Hors du corps : aucun autre péché n’a, dans la même mesure que l’impudicité, le corps pour but et pour objet. Tout autre acte criminel, lors même qu’il se rapporte principalement au corps, l’intempérance, par exemple, exerce son influence sur lui du dehors, et par conséquent il est vis-à-vis de lui dans une situation extérieure.
6.19 Voir 1 Corinthiens, 3, 17 ; 2 Corinthiens, 6, 16.
6.20 Voir 1 Corinthiens, 7, 23 ; 1 Pierre, 1, 18.
7.1 Il est avantageux, etc. Saint Paul n’improuve nullement ici le mariage, et par conséquent il n’est pas en contradiction avec cette parole de Dieu dans la Genèse, 2, 18 : Il n’est pas bon que l’homme soit seul, etc. L’Apôtre, en effet, ne considérant ici le mariage que par rapport à l’individu , abstraction faite de l’espèce, veut dire seulement que le mariage apporte des gênes et des dangers aux individus qui le contractent ; inconvénients qu’il évite, si Dieu lui accorde la grâce de conserver la chasteté dans la continence. De plus, saint Paul n’envisage ici que le bien spirituel, tandis que dans le paradis terrestre, quand Dieu dit : Il n’est pas bon, etc., il avait surtout en vue le bien temporel de l’homme.
7.2 Que chaque homme ait sa femme, etc. ; c’est-à-dire vive avec sa femme. Saint Paul n’exhorte pas ici les célibataires à se marier, puisqu’aux versets 7 et 8 il les engage à demeurer dans leur état.
7.3 Voir 1 Pierre, 3, 7.
7.9 L’Apôtre parle ici des personnes qui sont libres ; car celles qui, par vœu, se sont données à Dieu, ne doivent chercher le remède à leurs passions que dans la prière et la pénitence.
7.10 Voir Matthieu, 5, 32 ; 19, 9 ; Marc, 10, 9 ; Luc, 16, 18.
7.14 Car le mari infidèle, etc. Cela ne veut pas dire que la foi du mari ou de la femme soit suffisante pour faire passer le conjoint infidèle à l’état de grâce ou de salut ; mais c’est souvent une occasion de leur sanctification et de leur retour à la vraie foi.
7.17 Que chacun marche. Nous avons déjà fait remarquer que les Hébreux employaient les verbes aller, marcher, dans les sens moral de se conduire, vivre.
7.20 Voir Ephésiens, 4, 1. ― Dans la vocation ; c’est-à-dire dans l’état, dans la situation. Comparer au verset 24.
7.21 Profites-en plutôt ; mets plutôt à profit cette circonstance d’avoir été appelé étant esclave, et reste volontiers dans cette condition, qui est une école d’humilité et de patience (saint Jean Chrysostome, saint Thomas). D’autres : et profites de l’occasion qui s’offre à toi d’être libre.
7.23 Voir 1 Corinthiens, 6, 20 ; 1 Pierre, 1, 18.
7.26 La nécessité pressante : « A cause des temps difficiles qui approchent, les temps qui doivent précéder le second avènement de Jésus-Christ (voir Matthieu, 24, 8-34). Les premiers chrétiens regardaient cet avènement comme prochain (voir Matthieu, note 16.28). » (CRAMPON) ― D’être ainsi ; c’est-à-dire de ne point se marier.
7.28 Pour moi, je vous pardonne ; je ne vous en fais pas un crime, je suis au contraire touché de compassion des maux auxquels vous vous exposez en entrant dans l’état du mariage.
7.35 Vous tendre un piège : « image empruntée à la chasse. Sens : pour vous priver de votre liberté chrétienne, ou vous faire tomber, comme dans un filet, dans des tentations qui seraient pires que toutes les tribulations du mariage. ― Sans empêchement : sans les tiraillements qui naissent du souci des choses du monde. » (CRAMPON, 1 885)
7.39 Voir Romains, 7, 2. ― S’endort. Dans l’Ecriture, le sommeil se met souvent pour la mort.
7.40 Comme elle est, c’est-à-dire dans son état de veuve.
8.1 Nous savons, etc., que ce qu’on immole aux idoles ne contracte par cette immolation aucune souillure qui en interdise l’usage.
