9 novembre
LA DÉDICACE DE L’ÉGLISE
DU SAUVEUR ( IVe SIÈCLE ).
Dès les premiers
jours du christianisme, les disciples du Sauveur Jésus, en quelque lieu qu’ils
fussent disséminés, dressèrent des chapelles ou oratoires ( 1 )
( 1 ) 1 Cor. XI, 22. Voir S. Aug., S. Basil.,
S. Crysostom., ibid.
et en dehors des
persécutions, des temples ( 2 )
( 2 ) Eusèbe ( Hist. , liv. 8,
chap. 1) nous apprend que, pendant la paix dont jouirent les chrétiens, de
Valérien à Dioclétien, les anciennes églises n’étant plus assez vastes, on en
fit bâtir de nouvelles plus spacieuses.
destinés à la
prière commune, au sacrifice de l’auguste victime et à la réception de la
divine Eucharistie. Il y avait par conséquent un autel, dans ces oratoires et
ces temples. Cette conséquence est un point de doctrine unanimement enseigné
par tous les Pères de l’Église ( 3 ).
( 3 ) Voir, entre autres, S. Ignace, Ep.
ad Magnesium et ad Philadeph. , etc. Il y dit expressément qu’il y avait en
chaque église un oratoire, un autel et un évêque.
Mais il n’y avait
pas encore alors des rites solennels pour consacrer les temples, les oratoires et
les autels. On les bénissait sans doute, comme tout ce que l’on destinait au
culte de DIEU ( 4 );
( 4 ) Les premiers chrétiens bénissaient leur nourriture, leurs maisons,
leurs vêtements. Ils bénissaient à plus forte raison les lieux destinés au
culte de DIEU. Il est de tradition, à Rome, que saint Pierre bénit et changea
en église la maison du sénateur Pudens.
mais on ne les
consacrait pas solennellement avec le saint-chrême, de manière à exprimer la
figure de Jésus-Christ, qui est tout à la fois notre autel, notre victime et
notre Pontife. C’est saint Silvestre, qui institua la consécration solennelle
des églises et des autels, et voici à quelle occasion: Constantin venait d’être
guéri miraculeusement de la lèpre par la réception du sacrement de baptême, que
le pape saint Silvestre lui avait conféré. En reconnaissance de ce bienfait, il
publia un édit par lequel il permettait aux chrétiens de se bâtir des temples
et d’exercer leur culte dans toute l’étendue de l’empire, c’est-à-dire dans
tout l’univers connu. Il fit plus, afin d’encourager les fidèles par son
exemple, il dédia une église au Sauveur dans son palais de Latran ( 5 ),
( 5 ) Ce palais était l’ancienne maison du sénateur Publius Latéranus, que
Néron fit mettre à mort.
et à côté de ce
palais, à l’endroit même où il avait reçu le baptême et la guérison
miraculeuse, il fit élever un baptistère sous le nom de saint Jean-Baptiste.
Saint Silvestre consacra solennellement cette église, le 9 novembre, dans le premier quart du IVe siècle. C’est donc l’anniversaire de la première basilique solennellement consacrée,
que l’Église célèbre en ce jour. Ce
fut aussi à pareil jour que, pour la première fois, on vit la figure auguste du
Sauveur, peinte sur les murs d’une église. On n’aurait osé auparavant l’exposer
aux outrages et aux profanations des persécuteurs. Quant à l’autel que saint Silvestre
consacra, il était de bois, selon l’usage suivi jusqu’alors, toujours à cause
des persécutions, pendant lesquelles les évêques et les prêtres n’ayant de
sûreté nulle part, avaient besoin d’un autel portatif pour sacrifier où ils
pourraient. Cet autel de bois avait la forme d’un petit coffre, et, selon la
tradition, c’était celui même dont saint Pierre et les pontifes qui lui
succédèrent jusqu’à saint Silvestre se seraient servis. Ce dernier, par respect
pour cette noble destination, le plaça honorablement dans la basilique de Latran, et en interdit l’usage
à tout autre qu’aux pontifes romains, dans la célébration des saints mystères.
Il prescrivit ensuite de ne consacrer que des autels en pierre, attendu qu’aux
mauvais jours des persécutions avaient succédé une ère plus heureuse, celle d’une
paix stable, et un triomphe glorieux pour l’Église.
La basilique de
Latran a subi depuis des phases diverses; le temps, qui se plait à détruire
tous les monuments qu’élève la main de l’homme, l’a vue tour à tour incendiée,
dévastée, renversée par les tremblements de terre, restaurée par différents
papes, et enfin entièrement rebâtie par Benoît XIII, qui consacra
solennellement la nouvelle basilique en avril 1726, et fixa l’anniversaire de
cette consécration au 9 novembre. Depuis Constantin jusqu’à l’émigration des
papes à Avignon, au XIVe siècle, ceux-ci faisaient leur résidence au palais de
Latran. Ils l’ont faite depuis au Vatican, mais la basilique de Latran n’en est
pas moins restée la mère et la maîtresse de toutes les églises.
PRATIQUES. – Respect au lieu consacré au culte de DIEU ! C’est
là que s’y accomplissent les mystères les plus redoutables ! Les murs et l’autel
ont reçu l’onction sainte. C’est là vraiment le lieu de la prière et du
sacrifice. Allons-y souvent puiser les forces nécessaires pour achever notre pèlerinage;
mais allons-y pénétrés de la grandeur de celui qui y habite et s’y immole, et
de notre néant. C’est le moyen d’être écoutés du DIEU trois fois saint que nous
y invoquons.
PRIÊRE. – Seigneur, quel moyen me resterait-il, après tant
de péchés commis contre votre souveraine majesté, de me réconcilier avec elle,
si vous ne vous immoliez vous-même à votre Père sur nos autels, afin de m’appliquer
les mérites de votre sang ? Soyez béni, Seigneur ! Tout pécheur que je suis, je
puis encore, grâce à vous, prétendre à l’amitié de votre Père, ainsi qu’à l’héritage
céleste.
A.I.
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