27 mai – SAINTE MARIE-MAGDELEINE
DE PAZZI,
VIERGE. ( XVIIe
SIÈCLE ).
La sainte que l’Église honore en ce
jour naquit, en 1566, à Florence, de l’illustre famille des Pazzi, alliée à la
maison souveraine des Médicis.
Elle reçut au baptême le nom de Catherine,
en l’honneur de sainte Catherine de Sienne, pour laquelle on lui vit toujours
une grande dévotion.
Dès les premières lueurs de raison,
elle laissait apercevoir d’heureux présages de l’éminente sainteté à laquelle
DIEU la destinait.
À l’âge de sept ans, son amour pour
les pauvres était si vif, qu’elle se privait de manger pour les nourrir.
Ennemie des jeux de l’enfance, elle
quittait ses compagnes et se retirait à l’écart pour prier.
Elle se faisait un véritable bonheur
d’instruire les pauvres enfants de la campagne et d’apprendre aux filles des
fermiers de son père ce qu’elle savait des principes de la religion.
Lorsqu’elle eut huit ou neuf ans,
son amour pour la prière augmenta tellement, que son seul bonheur était de
parler à DIEU ou de DIEU, de méditer sur
la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et de retracer en elle, par les
macérations de la chair, la vie du Sauveur crucifié.
On ne pourrait exprimer jusqu’où
allait son désir de la divine Eucharistie ; elle aimait à se trouver
auprès des personnes qui venaient de communier, et il semblait que l’amour lui
fit sentir l’odeur de la présence de Jésus-Christ.
Cette rare dévotion détermina son
confesseur à devancer à son égard le temps où l’on permet aux enfants de
participer au divin Sacrement de l’autel.
Elle n’avait que dix ans lorsqu’elle
reçut le corps de Jésus-Christ pour la première fois, et à douze ans elle se
donna au Seigneur par le vœu de virginité.
Ses parents la placèrent alors comme
pensionnaire chez les religieuses de Saint-Jean, à Florence.
Cette entière séparation du monde
lui causa une grande joie ; dès lors, elle employait quatre heures par jour
à la méditation, et passait ce temps-là à genoux ; elle s’appliquait, en
un mot, à la pratique de toutes les vertus.
Son père travaillait cependant à lui
procurer un établissement digne de sa naissance ; mais la jeune vierge
répondit qu’elle avait choisi Jésus pour son unique époux.
Elle demanda en même temps la
permission d’entrer en religion. Ses parents éprouvèrent de toutes manières sa
vocation pendant trois mois, et lui donnèrent enfin le consentement désiré.
Elle entra chez les Carmélites, au monastère
de Saint-Frédéric, situé dans un faubourg de Florence, et prit l’habit le 30
janvier 1583. Elle avait alors quinze ans environ.
Après la cérémonie, elle se jeta aux
pieds de la maîtresse des novices, la priant de ne pas la ménager, afin qu’elle
pût s’accoutumer à la pratique des renoncements et des humiliations.
Elle fit, durant son noviciat,
l’admiration de toutes celles qui furent témoins de sa ferveur et de sa
charité.
Une maladie par laquelle DIEU
l’éprouva ne servit qu’à faire éclater en elle les vertus les plus héroïques.
Rien n’était plus touchant que le
désir dont elle brûlait de souffrir pour Celui qui est mort pour nous.
Une des sœurs lui ayant demandé un
jour d’où lui pouvaient venir cette patience et cette force qui faisaient qu’elle
ne se plaignait jamais et ne parlait pas même de ses maux, elle lui répondit,
en montrant le crucifix qui était auprès de son lit :
« Voyez ce que l’amour infini de
DIEU a fait pour mon salut. Ce même amour voit ma faiblesse et me donne du
courage. Ceux qui se rappellent les souffrances de Jésus-Christ et offrent les
leurs à DIEU, en union avec celles du Sauveur, ne trouvent rien que de doux et
d’aimable dans tout ce qu’ils souffrent. »
Elle fit profession le 17 mai
1584 : elle changea alors son nom de Catherine pour celui de
Marie-Magdeleine, qu’elle honorait comme le parfait modèle des âmes pénitentes.
Sa profession faite, elle eut
plusieurs ravissements et reçut des consolations ineffables pendant quarante
jours, et surtout après les communions.
Elle s’efforçait de dérober à ses
sœurs la connaissance des faveurs qu’elle recevait ; et, loin de s’en
prévaloir, elle les rapportait à la bonté toute gratuite de son DIEU ;
elle en prenait occasion de s’humilier de plus en plus et de purifier, avec un
nouveau soin, les affections de son cœur.
Les transports de son âme pour son
divin Sauveur étaient tels, que souvent elle ne les pouvait contenir, et
s’écriait :
« Ô amour ! Faut-il que l’amour
ne soit pas aimé, ni même connu de ses propres créatures ? Ô mon
Jésus ! que n’ai-je une voix assez forte pour me faire entendre jusqu’aux
extrémités du monde ! Je publierais partout que cet amour doit être connu,
aimé, estimé comme le seul vrai bien ; mais le détestable poison de
l’amour-propre dérobe aux hommes cette sublime connaissance et les rend
incapables d’y parvenir. »
D’autres fois, elle invitait toutes
les créatures à se changer en autant de langues pour louer, bénir, glorifier
les trésors immenses de l’amour divin.
Lorsque son oraison était
interrompue par la nécessité de vaquer aux devoirs publics, ou de prendre un
peu de repos, il lui arrivait de dire :
« Comment puis-je me reposer, quand
je considère que DIEU est si grièvement offensé sur la terre ? Ô
amour ! je le fais par obéissance et pour me conformer à votre sainte
volonté. »
Sainte Marie-Magdeleine de Pazzi
aimait trop Jésus-Christ pour ne pas désirer le suivre dans la voie rude des
souffrances.