8.7 Mais cette science n’est pas en tous. Au verset 1, saint Paul parle des chrétiens qui savaient tous que les viandes n’étaient souillées d’aucune impureté, mais qui abusaient de cette connaissance ; mais ici il a en vue des chrétiens faibles qui ne croyaient pas qu’il fût permis de manger des viandes immolées, mais qui, séduits par l’exemple des autres, en mangeaient comme eux.
8.11 Voir Romains, 14, 15.
8.13 Voir Romains, 14, 21.
9.5 Une femme sœur ; une femme chrétienne ; comme un frère signifie un chrétien. Or, selon l’usage de la nation juive, des femmes pieuses suivaient les prédicateurs de l’Evangile, et fournissaient à tous leurs besoins. ― Et les frères du Seigneur. Voir Matthieu, 12, 46. ― Céphas, saint Pierre.
9.6 Barnabé. Voir Actes des Apôtres, 4, 36.
9.8 ; 9.9 Dans la Palestine, on foulait les blés sous les pieds des animaux, et surtout des bœufs.
9.9 Voir Deutéronome, 25, 4 ; 1 Timothée, 5, 18.
9.11 Voir Romains, 15, 27.
9.13 Voir Deutéronome, 18, 1.
9.18 De mon pouvoir dans l’Evangile ; c’est-à-dire du pouvoir qui m’est accordé comme prédicateur de l’Evangile.
9.20 Comme Juif, me conformant, dans mes relations avec eux, aux observances légales (voir Actes des Apôtres, 16, 3 ; 21, 26), sans les regarder comme obligatoires.
9.22 Les faibles, les hommes ignorants ou à préjugés, soit Juifs, soit païens. ― Tous. D’autres manuscrits grecs lisent : afin, de toute manière, d’en sauver quelques-uns.
9.24 Dans la lice, appelée en grec stade, parce que le champ où l’on courait avait primitivement un stade de longueur (185 mètres). Le stade était l’enceinte où l’on disputait le prix de la course dans les jeux publics. Le premier qui atteignait le but marqué recevait la récompense. Toutes les villes grecques importantes avaient un stade.
9.25 S’abstiennent de toutes choses. « Les athlètes se soumettent à un dur régime afin d’accroître leur force. Ils gardent la continence, sont sobres dans le manger et le boire ; ils se soumettent à toute espèce de privations et de fatigues. » (TERTULLIEN.)
9.26 Je combats. Le verbe employé dans le texte original signifie lutter au pugilat, c’est-à-dire combattre à coups de poings, les mains armées de cestes, espèces de gantelets en cuir de bœuf.
10.1 Voir Exode, 13, 21 ; 14, 22 ; Nombres, 9, 21. ― Sous la nuée qui, dans la péninsule du Sinaï, garantissait les Israélites contre l’ardeur du soleil. ― La mer Rouge.
10.3 Voir Exode, 16, 15. ― La même nourriture spirituelle, la manne, appelée spirituelle dans le sens de surnaturelle, miraculeuse, produite par le Saint-Esprit.
10.4 Voir Exode, 17, 6 ; Nombres, 20, 11. ― Le même breuvage spirituel, l’eau miraculeuse que Moïse fit jaillir du rocher.
10.5 Voir Nombres, 26, 64-65.
10.6 Voir Psaumes, 105, 14.
10.7 Voir Exode, 32, 6. ― Allusion à l’adoration du veau d’or et aux fêtes idolâtriques par lesquelles on l’honora.
10.8 Voir Nombres, 25, 1. ― Allusion à l’initiation au culte impur de Béelphégor.
10.9 Voir Nombres, 21, 5-6.
10.9 ; 10.10 Dieu punit ceux qui murmuraient contre Moïse en envoyant contre eux des serpents venimeux, par le feu et par la peste.
10.10 Voir Nombres, 11, 1 ; 14, 1.
10.11 Pour qui est venue la fin des temps. « La période messianique, qui sera la dernière grande époque du monde : le point du temps où elle devait commencer dépendait uniquement de la volonté miséricordieuse de Dieu. » (CRAMPON) Voir Matthieu, note 16.28 et Jean, note 21.22.
10.18 Ne participent-ils pas à l’autel ? Ceux qui offraient des sacrifices, autres que l’holocauste, recevaient pour la manger une partie de la victime qui avait été offerte sur l’autel.
10.22 Voir 1 Corinthiens, 6, 12.
10.26 Voir Psaumes, 23, 1 ; Ecclésiastique, 17, 31.
