19 novembre
SAINTE ÉLISABETH DE
HONGRIE ( XIIIe SIÈCLE ).
Sainte Élisabeth
eut pour père André II, roi de Hongrie, et pour mère, Gertrude, fille du duc de
Carinthie. Dès le berceau, elle fut fiancée à Louis, fils d’Herman, landgrave
de Hesse et de Thuringe. Lorsqu’elle eut atteint l’âge de quatre ans, le
landgrave pria le roi de lui confier la jeune Élisabeth, pour la faire élever à
sa cour, près du jeune Louis, son futur époux. Le roi et la reine de Hongrie
consentirent avec peine à se séparer d’une enfant qu’ils aimaient beaucoup;
enfin, elle fut remise à une gouvernante et amenée en Thuringe, où elle fut
reçue avec une magnificence digne de son rang.
La petite princesse
donna bientôt des marques de la sainteté éminente à laquelle elle arriverait un
jour. Peu curieuse de parures et d’amusements, elle consacrait le plus de temps
qu’elle pouvait à la prière, montrait une grande charité pour les pauvres.
Quand elle était à l’église, elle ôtait sa couronne et les marques de sa
dignité. La princesse Sophie, sa belle-mère, lui en ayant un jour demandé la
raison: « À DIEU ne plaise, répondit-elle, que n’étant qu’une vile créature,
tirée du limon de la terre, j’ose paraître avec une couronne superbe devant mon
DIEU et mon Sauveur couronné d’épines. » En un mot, Élisabeth s’efforçait de
pratiquer l’humilité, le renoncement évangélique, et s’exerçait avec ferveur
dans toutes les vertus.
Une telle conduite
déplaisait beaucoup à Sophie et à Agnès, sa fille, qui ne cessaient de tourner
en ridicule la vertueuse princesse. Les courtisans portèrent encore plus loin
leurs discours et leurs réflexions malignes. Élisabeth ne s’en émut point et
continua à servir le Seigneur de toutes ses forces.
Les persécutions
éprouvèrent la princesse pendant l’absence du jeune landgrave Louis, qui
voyageait pour son instruction. À son retour, il fut charmé des vertus
d’Élisabeth, et il l’épousa lorsqu’elle eut atteint sa quatorzième année. Le
prince Louis était aussi très-vertueux; il laissa donc à son épouse la liberté
de suivre son attrait pour la piété.
Élisabeth profita
de cette liberté pour se prescrire différents exercices de dévotion auxquels
elle fut toujours fidèle. Elle voulut même se livrer à des austérités qui
pouvaient altérer sa santé; mais son directeur, qui était un homme d’un vrai
mérite, eut la prudence de la retenir dans de justes bornes, en lui disant
qu’il fallait regagner par son humilité ce qu’elle perdait du côté des
mortifications. Docile à ces avis, elle demandait souvent à DIEU la grâce de
connaître son néant devant lui.
Elle avait souvent
recours à la prière; elle se levait même toutes les nuits pour y donner un
temps considérable. Elle joignait à ce saint exercice le soin assidu des
pauvres et des malades: presque tous les ouvrages qui sortaient de ses mains n’étaient
que pour leur usage. Sa famille n’en était pas moins réglée. Tout son palais
paraissait plutôt un monastère que la cour d’une princesse. DIEU y était servi
fidèlement; chacun se faisait un devoir de marcher sur les traces d’Élisabeth.
Le landgrave, qui
voyait que la sagesse avait été accordée à sa femme, se faisait un plaisir de
l’instruire des affaires de l’État; et quand il était absent, il lui en laissait
le gouvernement; Élisabeth ne se servait de cette autorité que pour le bien
public, et de ceux surtout qui étaient dans le malheur. Pendant une famine qui
survint en Allemagne, en 1225, elle fit donner aux pauvres le blé qu’on avait
recueilli dans ses terres, en l’absence de son mari qui était en Italie, auprès
de l’empereur Frédéric. Ce prince, à son retour, approuva la conduite
d’Élisabeth, sans écouter les plaintes de ses intendants. Pour soulager les
pauvres infirmes qui ne pouvaient venir chercher l’aumône au château, qui était
sur une haute montagne, elle fit bâtir au bas un hôpital, où elle allait les
servir de ses propres mains: elle prenait un soin particulier de leurs enfants.
Elle nourrissait neuf cents indigents tous les jours. Cette attention pour les
pauvres, le détail dans lequel elle entrait en leur faveur fut un jour traité
devant elle de vertu qui ne convenait pas à la dignité royale.
« Ce qui vous
paraît indigne de moi, répondit-elle, purifie mes fautes: gardons-nous bien de
mépriser les moyens que le Seigneur a établis pour nous sanctifier. »
Cependant le
landgrave se croisa pour aller en Palestine avec l’empereur Frédéric
Barberousse; il alla le rejoindre dans le royaume de Naples; mais lorsqu’il
était sur le point de s’embarquer, il fut attaqué d’une fièvre maligne à
Otrante. Il demanda les secours de l’Église, et mourut dans de grands
sentiments de piété, le 11 septembre 1227. La nouvelle de cette mort remplit
d’amertume le cœur d’Élisabeth; mais elle se soumit généreusement aux ordres de
la Providence.
« Puisque mon frère ne
vit plus, dit-elle, je mourrai à moi-même, au monde et à toutes ses vanités. »
Mais ce ne fut là que le prélude des tribulations qui l’attendaient.
L’envie, la haine,
l’ambition, qui n’avaient osé se montrer du vivant du landgrave, se réunirent
pour la perdre. On l’accusa d’avoir ruiné l’État par ses aumônes excessives, et
on dit que son fils Herman était trop jeune pour gouverner, et on mit sur le
trône Henri, frère de Louis. Le nouveau landgrave chassa Élisabeth du palais,
la dépouilla de ses biens, et défendit de lui donner asile, ainsi qu’à ses
enfants. Élisabeth supporta cette épreuve avec joie. Son oncle, l’évêque de
Bamberg, ayant appris l’indigne traitement qu’on faisait éprouver à sa sainte
nièce, lui fit offrir un asile. Bientôt, aidée des plus puissants barons du
landgraviat, elle obtint qu’on lui rendît son douaire, dont elle distribua les
revenus aux pauvres. Elle ne voulut pas se mêler du gouvernement, mais elle
demanda qu’il fût réservé à son fils.
Élisabeth passa les
trois dernières années de sa vie dans la pratique des plus héroïques vertus;
elle embrassa la règle du tiers-ordre de Saint-François, fit vœu d’obéissance à
son confesseur. Elle se nourrissait de pain, d’herbes et d’eau. Enfin, sentant sa
fin approcher, elle institua Jésus-Christ son héritier en la personne des
pauvres; elle fit une confession générale de toute sa vie, reçut les sacrements
de l’Église, et ne cessa, jusqu’à son dernier soupir, de s’entretenir des
mystères de la vie et des souffrances du Sauveur. Elle s’endormit dans le
Seigneur le 19 octobre 1231, à l’âge de vingt-quatre ans.
PRATIQUES. – DIEU ne demande pas toujours de nous des
austérités extraordinaires; mais rien ne nous dispense des pratiques de
l’humilité; elles ne peuvent nuire à notre santé.
PRIÈRE. – Seigneur, vous avez toujours été pauvre, et nous
désirons d’être riches; changez notre cœur, afin que nous soyons vos disciples.
A.I.
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