30 juin –
SAINT PAUL, APÔTRE.
On a rapporté au 25
janvier l’histoire de la conversion de saint Paul. Après qu’il eut été baptisé,
il demeura quelques jours avec les fidèles qui étaient à Damas; plein de
reconnaissance pour la grâce qu’il venait de recevoir, il se hâta d’annoncer
celui qui en était l’auteur, et de prêcher au milieu des synagogues que Jésus
était le Christ et le Fils de DIEU; ainsi, d’ennemi et de persécuteur de
l’Église, il en devint tout d’un coup le zélé défenseur. Comme il savait parfaitement
l’Écriture, qu’il avait l’esprit vif et pénétrant, une douceur qui gagnait tout
le monde et une autorité dans ses paroles qui trouvait créance partout, ses
discours faisaient beaucoup d’impression sur les esprits. On doit ajouter que
la grâce de Jésus-Christ accompagnait toutes ses paroles et y donnait du poids.
Un tel docteur, choisi exprès du ciel pour annoncer la vérité, et revêtu de
qualités propres à la faire connaître, devait sans doute faire de grands
progrès en peu de temps; aussi se convertissait-on en foule après ses
prédications.
Les Juifs ne
pouvant plus souffrir l’avantage que l’Église tirait de sa conversion et de ses
prédications, résolurent de le tuer. Ils portèrent le gouverneur de Damas à
faire garder les portes de la ville pour l’arrêter: mais leur projet ayant été
connu, les fidèles descendirent saint Paul durant la nuit, dans une corbeille,
par une fenêtre qui donnait sur la muraille de la ville. Saint Paul, échappé
des mains de ses persécuteurs par un moyen légitime que la prudence lui
fournit, vint à Jérusalem pour voir saint Pierre. Les disciples, qui n’étaient
pas informés de son changement, le fuyaient, et saint Barnabé fut obligé de
raconter le miracle de sa conversion, et ce qu’il avait déjà fait à Damas.
Depuis ce moment, les disciples eurent confiance en lui, il était toujours avec
eux. Il demeura quinze jours avec saint Pierre, et prêcha pendant tout ce temps
la foi de Jésus-Christ, disputant avec les Juifs étrangers. Comme dans ces
disputes, il avait toujours l’avantage, ils voulurent encore le tuer. Les
fidèles, ayant su leur dessein, le menèrent à Césarée, et de là l’envoyèrent à
Tarse. Il alla ainsi porter la foi en Syrie et en Cilicie, et depuis dans tout
le pays de Judée. Il était revenu à Tarse, lorsque saint Barnabé vint l’y
chercher pour l’emmener à Antioche, afin d’y seconder son zèle et d’y étendre
le règne de Jésus-Christ, qui commençait à s’y établir. Ils allèrent ensuite
tous deux à Jérusalem pour y porter les aumônes des fidèles d’Antioche, vers
l’an 44. Étant revenus dans cette dernière ville, le Saint-Esprit inspira aux
disciples de séparer Paul et Barnabé pour l’ouvrage auquel il les avait
destinés, c’est-à-dire pour l’apostolat; et alors on leur imposa les mains.
Paul, devenu
l’apôtre des Gentils, non par le choix des hommes, mais par la vocation de
DIEU, reçut en même temps toutes les grâces qui étaient nécessaires à son
ministère pour faire éclater la puissance du Seigneur; mais, de peur que ces
dons ne nourrissent dans son cœur cet amour de nous-mêmes qui se fait toujours
sentir même dans les saints, DIEU permit que ce grand apôtre fût agité des plus
violentes tentations, et que cet homme, à qui presque toute la terre devait
obéir, éprouvât malgré lui la révolte de la chair. Combien de fois ne pria-t-il
pas le Seigneur de l’en délivrer ! DIEU ne le voulut pas: il permit même qu’il
fût tenté, mais non qu’il succombât à la tentation. Ma grâce vous suffit, lui dit-il; je perfectionnerai votre vertu par votre infirmité même. En effet,
si d’un côté Paul éprouvait en lui cette humiliation, d’un autre, DIEU se
plaisait à le ravir jusqu’au troisième ciel, pour lui communiquer ses plus
intimes secrets, et l’enfer ne put jamais rien contre lui; aussi, à une
profonde humiliation joignait-il une grande mortification. Il nous apprend
lui-même qu’il châtiait rudement son corps, et qu’il le réduisait en servitude,
de peur qu’il ne fût lui-même repris pour n’avoir pas mis en pratique ce qu’il
enseignait aux autres. Sa pénitence était continuelle; car, outre qu’il prêchait
journellement et toujours avec zèle; qu’il faisait de fréquents voyages pour
faire connaître Jésus-Christ, et qu’il priait beaucoup, il travaillait encore
des mains, et souvent pendant les nuits, non-seulement pour donner l’exemple à
tous les chrétiens de n’être pas oisifs ni à charge aux autres, mais encore
pour tâcher d’avoir lui-même de quoi soulager ses frères. Son travail ordinaire
était de faire des tentes.
Il y avait à
Philippe une fille esclave possédée du démon, qui, en devinant, produisait à ses
maîtres un gain considérable. Cette fille ayant un jour rencontré saint Paul et
ceux qui étaient avec lui, elle les suivit en criant qu’ils étaient serviteurs
du DIEU très-haut, qui annonçait la voie du salut. Saint Paul eut compassion de
cette fille, et commanda au démon de la quitter, et le démon obéit. Ceux à qui
cette fille appartenait, voyant l’espoir de leur gain perdu, se saisirent de
Paul et de Silas, les traînèrent devant les magistrats et se plaignirent que
c’étaient des Juifs qui voulaient introduire parmi eux, qui étaient Romains,
des coutumes contraires à leurs lois. Le peuple accourut sur cela, criant
contre les apôtres; et les magistrats, pour le satisfaire, et sans rien
examiner, les fit battre de verges et conduire en prison, où on leur serra les
pieds dans des ceps, ce qui les obligeait de demeurer couchés sur le dos.