10.27 Ce que dit ici saint Paul n’est pas en opposition avec ce qu’avaient décidé les Apôtres, qu’il fallait s’abstenir de manger ce qui avait été offert aux idoles (voir Actes des Apôtres, 15, 29) ; parce qu’ils n’en avaient fait la défense qu’aux fidèles d’Antioche et à leurs voisins (voir Actes des Apôtres, 15, 25) ; et cela dans la vue de conserver la paix et la concorde entre les gentils et les Juifs qui se trouvaient en grand nombre à Antioche, et qui avaient une invincible horreur pour les idoles et tout ce qui leur était consacré. Si plus tard, dans les pays même les plus éloignés d’Antioche, on se conforma à cette décision des Apôtres, ce ne fut pas en vertu d’une obligation quelconque, mais spontanément et par respect pour eux.
10.31 Voir Colossiens, 3, 17.
11.1 Ce verset est la conclusion du chapitre précédent.
11.3 Voir Ephésiens, 5, 23.
11.6 Qu’elle soit tondue : qu’elle soit ou qu’elle consente à passer pour une femme dévergondée.
11.7 Voir Genèse, 1, 29.
11.8 Adam a été créé directement par Dieu ; Eve a été formée d’une côte d’Adam.
11.9 Voir Genèse, 2, 23.
11.10 Une puissance ; une marque, un symbole de la puissance, que l’homme a sur elle ; c’est-à-dire un voile, par respect pour les saints anges qui sont présents, et seraient blessés par la tenue peu modeste des femmes.
11.13 ; 11.14 Saint Paul parle ici dans le sens de la discipline reçue de son temps ; ainsi son raisonnement n’a rien d’absolu, et le mot nature qu’il emploie doit s’entendre d’une coutume presque universelle, parmi les peuples les mieux connus, et qui par là même forme une espèce de droit naturel. Remarquons de plus, qu’il n’est honteux à un homme de laisser croître ses cheveux, que quand il le fait par vanité, ou sans aucun motif raisonnable, mais qu’il en est tout autrement lorsqu’il le fait par religion, comme par exemples les Nazaréens.
11.16 Contester ce que je viens de dire : les arguments de Paul ne sont pas, en effet, pleinement démonstratifs. ― Cette habitude, de contester. D’autres : cette coutume ; chez nous, chrétiens d’origine juive, les femmes n’assistent jamais sans voile aux réunions du culte.
11.18 Il y a des scissions. Ceux du même parti se réunissaient ensemble et tandis que les uns faisaient bonne chère, les autres avaient à peine de quoi manger.
11.19 C’est l’orgueil et la perversité du cœur de l’homme qui rendent les hérésies nécessaires ; mais Dieu, qui sait toujours tirer du bien du mal, montre en cette circonstance qui sont les bons chrétiens, en rendant leur foi et leur fermeté plus remarquables.
11.20 La cène du Seigneur ; le repas de charité ou agape, qui se faisait en commun après qu’on avait participé au corps et au sang du Seigneur.
11.23 Car : je ne vous loue point, car votre manière de célébrer les agapes est tout-à-fait en opposition avec la nature de la sainte Eucharistie, telle qu’elle résulte de son institution.
11.24 Voir Matthieu, 26, 26 ; Marc, 14, 22 ; Luc, 22, 17.
11.27 Voir Jean, 6, 59. ― Ce passage démontre la présence réelle du corps et du sang de Jésus-Christ, même pour ceux qui communient indignement ; autrement ils ne sauraient être coupables du corps et du sang de Jésus-Christ, ni condamnés justement pour n’avoir pas discerné le corps du Seigneur.
11.28 Voir 2 Corinthiens, 13, 5.
11.30 S’endorment ; c’est-à-dire meurent. Comparer à 1 Corinthiens, 7, 39.
12.3 Voir Marc, 9, 38. ― Ne dit anathème, etc. ; ne profère des blasphèmes.
12.11 Voir Romains, 12, vv. 3, 6 ; Ephésiens, 4, 7.
12.13 Abreuvés d’un seul Esprit comprend les dons ordinaires et extraordinaires communiqués aux premiers fidèles dans le baptême et la confirmation. (CRAMPON)
12.23 Qui sont honteux, les moins honnêtes : ceux auxquels, depuis la chute, s’attache un sentiment de pudeur.
12.27 Et les membres d’un membre ; c’est-à-dire vous êtes les membres les uns des autres.
12.28 Voir Ephésiens, 4, 11.
12.31 Aux dons les meilleurs, plus utiles à la communauté. ― Une voie plus excellente encore, celle de la charité, supérieure aux dons mêmes les meilleurs.
