24 novembre
SAINT JEAN DE LA CROIX, PREMIER CARME DÉCHAUSSÉ
( XVIe SIÈCLE ).
Saint Jean de la
Croix naquit en 1542, à Fontibère, près d’Avila, dans la vieille Castille. Sa
mère lui inspira de bonne heure une tendre dévotion pour la très-sainte Vierge;
aussi fut-il délivré de plusieurs dangers par la protection visible de celle qu’il
invoquait avec tant de ferveur.
Sa mère, devenue
veuve et restée sans secours avec trois enfants en bas âge, se retira avec eux
à Médina, et envoya Jean au collège pour y apprendre les premiers éléments de
la grammaire; il fit de grands progrès dans la piété et pratiquait des
austérités incroyables, tout en continuant ses études au collège des Jésuites.
Lorsqu’il eut
atteint sa vingt-unième année, il prit l’habit chez les Carmes à Médina, et ce
fut sa dévotion pour la sainte Vierge qui le détermina de préférence pour cet
ordre religieux. Jamais novice ne montra plus de soumission, d’humilité, de
ferveur et d’amour de la croix. Son zèle, après son noviciat, ne cessa de
prendre de nouveaux accroissements. Il priait continuellement, et mettait en pratique
cette maxime fondamentale: que celui qui veut être parfait doit d’abord faire
toutes ses actions en union avec celles de Jésus-Christ, désirant l’imiter et
se revêtir de son esprit; en second lieu, mortifier ses sens en toutes choses,
et leur refuser tout ce qui ne peut point être rapporté à la gloire de DIEU.
Après avoir achevé
son cours de théologie à Salamanque, il fut ordonné prêtre, et se prépara à la
célébration de sa première messe par de nouvelles mortifications, de ferventes
prières et de longues méditations sur les souffrances de Jésus-Christ. Les
grâces qu’il reçut alors augmentèrent encore en lui l’amour de la solitude, et
il délibéra sur la pensée qui lui était venue d’entrer dans l’ordre des
Chartreux.
Sainte Thérèse, qui
travaillait alors à la réforme du Carmel, ayant eu l’occasion d’aller à
Médina-del-Campo, vit et entretint le saint religieux, qui fut le premier carme
de la réforme. Bientôt plusieurs de ses frères vinrent le rejoindre dans le
pauvre monastère de Durville. Telle fut l’origine des Carmes déchaussés, dont l’institut
fut approuvé en 1568 par Pie V, et confirmé par Grégoire XIII en 1580.
L’exemple et les
exhortations de Jean inspiraient aux religieux l’esprit de retraite, d’humilité
et de mortification. Son amour pour les souffrances augmentait tous les jours,
et il travaillait à former en lui une ressemblance parfaite avec Jésus-Christ
crucifié. Mais aux faveurs et aux lumières succédèrent bientôt les sécheresses,
les troubles et les scrupules; les hommes l’assaillirent par de noires
calomnies, et l’enfer lui fit éprouver les tentations les plus violentes. Rien
ne fut capable de l’ébranler, et le calme revint dans son âme, mais non pour y
durer toujours. La vie de Jean de la Croix offre une continuelle vicissitude de
croix et de privations, de visites et de faveurs célestes.
Sainte Thérèse,
prieure du couvent d’Avila, éprouvait de grandes difficultés pour établir la
réforme parmi ses religieuses; en 1576 elle établit Jean de la Croix directeur
du couvent, et bientôt son zèle et ses exhortations triomphèrent de la
résistance; les religieuses corrigèrent les abus et embrassèrent une vie de
retraite et de pénitence.
Jean eut bien plus
à souffrir de la part des anciens carmes. S’étant rendu au chapitre de l’ordre,
tenu à Placentia, il fut condamné comme un fugitif et un apostat, conduit à
Tolède et emprisonné dans une étroite cellule. Il y passa neuf mois, et fut
enfin délivré par le crédit de sainte Thérèse et une protection visible de la
Mère de DIEU.
À peine eut-il été
mis en liberté, qu’il fut établi supérieur du couvent du Calvaire, situé dans
un désert. En 1585, il fut fait vicaire provincial d’Andalousie, et premier
définiteur de l’ordre en 1588. Les divers emplois qu’il exerça ne lui firent
jamais rien diminuer de ses austérités. Il ne dormait que deux ou trois heures
chaque nuit, et passait le reste en prière devant le Saint-Sacrement. Il
demandait souvent à DIEU trois choses: la première, de ne passer aucun jour
sans souffrir quelques choses; la deuxième, de ne pas mourir supérieur; la
troisième, de finir sa vie dans l’humiliation, la disgrâce et le mépris. Le nom
seul de croix le fit tomber en extase, et la vue d’un crucifix lui donnait des
ravissements d’amour et le faisait fondre en larmes. On n’admirait pas moins son
amour pour le prochain, surtout pour les pauvres, les malades et les pécheurs.
Dans le chapitre
tenu à Madrid, en 1591, Jean dit avec liberté son avis contre les abus que
quelques chefs de l’ordre toléraient ou voulaient introduire. Cela réveilla les
mauvaises dispositions à son égard; il fut dépouillé de tous ses emplois.
Revenu avec joie à l’état de simple religieux, il se retira au couvent de
Pégnuela. Jean, dans sa retraite, se livra tout entier à la pratique des
austérités et à l’exercice de la contemplation. Enfin il tomba malade, et il ne
put longtemps cacher son état. Comme le couvent de Pégnuela était pauvre, le
provincial permit à Jean de choisir entre deux couvents où il pouvait trouver
les secours qui lui étaient nécessaires. Il choisit, par amour des souffrances,
le couvent le plus pauvre, et où en même temps le prieur était un religieux qui
l’avait maltraité. La fatigue du voyage augmenta considérablement l’inflammation
qu’il avait à une jambe et qui fut bientôt accompagnée d’ulcères; il fallut en
venir à des opérations douloureuses, qu’il supporta sans se plaindre, et même
sans pousser un soupir. Au fort de ses peines, il baisait son crucifix et le
pressait sur son cœur.
Deux heures avant
sa mort, il récita tout haut le psaume Miserere
avec ses frères; puis prononçant ces paroles: « Seigneur, je remets mon âme entre vos mains, » il expira
tranquillement le 14 décembre 1591, à l’âge de 49 ans, après en avoir passé 28
dans la vie religieuse.
Le serviteur de
DIEU fut canonisé en 1726, par Benoit XIII, et sa fête fixée au 24 novembre dans
le bréviaire romain. Son corps se garde à Ségovie.
PRATIQUES. — La sainte Vierge, les Apôtres et tous les
saints ont bu à la coupe des afflictions. Comment supportons-nous les croix qui
nous arrivent ?
PRIÈRE. — Ô Jésus, faites-nous aimer la croix, l’humilité
et la mortification. ( 1 )
( 1 ) Chez
Régis Buffet. Paris, Bruxelles, Œuvres de
saint Jean de la Croix.
A.I.
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