Ce divin Sauveur, pour éprouver sa
servante, permit donc qu’elle fût tourmentée horriblement par des tentations
d’impureté, de gourmandise, d’infidélité et de blasphème.
Son imagination était souvent
remplie de pensées abominables qui la jetaient dans un état affreux.
Elle ne goûtait aucun repos, malgré
ses ferventes prières à Jésus-Christ et à la reine des Vierges.
Les disciplines, les cilices armés
de pointes de fer ne pouvaient lui rendre le calme : elle se croyait
abandonnée à la fureur des puissances infernales..
Les pensées de blasphème et
d’infidélité la poursuivaient avec tant de violence, que quelquefois elle
criait à ses sœurs :
« Priez pour moi, afin que je ne
blasphème pas le Seigneur, au lieu de le louer. »
Le jeûne lui devenait pénible et
insupportable.
À tant de maux se joignait le mépris
de la communauté. On traitait d’illusion les grâces extraordinaires qu’on avait
admirées en elle.
DIEU, cependant, n’abandonnait pas
entièrement sa servante ; il la soutenait, et chaque fois qu’elle méditait sur la Passion de Jésus-Christ, elle se
sentait fortifiée et enflammée d’un nouveau désir d’exprimer encore plus
parfaitement en elle l’Homme des
douleurs.
Cet état de désolation dura cinq
ans. Enfin DIEU rendit le calme à la sainte et la consola par sa divine
présence, le jour de la Pentecôte de l’année 1590.
Ce retour des consolations fut suivi
de beaucoup d’autres grâces singulières.
DIEU la favorisa du don des
prophéties.
Elle prédit à Léon XI son élévation
à la papauté, et lui dit en même temps qu’il mourrait peu de temps après son
élection, ce qui fut vérifié par l’événement.
En 1598, on la fit
maîtresse des novices, et elle exerça cet emploi pendant six ans.
En 1604, on l’élut sous-prieure, et
elle fut continuée dans cette charge jusqu’à sa mort.
Rien n’était capable d’interrompre
son union avec DIEU ; en toutes choses, elle envisageait uniquement sa
volonté et le désir de lui plaire.
Sa maxime ordinaire était :
« Que le volonté de DIEU est
toujours aimable ! que notre bonheur est grand ! —disait-elle à
ses sœurs — nous trafiquons avec DIEU, et toujours à notre avantage,
lorsque nous agissons dans la vue de lui plaire et de l’honorer. Venez — disait-elle
d’autres fois— venez et aimez celui qui vous aime tant. Ô amour !
je meurs de douleur quand je vous vois si peu connu et si peu aimé ! Ô
amour, amour ! si vous ne savez où vous reposer, venez à moi, et je vous
logerai. Ô âmes créées pour l’amour ! pourquoi n’aimez-vous pas ? »
Marie-Magdeleine était dévorée de
zèle pour le salut des âmes ; aussi versait-elle continuellement des
larmes dans la vue d’obtenir la conversion des infidèles, des hérétiques, des apostats et des pécheurs, et
engageait-elle tous ceux qui avaient quelque rapport avec elle à rapporter
leurs bonnes œuvres à cette fin.
Sa dévotion à l’Eucharistie était
telle, ainsi que nous l’avons remarqué, que rien ne lui paraissait comparable
au bonheur de communier.
« Pour me le procurer, disait-elle,
je ne balancerais pas d’entrer, s’il était nécessaire, dans la caverne d’un
lion, et de m’exposer à toutes sortes de souffrances. »
Son humilité tenait du
prodige ; elle se regardait comme l’opprobre du monastère, le rebut de la
communauté et la plus abominable des créatures. Elle se réjouissait d’être
oubliée, méprisée, réprimandée et d’être employée aux plus bas offices de la
maison.
De violents maux de tête et de
poitrine, accompagnés de fièvre et de crachements de sang, lui causèrent de
vives douleurs pendant les dernières années de sa vie : une humeur
scorbutique lui fit tomber toutes les dents.
D’un côté, elle désirait d’être
affranchie des liens du corps pour aller se réunir à Jésus-Christ ; de
l’autre, elle désirait vives, afin de continuer de souffrir, et de souffrir
même sans consolation pour l’objet de son amour.
Sentant approcher sa fin, elle
exhorta les religieuses à la ferveur et à l’amour des croix ; elle demanda
ensuite le sacrement d’Extrême-Onction, qui lui fut administré, et elle
communia tous les jours jusqu’à sa mort, qui arriva le 25 mai 1607.
Elle était âgée de quarante-un ans,
un mois, et vingt-quatre jours.
Urbain VIII la béatifia en 1626, et
Alexandre VII la canonisa en 1669.
Son corps, qui n’a pas été sujet à
la corruption du tombeau, se garde à Florence dans une belle châsse.
DIEU a accordé plusieurs guérisons
miraculeuses par l’intercession de sa servante.
PRATIQUES. — Ne soyons pas ennemis des souffrances ;
efforçons-nous de pratiquer les devoirs du christianisme. Ces devoirs
paraissent pénibles au commencement, mais ils sont ensuite doux et agréables,
selon ce que dit la sainte Écriture :
« Les voies de la
sagesse sont des voies de plaisir et tous ses sentiers sont des sentiers de
paix. »
PRIÈRE. — Ô DIEU de charité ! embrasez nos cœurs du
feu sacré de votre saint amour. Soyez, ô Jésus, loué, adoré et remercié partout
et toujours.
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