13.1 Les langues… des anges, le langage incompréhensible aux hommes par lesquels les purs esprits se communiquent leurs pensées. ― Un airain sonnant. Quand on frappe sur l’airain, il produit un grand bruit, mais ce bruit n’a aucune signification. ― Une cymbale. On appelle cymbales un instrument de musique en métal, consistant ordinairement en deux disques concaves au milieu, et qu’on frappe l’un contre l’autre.
13.7 Elle croit tout ; c’est-à-dire que simple et droite, la charité n’a pas de défiance, et croit facilement ce qu’on lui dit, sans soupçonner qu’on veuille la tromper, toutes les fois qu’elle peut, sans risque de péché, livrer sa confiance ; ce qui n’a rien de commun avec cette crédulité précipitée que l’auteur de l’Ecclésiastique improuve, 19, 4.
13.8 « Les trois charismes ou dons de prophétie, de langue, de science plus profonde de la religion ne dureront que jusqu’au second évènement de Jésus-Christ. » (CRAMPON)
13.12 A travers un miroir. Par miroir, il faut entendre ici une de ces pierres que les anciens employaient au lieu de vitres, et qui, quoique transparentes, ne laissaient apercevoir les objets extérieurs que d’une manière confuse et avec une certaine obscurité.
14.1 Le mot prophétiser, outre le sens de prédire l’avenir, a celui de plus étendu d’être divinement inspiré et de parler de la part de Dieu. Dans ce chapitre, il signifie plus particulièrement, découvrir des choses secrètes et inconnues, comme expliquer les mystères, et interpréter les Ecritures.
14.2 Dans tout ce chapitre, le mot langue veut dire langue étrangère, inconnue, que l’on ne comprend pas.
14.7-8 La flûte et la harpe étaient les instruments de musique les plus communs chez les anciens, avec la trompette.
14.13 Dans ce verset et les suivants, il s’agit évidemment non d’une prière publique, telle qu’elle se pratique dans l’Eglise, mais des prières composées par les particuliers et récitées par eux publiquement pour l’édification de l’assemblée. Il fallait donc nécessairement que ces prières fussent comprises, pour que les fidèles qui les entendaient pussent répondre en toute sûreté Amen. Ainsi saint Paul ne condamne pas l’usage de l’Eglise latine, qui prie dans une langue que le peuple n’entend pas, ni d’une prière publique consacrée par la liturgie reçue et admise. D’ailleurs comment l’aurait-il fait ? Il savait parfaitement que de son temps les psaumes et les cantiques se chantaient en hébreu dans le temple, quoique pourtant cette langue ne fût plus familière aux Juifs d’alors. Sans cela, il aurait condamné ce que Jésus-Christ avait lui-même respecté et consacré par son assiduité aux fêtes judaïques.
14.14 Mon esprit, ce principe de vie plus intime (verset 2) appelé quelquefois le cœur, qui, excité par l’Esprit de Dieu, sans le travail de la réflexion et du raisonnement (ce qui est propre à l’activité intellectuelle, du noûs, mens), sent et voit le divin. Pendant l’extase de celui qui parle en langue, l’intelligence reste inactive ; elle est sanas fruit, pour elle-même et pour les autres.
14.21 Voir Isaïe, 28, 11. ― On comprenait sous le nom de loi tous les livres sacrés. ― En d’autres langues ; c’est-à-dire en des langues autres que la sienne.
14.22 Sont un signe ; littéralement, en signe ; ce qui est un pur hébraïsme.
14.33 Des saints. Voir Actes des Apôtres, 9, 13.
14.34 Voir Genèse, 3, 16. ― Elles doivent ; ce verbe, ou tout autre d’une signification analogue, est nécessairement sous-entendu. Voir ce qu’il est dit à ce sujet en 1 Timothée, 4, 3.
14.37 Spirituel ; c’est-à-dire inspiré, éclairé par l’Esprit-Saint.
15.1 Voir Galates, 1, 11.
15.3 Voir Isaïe, 53, 5.
15.4 Voir Jonas, 2, 1.
15.5 Voir Jean, 20, 19. ― De Céphas, etc. ; c’est-à-dire de Pierre et des onze apôtres. Saint Paul considère ici le nombre ancien et ordinaire des apôtres avant l’apostasie de Judas.
