29 juin –
SAINT PIERRE, APÔTRE ( Ier SIÈCLE ).
Simon, qui fut
ensuite appelé Pierre, était de Bethsaïde, petite ville de la Galilée, sur le
bord du lac de Génésareth, et s’occupait à la pêche avec André son frère. Il
était marié avant d’être appelé par Jésus-Christ, et on prétend que sa femme
arriva à la gloire du martyre. Saint André ayant eu le bonheur de trouver
Jésus-Christ, se hâta de faire part à son frère d’une si heureuse nouvelle. «
J’ai, lui dit-il, trouvé le Christ promis par les prophètes. » Simon ajouta foi
à ce que son frère lui disait, et il résolut dès lors de se donner tout entier
au divin Agneau. André le mena à Jésus, qui lui dit que dans la suite il
s’appellerait Céphas, c’est-à-dire Pierre ou Rocher. Après qu’André et Pierre
eurent passé un jour avec le Sauveur, ils s’en retournèrent le lendemain à leur
occupation de la pêche; mais ils revenaient de temps en temps l’écouter et
recevoir de lui les paroles de vie; de sorte qu’ils pouvaient passer dès lors
pour être de ses disciples.
Vers la fin de la
même année, Jésus étant revenu de Jérusalem, rencontra sur le bord du lac de
Génésareth André et Pierre qui lavaient leurs filets. Il monta dans leur barque
pour instruire le peuple qui venait l’écouter en foule; ensuite, il dit à
Pierre: « Jetez vos filets en pleine mer pour pêcher. » Pierre obéit, et la
pêche fut si abondante, quoiqu’ils n’eussent pu rien prendre pendant toute la
nuit, que leurs filets se rompaient. Pierre, étonné de ce miracle et convaincu
qu’il n’était pas digne que DIEU fît aucune œuvre surnaturelle en sa faveur,
protesta qu’il n’était qu’un pécheur, et qu’il ne méritait pas d’approcher du
Saint des Saints. Dès ce moment, il quitta tout pour suivre Jésus-Christ, et
s’attacha à lui. Le Sauveur du monde fit quelque temps après l’élection des
douze Apôtres, à la tête desquels l’Écriture et la tradition mettent toujours
saint Pierre.
Pierre répondit
parfaitement à sa vocation. On le vit toujours depuis plein de zèle pour
Jésus-Christ et sa doctrine, et rempli d’ardeur pour faire connaître l’un et
l’autre. Aussi Notre-Seigneur lui donna-t-il souvent des marques de préférence.
Quand Pierre lui demanda d’aller à lui en marchant sur les flots, Jésus-Christ
lui en accorda la grâce pour récompenser son ardent amour. Il est vrai que
l’agitation des flots, causée par le vent, diminua un peu de la fermeté de sa
foi: mais Jésus le rassura aussitôt et le soutint. Il fallait que le chef des
Apôtres, qui représentait toute l’Église, les forts comme les faibles, fit voir
dans sa crainte ce que nous sommes par nous-mêmes. Pierre était bien persuadé
que c’est DIEU qui donne à l’homme les forces dont il a besoin; et il eut
bientôt occasion de le marquer à Jésus-Christ. Cet Homme DIEU ayant abordé dans
le pays de Génésareth, s’y trouva presque abandonné de tout le monde, parce
qu’il avait prêché des vérités que l’orgueil humain ne pouvait goûter. Il dit
aux Apôtres :
« Voulez-vous aussi
vous en aller ? » Mais Pierre lui répondit : « Où pourrions-nous
aller, Seigneur ? vous avez les paroles de la vie éternelle. » Il fit
voir, peu de temps après, qu’il tenait à rester avec Jésus-Christ, parce qu’il
le connaissait pour le vrai DIEU; car Jésus-Christ ayant demandé à ses Apôtres:
« Vous autres, qui croyez-vous que je suis ? » « Vous êtes, répondit
Pierre, le Christ, le Fils du DIEU vivant. » Confession admirable, qui lui fit
mériter, de la bouche de la vérité même, le titre d’heureux: « Vous êtes
