5 SEPTEMBRE
SAINT LAURENT JUSTINIEN, PREMIER PATRIARCHE DE VENISE ( Xve SIÈCLE ).
Issu de l'ancienne famille de Justiniani, ce saint vit jour à Venise em 1380. Après une enfance déjà grave, et une jeunesse très vertueuse, il suivit l'attrait qui le portait vers la vie contemplative, et embrassa la vie religieuse dans l'ordre des chanoines réguliers de Saint-George-d'Alya, au moment où le siècle lui offrait tous ses appas, et où sa mère songeait à lui procurer un brillant mariage. Celle-ci lui faisait de pressantes instances pour obtenir son consentement, lorsque jetant les yeux sur un crucifix qui se trouvait devant lui:
« Ô Jésus, s'écria-t-il, je mets en vous toutes mes espérances, votre croix est le refuge le plus sûr pour moi. »
Une fois religieux, il maltraita cruellement son corps comme son ennemi le plus redoutable, lui refusant toute espèce de soulagement, même celui de se promener dans le jardin du monastère. Il porta la mortification jusqu'à se priver du plaisir de revenir quelques fois dans la maison paternelle, et il fallut la maladie dont mourut sa mère pour l'y amener. Mais dans cette circonstance, on le vit remplissant pieusement les devoirs d'un bon et tendre fils. Son humilité égalait son esprit de pénitence, elle le portait à faire toujours ce qu'il y a de plus pénible et de plus bas dans le couvent. Il aimait à aller dans les endroits les plus fréquentés de la ville pour demander l'aumône; les refus ou les mépris le trouvaient également impassible. C'est dans la prière qu'il puisait sa force. Ayant été élu, malgré lui, général de son ordre, il le gouverna avec une sagesse admirable. Il en réforma la discipline et en fut regardé presque comme le fondateur. Il voulait que ses religieux observassent la règle avec exactitude; il recevait peu de novices, mais les examinait avec soin, et les exerçait à acquérir surtout une humilité profonde. Le pape Eugène IV, connaissant et appréciant ses vertus, le nomma à l'évêché de Venise em 1433. À la vertu de pauvreté qui se manifesta dans ses vêtements, sa nourriture et son ameublement, il joignit un dévoûment sans borne à son troupeau. Les pauvres, les malheureux et les malades étaient surtout l'objet de son attention et de ses soins. Ce sont les actes de vertu extraordinaires qu'il ne cessait de pratiquer qui le firent nommer patriarche em 1451, par le Souverain-Pontife, qui transféra à Venise le patriarcat de Grado.
Cette nouvelle dignité ne fit que l'exciter à travailler encore avec plus d'ardeur à l'accroissement du règne de Jésus-Christ et à la sanctification des âmes confiées à ses soins.
La république de Venise fut de son temps agitée de violentes secousses et menacée des plus grands dangers; elle dut son salut aux prières du saint patriarche, ainsi que l'assura un saint ermite, qui dit l'avoir appris d'une voie surnaturelle.
Saint Laurent a composé divers ouvrages théologiques; il avait soixante-quatorze ans lorsqu'il acheva le dernier, intitulé 'les degrés de la perfection'. Il fut saisi bientôt après d'une fièvre violente qui le réduisit à la dernière extrémité.
Dans cette dernière maladie, il ne voulut pas qu'on le mît sur un lit ordinaire; mais voulut demeurer sur la planche qui lui avait jusqu'alors servi de couche. Sa fin, qu'il avait prédite, arriva le 8 janvier 1455. Il expira em prononçant ces mots:
« Me voici, ô bon Jésus, je viens à vous. »
Des voix célestes annoncèrent sa mort précieuse; et plusieurs religieux chartreux affirmèrent les avoir entendues. D'autres miracles s'opérèrent par son intercession. Alexandre VIII, après en avoir examiné l'authenticité, le canonisa; et Innocent XII plaça sa fête au 5 septembre, parce que c'était à pareil jour que saint Laurent avait été sacré évêque.
PRATIQUES. - Les âmes bien pénétrées des grandeurs et des perfections de Dieu éprouvent un profond dégoût du monde. Si nous ne pouvons le fuir, à cause des liens que nous avons contractés, du moins dépouillons-nous complètement de son esprit, pour ne vivre que de celui de Jésus-Christ.
PRIÈRE. - Accordez-nous, ô Jésus, la grâce d'une sainte mort, et faites que nous puissions vous dire avec calme et amour, à notre heure suprême: me voici, je viens à vous pour ne plus me séparer de vous pendant les siècles des siècles.
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