15.6 Se sont endormis ; sont morts. Comparer à 1 Corinthiens, 7, 39. ― Cette apparition n’est pas racontée dans les Evangiles.
15.7 De Jacques le Mineur, cousin de Notre Seigneur, premier évêque de Jérusalem.
15.8 Voir Actes des Apôtres, 9, 3.
15.9 Voir Ephésiens, 3, 8.
15.20 Voir Colossiens, 1, 18 ; Apocalypse, 1, 5.
15.22 En Adam, par suite de la punition infligée à Adam, à cause de son péché.
15.23 Voir 1 Thessaloniciens, 4, 15.
15.25 Voir Psaumes, 109, 1 ; Hébreux, 1, 13 ; 10, 13.
15.26 Voir Psaumes, 8, 8 ; Hébreux, 2, 8.
15.27 Tout lui a été soumis. C’est la répétition, mais en d’autres termes, de la citation de Psaumes, 109, 1 faite au verset 25.
15.29 Du temps de saint Paul, il y avait des hérétiques et peut-être même des fidèles peu instruits qui se faisaient baptiser pour les morts qui n’avaient pas reçu le baptême pendant leur vie. Sans approuver cette pratique, l’Apôtre en tire une preuve contre eux, en montrant qu’elle suppose nécessairement l’immortalité de l’âme, et par conséquent la résurrection des corps, parce que ces deux dogmes sont inséparables.
15.32 Voir Sagesse, 2, 6 ; Isaïe, 22, 13 et 56, 12. ― A Ephèse. Voir Actes des Apôtres, 18, 19. Saint Paul écrivit d’Ephèse la présente Epître. ― Contre les bêtes, expression métaphorique pour désigner des hommes aussi cruels que des animaux féroces.
15.38 Comme il veut, « ou comme il l’a voulu, au jour de la création, lorsque sa volonté toute puissante imposa à la nature ses lois. Paul montre ensuite, par la diversité des organismes qui existent dans la nature, qu’il peut y avoir une grande différence entre le corps dans son existence terrestre et le corps ressuscité. » (CRAMPON)
15.40 La gloire ; c’est-à-dire l’éclat.
15.45 Voir Genèse, 2, 7. ― Fait âme vivante ; littéralement, en âme vivante ; hébraïsme. Comparer à 1 Corinthiens, 4, 22. ― Le dernier Adam, Jésus-Christ.
15.50 La chair et le sang signifient l’homme animal, l’homme de péché.
15.51 Mais nous ne serons pas tous changés. En effet, les corps des réprouvés, loin de recevoir la transformation qui fera la gloire de ceux des saints, resteront, comme ils étaient, un objet d’horreur et de dégoût, en même temps qu’un sujet de toutes sortes de douleurs pour les âmes auxquelles ils seront attachés.
15.54 Voir Osée, 13, 14. ― Cette parole qui est écrite ; cette parole qui fait partie de l’Ecriture sainte, cette parole de l’Ecriture. Ce passage est d’Isaïe, 25, 8. Mais remarquons que la même expression hébraïque que saint Jérôme a traduite dans Isaïe par pour toujours, a été rendue dans la version grecque d’Aquila par pour victoire, en victoire, et que c’est le sens qu’elle a en chaldéen. En mourant pour nous Jésus-Christ a vaincu la mort et l’a détruite pour toujours.
15.57 Voir Jean, 5, 5.
16.1 Galatie. Voir Actes des Apôtres, 18, 23.
16.2 Ce premier jour de la semaine est le dimanche.
16.5 La Macédoine. Voir Actes des Apôtres, 16, 9.
16.8 A Ephèse. Voir Actes des Apôtres, 18, 19.
16.15-17 Stéphanas, voir 1 Corinthiens, 1, 16. ― Fortunat et Achaïque faisaient probablement partie de la maison de Stéphanas. Il est question de Fortunat dans la lettre de saint Clément, pape, aux Corinthiens, I, 59. ― L’Achaïe. Voir Actes des Apôtres, 18, 12.
16.16 Qui coopèrent et travaillent, à l’œuvre du Seigneur.
16.19 Les Eglises d’Asie, de la province romaine de ce nom. Voir Actes des Apôtres, 2, 9. ― Aquila et Priscille. Voir Actes des Apôtres, 18, 2.
16.22 Maran Atha sont des mots syriaques qui signifient : Notre Seigneur vient. Il paraît que c’était le plus grand des anathèmes par lequel on dévouait un homme au dernier malheur en le menaçant de la venue et du jugement du Seigneur.
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LA VIE DE LA SAINTE VIERGE MARIE ( Agreda )