Tant de maux et
d’ignominies, loin de les abattre, les remplirent d’une joie divine; pendant
toute la nuit ils prièrent DIEU à haute voix et avec tant d’ardeur que les prisonniers
les entendaient. Le Seigneur voulut faire voir par le calme des apôtres quelle
est la force d’une prière faite de cœur: toute la maison trembla; les
fondements mêmes en furent ébranlés, les fers des détenus furent rompus. Le
geôlier hors de lui se jeta aux pieds de Paul et de Silas, et leur demanda ce
que lui et les siens devaient faire pour être sauvés; ils l’instruisirent avec
ceux de sa maison et leur donnèrent le baptême. Le lendemain, les magistrats
rendirent la liberté à nos illustres captifs, qui n’en profitèrent que pour
recommencer à annoncer partout l’Évangile. Athènes, Corinthe, Éphèse,
Troade, Milet et quantité d’autres
villes eurent le bonheur de voir Paul et de l’entendre; et partout où il passait,
DIEU bénissait ses paroles et les rendait efficaces sur le cœur d’un grand
nombre. DIEU opérait aussi par lui beaucoup de miracles, jusque-là même que les
linges qui avaient touché son corps, étant appliqués aux malades, les
guérissaient.
Paul étant venu à
Jérusalem, le peuple voulut le tuer, mais le tribun lui-même le tira de ses
mains et le fit mettre dans la forteresse. Le lendemain il fut conduit dans le
conseil, où il parla avec beaucoup de force; et comme les Juifs voulaient
encore le mettre à mort, le tribun le fit mener secrètement à Césarée, où il
resta deux ans prisonnier. Pendant ce temps-là, il répondit plusieurs fois aux
accusations des Juifs, qu’il confondit toujours. Enfin, craignant que leur
cabale et leur intrigue ne réussissent, il en appela à l’empereur; mais en
partant, il laissa ses juges persuadés de son innocence et indignés contre ses
ennemis.
Paul étant arrivé à
Rome après beaucoup de peines et de fatigues, dont on peut lire le récit dans
les Actes des Apôtres, et ayant eu permission d’habiter en son particulier avec
un garde, loua une chambre où il demeura deux ans entiers. Il s’occupa pendant
ce temps-là à travailler à la conversion des Juifs de Rome et à celle des
Gentils, dont il trouva l’esprit et le cœur plus dociles, parce que c’étaient
eux que DIEU avait choisis pour entrer dans l’héritage que les Juifs avaient
rejeté. Alors la captivité de cet apôtre servit beaucoup à la propagation de la
foi, et le rendit célèbre jusqu’à la cour, où il y avait plusieurs chrétiens.
Ayant été mis en liberté, il entreprit de nouveaux voyages et parcourut
diverses nations pour y porter le flambeau de l’Évangile. Il souffrit de
nouveau les tourments, les combats, les calomnies, les menaces, prêt à donner
mille vies, s’il les eût eues, pour sauver une seule âme. Enfin, DIEU couronna
tant de travaux par un glorieux martyre. Paul était revenu de lui-même à Rome,
et s’était joint à saint Pierre pour instruire les Juifs dans les synagogues et
les païens dans les assemblées publiques. Néron, irrité de ces progrès qu’il ne
pouvait arrêter, fit mettre saint Paul en prison. Il fut au moins un an dans
les liens; mais son amour pour Jésus-Christ et pour ses frères n’étant point
captif, il trouva le moyen de convertir plusieurs âmes, entre autres, dit saint
Chrysostôme, une concubine de Néron et l’échanson de ce prince. Après avoir
passé ce temps en prison, il eut la tête tranchée le 29 juin de l’an 69.
Cet apôtre a écrit
plus qu’aucun autre disciple du Seigneur pour l’édification et l’instruction
des fidèles. On a de lui quatorze épîtres ou lettres qui l’ont fait admirer en
son temps des Juifs et des païens, et qui seront toujours la force, la
consolation et l’édification des chrétiens.
PRATIQUES. — 1. Travaillons à étendre et à augmenter la
connaissance et l’amour de Jésus-Christ, non en prêchant publiquement, car cela
n’appartient qu’aux ecclésiastiques, mais en instruisant notre famille, les
pauvres mêmes à qui l’on fait l’aumône, en contribuant à l’établissement des
écoles, etc.
2. Les personnes qui
peuvent se passer de travailler ne doivent pas s’en dispenser ; mais elles
doivent le faire par esprit d’humilité, et s’occuper des choses utiles aux
indigents, comme à leur faire des habits, du linge, etc.
3. Que de travaux saint
Paul a supportés pour gagner des âmes à Jésus-Christ ! Qu’avons-nous fait
pour lui ? Notre mauvais exemple n’a-t-il pas causé, au contraire, la
perte de quelqu’un ? Réparons le mal par une plus grande ardeur à faire le
bien.
PRIÈRE. — Votre saint apôtre, Seigneur, nous a appris que la vie d’un chrétien est de
croire en vous, d’être attaché à la croix avec vous, et de vous aimer. Faites-nous
la grâce de suivre un exemple si salutaire et si saint.
A.I.
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