heureux, fils de Jonas, parce que la chair et le sang ne vous ont point révélé
cette vérité. Et moi je vous dis, ajouta Jésus-Christ, que vous êtes Pierre, et
que sur cette Pierre je bâtirai mon Église, contre laquelle les puissances de
l’enfer ne prévaudront point. »
Quand Jésus-Christ
annonça à ses disciples qu’il allait être livré à ses ennemis, et que ses
disciples l’abandonneraient, saint Pierre, toujours plein de zèle pour son
maître, assura qu’il mourrait avec lui, s’il le fallait, plutôt que de lui être
infidèle; et que, quand tous les autres l’abandonneraient, pour lui, il ne le quitterait
jamais. Il en avait effectivement la volonté; mais comme elle était mêlée d’une
présomption qui avait besoin d’être guérie par un remède qui l’humiliât,
Jésus-Christ lui prédit que, loin de mourir pour lui, il le renoncerait trois
fois avant le point du jour. En effet, après l’avoir suivi chez Caïphe, il
n’eut pas assez de courage pour le confesser et s’avouer son disciple. Une
parole d’une servante l’abattit, et il protesta par trois fois qu’il ne
connaissait point celui que peu auparavant il avait reconnu publiquement pour
le Christ, le Fils du DIEU vivant. Voilà ce que sont les hommes abandonnés à
leur faiblesse. Dès que Pierre eut commis cette faute, Jésus le regarda de ce
regard de grâce et de miséricorde qui touche et qui convertit le cœur. Pierre
connut aussitôt la grandeur de sa faute, et la pleura amèrement. « Heureuses
larmes, dit saint Ambroise, qui ne demandent point le pardon et qui le
méritent ! » Aussi Notre-Seigneur oublia le péché de ce sincère pénitent,
et continua de répandre sur lui des faveurs abondantes.
Jésus-Christ étant
monté au ciel, Pierre se retira à Jérusalem avec les Apôtres et la sainte
Vierge pour y attendre le Saint-Esprit, qui descendit sur eux le cinquantième
jour après la mort du Sauveur. Le discours que saint Pierre prononça alors
devant les Juifs qui étaient assemblés en grand nombre pour être témoins de ces
merveilles, fit bien voir que lui et les Apôtres parlaient par l’Esprit de
DIEU; il y en eut environ trois mille qui crurent et furent baptisés.
DIEU voulant que
l’Évangile fût annoncé aux Gentils, permit que la persécution s’allumât contre
les Apôtres, et les obligeât de se disperser. Saint Pierre vint à Samarie, où
la parole de DIEU avait déjà été annoncée; il imposa les mains aux fidèles de
cette ville, et leur donna le Saint-Esprit. Un magicien fameux, nommé Simon,
voyant que ceux à qui les Apôtres imposaient les mains recevaient en même temps
le don des langues, leur offrit de l’argent pour avoir le même pouvoir, comme
si des personnes qui vivaient dans un entier dépouillement de toutes choses
eussent été capables de lui vendre pour de l’argent, qu’ils méprisaient, la
puissance du Saint-Esprit. Saint Pierre eut horreur de l’ambition sacrilège de
Simon, et le rejeta avec indignation, l’exhortant néanmoins à faire pénitence
de son péché. Cet Apôtre, peu de temps après, fut envoyé par Jésus-Christ même
pour baptiser et instruire le premier des Gentils qui se convertit. C’était un
centenier nommé Corneille, dont les prières et les aumônes étaient agréables à
DIEU. Il écouta saint Pierre avec docilité; et il crut lui et toute sa famille.
Saint Pierre alla ensuite à Antioche, dont il fut le premier évêque. Il n’y
résida pas toujours; car son zèle lui fit parcourir le Pont, la Cappadoce et
d’autres lieux: on rapporte qu’ensuite il alla à Rome, afin de combattre
l’erreur et l’idolâtrie, jusque dans le lieu où elles dominaient avec le plus
d’empire.