VIE DIVINE DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE MARIE

CHAPITRE PREMIER.

LA TRÈS SAINTE VIERGE DANS L’ENTENDEMENT DIVIN SES SAINTS PARENTS.

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CHAPITRE PREMIER.
LA TRÈS SAINTE VIERGE DANS L’ENTENDEMENT DIVIN SES SAINTS PARENTS.






Avant de commencer à écrire la vie admirable de la divine Mère de Dieu, il est nécessaire de faire connaître le rang sublime qu’elle eut de toute éternité dans l’entendement divin. Quoique l’intelligence divine une, indivisible et très simple, conçoive dans un acte infiniment simple, n’y ayant pour elle ni temps passé, ni futur; néanmoins selon notre manière de comprendre nous distinguons comme différents moments. I. Dieu dans les profondeurs de l’éternité connaît ses attributs, ses perfections avec une inclination infinie à se communiquer au dehors, comme souverain bien infini. II. Il décrète de faire cette communication de lui-même au dehors par la participation et la manifestation de ses grandeurs. III. Il détermine l’ordre, la manière et la disposition de cette communication, décrétant que le Verbe divin se rendrait visible dans la sainte humanité. IV. Il décréta les dons et les grâces qu’il devait donner à l’humanité divinisée du Christ, chef de toutes les créatures. Alors réglant l’économie parfaite de l’Incarnation, il y comprit la Vierge Mère avant tout autre décret concernant la création des autres créatures. Dieu encore détermina de créer un lieu où le Verbe incarné put habiter avec sa divine Mère; et premièrement pour eux seuls il décréta de créer le ciel et la terre, avec les astres, les éléments et tout ce qu’ils contiennent, et secondairement



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pour les hommes qui devaient être les vassaux de ce grand roi et de cette grande reine. V. Il décréta la création de la nature angélique pour être en présence de la Majesté divine pour l’honorer et l’aimer: elle devait servir aussi le Verbe Éternel fait homme et sa très sainte mère leur reine. A ce moment appartient la création du ciel empyrée, pour que la gloire de Dieu s’y dévoile et que les bons y soient récompensés, ainsi que la prédestination des bons anges et la réprobation des mauvais; la création de la terre pour les autres créatures et de l’enfer dans son centre pour le châtiment des esprits rebelles. VI. Il décréta de créer un peuple et une société d’hommes semblables au Christ et ses frères. Dieu ordonna les faveurs et les grâces qu’il devait donner à ce peuple par les mérites du Christ, et la justice originelle de l’homme s’il y voulait persévérer. Il prévit la prévarication et la chute d’Adam, et en lui celle de tous ses descendants, à l’exception de la divine mère, qui ne fut pas comprise dans ce décret postérieur. Il décréta que ce malheur serait réparé et que l’humanité du Christ serait passible.

Pour l’exécution de ces décrets dans le temps, Dieu créa le ciel et la terre, et la lumière non seulement matérielle, mais aussi intellectuelle, c’est-à-dire les anges et à la division de la lumière des ténèbres arriva la séparation des bons et des mauvais esprits. Les anges demeurèrent quelque temps dans l’état d’épreuve qu’on peut diviser en trois instants: au premier ils furent créés et ornés des dons de la nature et de la grâce; au second, la volonté de leur créateur leur fut proposée, pour la suivre, et obtenir la fin pour laquelle ils avaient été créés. Il leur donna de très vives lumières sur le bien et le mal, les récompenses et les châtiments éternels. Les uns furent obéissants les autres rebelles; les bons furent confirmés en grâce et récompensés de la gloire éternelle;



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les obstinés furent châtiés et précipités dans l’enfer pour y être éternellement tourmentés. Le motif de cette rébellion et de cette disgrâce fut que les anges ayant eu une très claire connaissance de l’être divin avec l’unité d’essence et la trinité des personnes, ils reçurent commandement d’adorer Dieu comme leur créateur. Ils obéirent tous à ce précepte, mais avec quelque distinction. Lucifer se soumit parce qu’il crut impossible de faire le contraire; mais il ne le fit pas avec une parfaite charité, et bien que cette lâcheté à opérer ces premiers actes ne le privât point de la grâce, sa mauvaise disposition vint de là, car ses vertus et son esprit en furent affaiblis. Dieu leur manifesta qu’il devait créer une nature humaine, et que la seconde personne de la très sainte Trinité devait s’incarner et élever la nature humaine à l’union hypostatique; ils reçurent le commandement d’adorer cet homme-Dieu et de le reconnaître pour chef de toutes les créatures. Lucifer résista à cet ordre et provoqua ses adhérents à faire de même, il leur persuada qu’il serait leur chef et qu’il constituerait un royaume indépendant du Christ. Mais sa méchanceté s’accrut lorsqu’il lui fut proposé de reconnaître comme reine et souveraine, une vierge, mère du Christ, qui devait être enrichie des dons de grâce et de gloire, de manière à surpasser toutes les autres créatures angéliques et humaines. Il résista par d’horribles blasphèmes et condamna ces décrets divins comme injustes et injurieux à sa grandeur. Cette superbe présomption irrita si fort le Seigneur, qu’il annonça au serpent dans le paradis terrestre qu’Elle (Marie) lui écraserait la tête, ipsa conteret caput tuum.

