Wednesday, 9 October 2013

10 octobre. SAINT FRANÇOIS DE BORGIA, CONFESSEUR ( XVIe SIÈCLE ).

10 octobre.
SAINT FRANÇOIS DE BORGIA, CONFESSEUR ( XVIe SIÈCLE ).
Saint François de Borgia, fils de Jean Borgia, troisième duc de Gandie et grand d’Espagne, naquit à Gandie, petite ville du royaume de Valence, le 28 octobre 1520. On lui donna au baptême le nom de François, parce que sa mère, s’étant trouvée en péril, lorsqu’elle le mit au monde, avait eu recours à l’intercession de saint François d’Assise. Il passa une partie de sa première jeunesse auprès de l’archevêque de Saragosse, son oncle; ensuite on l’envoya à la cour. À l’âge de 18 ans, portant le titre de marquis de Lombay, il épousa Éléonore de Castro, que l’impératrice Isabelle avait amenée de Portugal, et il fut fait premier écuyer de cette princesse ( Isabelle ).
François de Borgia avait eu, dès son enfance, un fonds de piété, que l’air de la cour ne put altérer, et que divers événements contribuèrent encore à augmenter. Isabelle ( 1 )
( 1 ) Femme de Charles-Quint, empereur d’Allemagne et roi d’Espagne.
étant morte à Tolède, l’an 1539, François fut chargé avec son épouse de conduire le corps de l’impératrice à Grenade, où il devait être enterré. Au moment où le cortège arriva dans cette ville, on ouvrit le cercueil, pour que le marquis jurât selon l’usage, que le visage que l’on voyait était celui de l’impératrice. La vue de ce visage défiguré, l’odeur infecte qu’exhalait déjà le cadavre, tout fut pour lui un rayon de lumière intérieure qui le dégoûta entièrement du monde, et l’attacha pour toujours au seul maître de toutes choses.
François, frappé du spectacle qu’il avait vu, voulut avoir des entretiens particuliers avec l’homme de DIEU qui avait prononcé l’oraison funèbre de l’impératrice. Il découvrit au père Avila l’état de sa conscience, et  par ses conseils il fit vœu d’embrasser l’état religieux, s’il survivait à sa femme.
Dans ce temps-là, il fut fait vice-roi de Catalogne et commandeur de l’ordre de saint Jacques; mais ces nouvelles dignités n’affaiblirent point la résolution qu’il avait prise de vivre dans un parfait détachement  du monde, et de ne songer qu’à son salut. Tandis qu’il donnait tous ses soins aux affaires publiques, mortifiant sa chair par toutes les austérités qui sont en usage dans les cloîtres, et prenant sur son sommeil pour donner plus de temps à la méditation et à la prière, trois religieux célèbres par leur vertu et par leur doctrine, dont deux étaient de l’ordre de saint François, l’aidaient de leurs conseils dans les pratiques de la piété. Ce fut par leur avis qu’il fréquenta les sacrements avec plus d’assiduité qu’on ne le faisait pour l’ordinaire de son temps. Il se confessait toutes les semaines; il communiait en public toutes les fêtes solennelles, et en particulier  tous les dimanches. Cette conduite donna lieu à la censure de quelques zélés indiscrets, qui s’imaginèrent que c’était manquer de respect à Jésus-Christ, surtout pour un homme du grand monde, que d’en approcher si souvent. On tâcha de rendre suspecte au Saint la méthode de ceux qui le conduisaient dans la voie du salut. Dans ces circonstances, il jugea convenable de consulter le Père Ignace, qui était alors à Rome, occupé à l’établissement  de sa compagnie. Ignace, ayant connu le détail de sa vie et les dispositions de son cœur par les lettres qu’il lui écrivit, le confirma dans l’habitude où il était de communier tous les dimanches, et l’exhorta à y persévérer.
En 1542, François de Borgia perdit son père et devint, par cette mort, quatrième duc de Gandie. Il saisit cette occasion pour se démettre de la vice-royauté de la Catalogne, et pour obtenir la permission de se retirer dans ses terres.
