Sunday, 24 November 2013

24 novembre SAINT JEAN DE LA CROIX, PREMIER CARME DÉCHAUSSÉ ( XVIe SIÈCLE ).

24 novembre
SAINT JEAN DE LA CROIX, PREMIER CARME DÉCHAUSSÉ  ( XVIe SIÈCLE ).

Saint Jean de la Croix naquit en 1542, à Fontibère, près d’Avila, dans la vieille Castille. Sa mère lui inspira de bonne heure une tendre dévotion pour la très-sainte Vierge; aussi fut-il délivré de plusieurs dangers par la protection visible de celle qu’il invoquait avec tant de ferveur.
Sa mère, devenue veuve et restée sans secours avec trois enfants en bas âge, se retira avec eux à Médina, et envoya Jean au collège pour y apprendre les premiers éléments de la grammaire; il fit de grands progrès dans la piété et pratiquait des austérités incroyables, tout en continuant ses études au collège des Jésuites.
Lorsqu’il eut atteint sa vingt-unième année, il prit l’habit chez les Carmes à Médina, et ce fut sa dévotion pour la sainte Vierge qui le détermina de préférence pour cet ordre religieux. Jamais novice ne montra plus de soumission, d’humilité, de ferveur et d’amour de la croix. Son zèle, après son noviciat, ne cessa de prendre de nouveaux accroissements. Il priait continuellement, et mettait en pratique cette maxime fondamentale: que celui qui veut être parfait doit d’abord faire toutes ses actions en union avec celles de Jésus-Christ, désirant l’imiter et se revêtir de son esprit; en second lieu, mortifier ses sens en toutes choses, et leur refuser tout ce qui ne peut point être rapporté à la gloire de DIEU.
Après avoir achevé son cours de théologie à Salamanque, il fut ordonné prêtre, et se prépara à la célébration de sa première messe par de nouvelles mortifications, de ferventes prières et de longues méditations sur les souffrances de Jésus-Christ. Les grâces qu’il reçut alors augmentèrent encore en lui l’amour de la solitude, et il délibéra sur la pensée qui lui était venue d’entrer dans l’ordre des Chartreux.
Sainte Thérèse, qui travaillait alors à la réforme du Carmel, ayant eu l’occasion d’aller à Médina-del-Campo, vit et entretint le saint religieux, qui fut le premier carme de la réforme. Bientôt plusieurs de ses frères vinrent le rejoindre dans le pauvre monastère de Durville. Telle fut l’origine des Carmes déchaussés, dont l’institut fut approuvé en 1568 par Pie V, et confirmé par Grégoire XIII en 1580.
L’exemple et les exhortations de Jean inspiraient aux religieux l’esprit de retraite, d’humilité et de mortification. Son amour pour les souffrances augmentait tous les jours, et il travaillait à former en lui une ressemblance parfaite avec Jésus-Christ crucifié. Mais aux faveurs et aux lumières succédèrent bientôt les sécheresses, les troubles et les scrupules; les hommes l’assaillirent par de noires calomnies, et l’enfer lui fit éprouver les tentations les plus violentes. Rien ne fut capable de l’ébranler, et le calme revint dans son âme, mais non pour y durer toujours. La vie de Jean de la Croix offre une continuelle vicissitude de croix et de privations, de visites et de faveurs célestes.
Sainte Thérèse, prieure du couvent d’Avila, éprouvait de grandes difficultés pour établir la réforme parmi ses religieuses; en 1576 elle établit Jean de la Croix directeur du couvent, et bientôt son zèle et ses exhortations triomphèrent de la résistance; les religieuses corrigèrent les abus et embrassèrent une vie de retraite et de pénitence.
Jean eut bien plus à souffrir de la part des anciens carmes. S’étant rendu au chapitre de l’ordre, tenu à Placentia, il fut condamné comme un fugitif et un apostat, conduit à Tolède et emprisonné dans une étroite cellule. Il y passa neuf mois, et fut enfin délivré par le crédit de sainte Thérèse et une protection visible de la Mère de DIEU.
À peine eut-il été mis en liberté, qu’il fut établi supérieur du couvent du Calvaire, situé dans un désert. En 1585, il fut fait vicaire provincial d’Andalousie, et premier définiteur de l’ordre en 1588. Les divers emplois qu’il exerça ne lui firent jamais rien diminuer de ses austérités. Il ne dormait que deux ou trois heures chaque nuit, et passait le reste en prière devant le Saint-Sacrement. Il demandait souvent à DIEU trois choses: la première, de ne passer aucun jour sans souffrir quelques choses; la deuxième, de ne pas mourir supérieur; la troisième, de finir sa vie dans l’humiliation, la disgrâce et le mépris. Le nom seul de croix le fit tomber en extase, et la vue d’un crucifix lui donnait des ravissements d’amour et le faisait fondre en larmes. On n’admirait pas moins son amour pour le prochain, surtout pour les pauvres, les malades et les pécheurs.
Dans le chapitre tenu à Madrid, en 1591, Jean dit avec liberté son avis contre les abus que quelques chefs de l’ordre toléraient ou voulaient introduire. Cela réveilla les mauvaises dispositions à son égard; il fut dépouillé de tous ses emplois. Revenu avec joie à l’état de simple religieux, il se retira au couvent de Pégnuela. Jean, dans sa retraite, se livra tout entier à la pratique des austérités et à l’exercice de la contemplation. Enfin il tomba malade, et il ne put longtemps cacher son état. Comme le couvent de Pégnuela était pauvre, le provincial permit à Jean de choisir entre deux couvents où il pouvait trouver les secours qui lui étaient nécessaires. Il choisit, par amour des souffrances, le couvent le plus pauvre, et où en même temps le prieur était un religieux qui l’avait maltraité. La fatigue du voyage augmenta considérablement l’inflammation qu’il avait à une jambe et qui fut bientôt accompagnée d’ulcères; il fallut en venir à des opérations douloureuses, qu’il supporta sans se plaindre, et même sans pousser un soupir. Au fort de ses peines, il baisait son crucifix et le pressait sur son cœur.
Deux heures avant sa mort, il récita tout haut le psaume Miserere avec ses frères; puis prononçant ces paroles: « Seigneur, je remets mon âme entre vos mains, » il expira tranquillement le 14 décembre 1591, à l’âge de 49 ans, après en avoir passé 28 dans la vie religieuse.
Le serviteur de DIEU fut canonisé en 1726, par Benoit XIII, et sa fête fixée au 24 novembre dans le bréviaire romain. Son corps se garde à Ségovie.
 PRATIQUES. — La sainte Vierge, les Apôtres et tous les saints ont bu à la coupe des afflictions. Comment supportons-nous les croix qui nous arrivent ?
PRIÈRE. — Ô Jésus, faites-nous aimer la croix, l’humilité et la mortification. ( 1 )
( 1 ) Chez Régis Buffet. Paris, Bruxelles, Œuvres de saint Jean de la Croix.

A.I.

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