Après avoir précipité du ciel les anges rebelles et Lucifer leur chef, Dieu créa les autres créatures sur le modèle du Christ et de la vierge mère comme leurs divins exemplaires ; mais surtout il forma Adam et Eve en tout semblables à ces



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divins originaux. Il leur donna le mouvement et une entière-perfection, enfin il les bénit en considération de leur parfaite ressemblance avec leurs modèles. Le Seigneur cacha à Lucifer la création d’Adam et d’Eve pendant une partie du temps qu’ils vécurent ensemble. Dieu agit ainsi pour jeter le démon dans le doute, si Eve était celle qui devait lui écraser la tête, et Adam le Verbe incarné. La rage de cet implacable ennemi commença à dresser des embûches ; ayant réussi à perdre la femme et par son moyen l’homme, il en triompha orgueilleusement avec ses démons. Mais sa satisfaction ne fut pas de longue durée, parce qu’il vit combien Dieu s’était montré miséricordieux à l’égard des criminels et qu’il leur rendrait sa grâce et son amitié par le moyen de la pénitence; et ce lui fut un nouveau tourment d’ouïr la menace qu’une femme lui écraserait la tête.

Le genre humain se multiplia par la bénédiction divine, et le Seigneur se choisit un peuple élu, et dans ce peuple une lignée illustre et sainte, de laquelle il devait descendre selon la chair. Il fit des faveurs signalées à ce peuple, et lui révéla des mystères profonds: il suscita de saints patriarches et prophètes, qui devaient lui montrer en figure le Verbe incarné et lui annoncer de loin sa venue si désirée. Enfin le temps marqué approchant , Dieu envoya au monde deux flambeaux très éclatants, qui annonçaient la prochaine aurore du soleil de justice Jésus, notre Sauveur. Ces deux flambeaux furent saint Joachim et sainte Anne, que la volonté divine avait préparés et créés afin qu’ils fussent les parents de la vierge mère de Dieu. Joachim avait sa maison avec ses parents et amis à Nazareth, petite ville de Galilée. C’était un homme juste et saint, éclairé d’une lumière spéciale qui lui faisait connaître les mystères des saintes écritures et le sens des prophéties. Sainte Anne avait sa maison à Bethléem; elle était



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chaste, humble et belle; elle avait aussi de grandes illustrations sur les sens profonds des divines prophéties. L’archange Gabriel fut envoyé en forme corporelle à sainte Anne, pour lui ordonner de prendre Joachim pour époux. Il alla peu après vers Joachim et l’avertit en songe de prendre sainte Anne pour épouse. Le saint mariage s’accomplit sans que l’un découvrit à l’autre son secret. Les deux saints époux habitèrent à Nazareth, et suivirent les voies du Seigneur, donnant la plénitude des vertus à toutes leurs oeuvres. Ils faisaient tous les ans trois portions de leur revenu; ils offraient la première au temple , ils distribuaient la seconde aux pauvres , et destinaient l’autre pour l’honnête entretien de la famille. Les saints époux passèrent vingt ans sans avoir aucun enfant, ce qui était réputé comme une honte; c’est pourquoi ils essuyèrent de leurs voisins plusieurs opprobres, parce qu’on croyait que ceux qui n’avaient pas d’enfants n’auraient aucune part au futur Messie. Ils étaient même injuriés par les prêtres comme des êtres inutiles et Joachim étant allé au temple pour prier, un prêtre appelé Issachar, le renvoya parce qu’il offrait étant stérile, et dès lors indigne d’offrir des sacrifices. Le saint homme se retira tout affligé; il s’en alla à une maison de campagne, priant le Seigneur avec larmes de lui donner un enfant, et il fit voeu de le lui consacrer dans son temple. L’ange du Seigneur apparut à sainte Anne, et lui déclara, qu’il serait agréable à la divine Majesté qu’elle demandât une postérité. La sainte fit ce qui lui était dit et promit à Dieu de lui consacrer le fruit qu’il daignerait lui accorder. Les demandes de saint Joachim et de sainte Anne arrivèrent en présence du trône de la divine Majesté. L’archange Gabriel fut envoyé à saint Joachim: le Très-Haut, lui dit-il, a exaucé tes prières, et Anne ton épouse concevra et enfantera une fille qui sera bénie entre