En 1546, François perdit sa femme, qui lui laissa huit enfants, cinq fils et trois filles. Cette mort lui imposa l’obligation d’accomplir le vœu qu’il avait fait d’embrasser l’état religieux, en cas que sa femme mourût avant lui. Il n’avait alors que 26 ans; mais il ne balança pas un moment à prendre les mesures nécessaires pour accomplir un engagement qui aurait paru pénible à tout autre que lui.
Il fit une retraite sous la conduite de Lefebvre, qui avait été le premier compagnon du Père Ignace, et il ajouta au vœu général  et indéterminé qu’il avait fait d’entrer dans quelque ordre religieux, le vœu particulier d’entrer dans la compagnie de Jésus. Il en écrivit à Ignace, fondateur de cette compagnie, qui lui prescrivit toutes les mesures qu’il avait à prendre pour exécuter son dessein. Le même Saint obtint un bref du pape qui permettait au duc de Gandie de faire secrètement les vœux de profès dans la compagnie de Jésus, et de rester dans le monde quatre ans après l’émission de ses vœux, pour régler toutes les affaires de sa famille et pourvoir à l’établissement de ses enfants.
L’an 1550, il se rendit à Rome, où il prit l’habit de Jésuite, après avoir authentiquement renoncé à toutes ses dignités et à tous ses biens. Il retourna ensuite en Espagne, dans la crainte que le Pape ne le fit cardinal. L’empereur sollicita vivement pour lui cette dignité, et son éloignement précipité ne l’aurait pas empêché d’être élevé au cardinalat, si le Père Ignace n’avait fait au Pape de fortes représentations pour prévenir l’effet des sollicitations de Charles V. Cependant le Pape ne put se dispenser d’offrir le chapeau à François; mais il promit au père Ignace qu’il laisserait ce religieux libre de refuser ou d’accepter cette dignité. Le Saint ne balança pas et refusa, ainsi que le Père Ignace qui connaissait les dispositions de son cœur s’y était attendu.
François travaillait avec zèle au salut des âmes, en Espagne, selon l’esprit du nouvel institut qu’il avait embrassé: il convertit un grand nombre de pécheurs, qui n’étaient pas moins touchés de ses exemples que de ses discours.
Saint Ignace nomma François visiteur dans les royaumes d’Espagne et de Portugal. Lainez, deuxième général de la compagnie de Jésus, et successeur immédiat de saint Ignace, le choisit pour un de ses assistants; ce qui obligea le Saint à se rendre à Rome, où il fut élu lui-même général après la mort de Lainez.
Il s’acquitta de cet emploi avec un zèle et une application extraordinaires, et travailla avec succès à maintenir dans son ordre l’esprit du saint fondateur. Il fut obligé d’accompagner en France le légat Alexandrin, neveu du Pape Pie V, et à son retour à Rome, il mourut en 1572, âgé de 62 ans, et fut canonisé par le pape Clément X, en 1661.
PRATIQUES. — Quel spectacle que celui qu’offrirent aux yeux de saint François de Borgia les hideux ravages de la corruption sur le visage d’une reine qui, peu de jours auparavant, réunissait ce que les mondains estiment le plus, la puissance et la beauté ! Pénétrons-nous comme lui de la vanité des choses humaines, et nous n’estimerons que les biens incorruptibles.
PRIÈRE. — Seigneur, qui, par votre grâce, rendîtes votre Saint si fidèle dans le monde à tout ce que lui imposaient et le soin d’une famille  et le rang où vous l’aviez fait naître, accordez-nous de remplir fidèlement tous nos devoirs, et de procurer votre gloire, autant qu’il sera en nous, dans tous les états où votre divine providence nous aura placés.
A.I.




No comments:

Post a Comment