Il était, l’année
suivante, à Jérusalem, où il fut mis en prison par l’ordre d’Hérode-Agrippa, et
délivré par un ange. Quelque temps après, il écrivit sa première épître. En
l’an 51, il se trouva au concile de Jérusalem, d’où il alla à Antioche, où
saint Paul le reprit de ce que, par sa manière d’agir, il engageait les Gentils
convertis à vivre selon la loi des Juifs; car saint Pierre, qui avait mangé
pendant quelque temps avec les Gentils devenus fidèles, sans s’arrêter à la
distinction des viandes prescrites par la loi, s’était ensuite séparé d’eux
pour ne point blesser les chrétiens de Jérusalem: il ne mangeait plus avec eux,
ce qui pouvait donner lieu de croire que l’observation de la loi était encore
nécessaire, au moins pour les Juifs convertis. Il écouta avec humilité la
réprimande que saint Paul lui en fit, et changea de conduite. Il fit paraître
cette humilité et l’amour sincère qu’il avait pour la vérité dans sa seconde
épître, qu’il écrivit vers l’an 65. Ce fut le temps qu’il retourna à Rome pour
la dernière fois. C’était en ce lieu qu’il devait consommer ses travaux et
acquérir la gloire du martyre.
Saint Pierre ne
flatta point les puissances du siècle en leur cachant la vérité pour
s’épargner, ou du moins pour retarder un supplice qu’il regardait comme sa
gloire. Il redoubla son zèle et son ardeur, et prêcha avec tant de force la
chasteté, la pénitence, l’amour de DIEU par dessus toutes choses, et toutes les
autres vérités qui font le chrétien, que tous les païens en furent irrités. On
dit que les fidèles, qui craignaient qu’on ne le fît mourir, le prièrent
instamment de se retirer; que, faisant violence à son zèle, il céda à leurs
importunités. Il choisit le temps de la nuit, et déjà il était à la porte de
Rome, lorsqu’il vit Jésus-Christ qui y entrait. Le saint Apôtre lui
demanda :
« Seigneur, où
allez-vous ? — Je viens à Rome, lui
répondit Jésus-Christ, pour être crucifié de nouveau. » Saint Pierre,
comprenant le sens de cette parole, retourna aussitôt sur ses pas, et raconta
cette vision aux fidèles. Il fut arrêté d’abord, et se réjouit de ce qu’il
allait enfin donner sa vie pour Jésus-Christ. Alors régnait Néron, prince cruel
et inhumain, digne par conséquent d’être le ministre du démon pour faire mourir
le premier des Apôtres. Saint Paul fut pris avec lui, et l’on croit qu’ils
demeurèrent neuf mois en prison. Prédicateurs de l’Évangile au milieu de leurs
liens, ils convertirent les principaux de leurs gardes et plusieurs autres
personnes; ils gagnèrent ainsi des âmes à DIEU jusqu’à la fin de leur vie.
Saint Pierre finit la sienne sur une croix, où il fut attaché la tête en bas,
comme il l’avait demandé lui-même.
PRATIQUES. — Plus orgueilleux et plus faibles encore que
saint Pierre, nous avons protesté cent fois que nous ne renoncerions jamais
Jésus-Christ, et nous le renonçons et n’osons paraître disciples de la vérité,
en craignant les railleries des hommes, en abandonnant nos devoirs. Pleurons
comme cet apôtre, et devenus plus humbles, faisons que notre amour augmente à
proportion de nos chutes.
PRIÈRE. — Que nous serions heureux, ô mon DIEU ! si
nous pouvions vous dire que nous vous aimons ! Nous sommes pêcheurs,
donnez-nous des larmes, donnez-nous un amour plus fort que la mort où nos
péchés nous ont fait tomber.
A.I.
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