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toutes les femmes, et que les nations reconnaîtront pour bienheureuse; le Seigneur veut que dès son enfance, elle lui soit consacrée dans le temple. En même temps sainte Anne était élevée dans une contemplation très-sublime, et toute absorbée dans le mystère de l’incarnation, elle priait avec ferveur le Seigneur de la rendre digne de voir et de servir cette femme si heureuse et si favorisée qui devait être la mère du Messie attendu. Ce fut alors que le saint archange Gabriel se présenta à elle, lui annonçant que Dieu la choisissait pour être la mère de la très sainte mère de son divin fils. Toute remplie d’une surprise et d’une joie inexprimable, elle alla au temple remercier le Seigneur et lui rendre de dignes actions de grâces. Elle rencontra saint Joachim et lui manifesta les promesses de l’archange, sur quoi ils allèrent tous deux au temple renouveler leurs voeux et rendre de vives actions de grâces à l’auteur de ces merveilles. Ils s’en retournèrent à la maison, s’entretenant entr’eux des faveurs signalées qu’ils avaient reçues du Très-Haut, et ils se communiquèrent à cette occasion la première Visite de l’ange ainsi que l’ordre qu’ils avaient reçu de se marier ensemble et dont ils n’avaient jamais parlé. La prudente sainte Anne ne découvrit point à son époux que l’enfant promise dût être la mère du Messie, car l’archange le lui avait défendu.

La plénitude des temps étant arrivée, les trois personnes divines, suivant notre faible manière de concevoir, dirent entre-elles: « Il est temps que nous commencions l’ouvrage de notre bon plaisir, et que nous créions cette pure créature qui nous est chère sur toutes les autres : il faut qu’elle soit exempte de la loi ordinaire de la génération de tous les mortels, afin que la semence du serpent infernal n’ait aucune part en elle. Il est juste que la divinité choisisse pour s’en revêtir une matière très-pure et qui n’ait jamais été souillée parle péché;



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notre équité et notre providence demandent ce qui est le plus décent, le plus parfait, et le plus saint; et cela s’exécutera parce qu’il n’est rien qui puisse résister à notre volonté. Le verbe qui doit se faire homme et servir de maître aux hommes, leur enseignera avec plus d’efficacité à honorer leurs parents, en donnant le premier l’exemple, d’honorer celle qu’il a choisie pour sa mère; entre les honneurs qu’il lui rendra, le premier sera la grâce de ne jamais être assujettie à ses ennemis. Puisqu’il doit être le rédempteur du genre humain, il est convenable qu’il exerce d’abord cet office à l’égard de sa propre mère: elle doit avoir une rédemption particulière et pour cela être préservée par avance du péché; ainsi elle sera toute pure et immaculée, et le fils de Dieu se réjouira en voyant entre sa mère terrestre et son père céleste la ressemblance la plus parfaite qui soit possible entre Dieu et la créature. » Tel fut le décret que les personnes divines manifestèrent aux anges bienheureux. Avec une profonde humilité prosternés devant le trône divin, ils louèrent Dieu et lui rendirent de très-vives actions de grâces, d’avoir enfin exaucé la prière qu’ils faisaient depuis la grande bataille avec Lucifer pour l’accomplissement du mystère de l’incarnation qui leur avait été révélé. Chacun d’eux désirait avec une sainte émulation d’être employé pour former la cour du fils de Dieu et de sa très-pure et sainte mère.

Vingt ans s’étaient déjà écoulés depuis le mariage de saint Joachim avec sainte Anne: Joachim avait donc soixante ans et sainte Anne en avait quarante-quatre. Suivant la promesse divine, ils engendrèrent cet enfant qui devait être la mère de Dieu d’une manière vraiment merveilleuse. Tout s’y passa selon l’ordre commun des autres conceptions, néanmoins la vertu du Très-Haut ôta à celle-ci ce qu’il y avait d’imparfait et de désordonné, ne lui laissant que le pur nécessaire,





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selon les lois de la nature, afin que le corps le plus excellent qui fut et qui sera jamais entre les pures créatures fut formé sans la moindre imperfection. La vertu divine se découvre surtout dans l’opération miraculeuse qui enleva à sainte Anne sa stérilité naturelle. Mais cette opération fut surtout merveilleuse en ce que la grâce éloigna entièrement des saints Parents toute sorte de sensualité et que l’aiguillon du péché originel n’y eut aucun part: ainsi donc, ce qui servit à cette très pure conception n’étant accompagné d’aucune imperfection, le péché ne s’y trouva point et n’y eut aucun pouvoir. La sagesse et le pouvoir du Très-Haut prirent un soin tout particulier de la formation du corps très-pur de Marie, il fut composé selon le poids et la plus parfaite mesure, tant en la quantité qu’en la qualité des humeurs naturelles afin que par la juste proportion de ce mélange incomparable, il aidât sans empêchement les opérations d’une âme aussi sainte que celle qui devait l’animer. Ce petit corps reçut un tempérament si accompli et des facultés si riches que la nature n’aurait jamais formé, à elle seule, rien de semblable. Suivant notre manière de concevoir, Dieu mit plus de soin à le composer et à le former qu’il n’en mit à former tous les cieux et tout ce que renferme l’univers.