22 juin –
SAINT PAULIN, ARCHEVÊQUE DE NOLE ( IVe SIÈCLE ).
Ponce-Mérope
Paulin, l’objet de l’estime et l’admiration des plus grands hommes de son
siècle, comptait une longue suite de sénateurs dans sa famille. Ponce Paulin,
son père, était préfet du prétoire dans les Gaules et le premier magistrat de
l’empire d’Occident.
Il naquit à
Bordeaux, l’an 358, avec toutes les qualités de l’esprit et du corps qui
pouvaient le rendre accompli selon le siècle; ces avantages étaient soutenus
par de grandes richesses, qui étaient depuis longtemps dans sa famille. Dès
qu’il fut en état d’étudier, on lui donna pour maître le célèbre Ausone, l’un
des premiers hommes de son siècle pour la poésie et l’éloquence. Sous un tel
maître, Paulin remplit en peu de temps les espérances qu’on avait conçues de
lui. On admira, dit saint Jérôme, la pureté et l’éloquence de son style, la
délicatesse et la subtilité de ses pensées, la force et la douceur de son
éloquence, la vivacité de son imagination pour la poésie.
Il épousa une jeune
Espagnole, nommée Thérasie, beaucoup plus recommandable encore par sa vertu et
son mérite personnel, que par sa naissance et ses richesses. Il fut élevé à de
grands emplois, dans lesquels il se comporta toujours avec une intégrité et une
sagesse qui lui acquirent la plus haute réputation. Sa générosité, son humeur
affable et ses autres vertus morales lui firent un grand nombre d’amis. Il
gagnait les cœurs de tous ceux qui avaient affaire à lui par sa douceur et ses
bienfaits, marquant à l’égard de tout le monde une bonté qui n’avait presque
point d’exemple. Une conduite si estimable aux yeux des hommes, n’était
pourtant encore que la vie de l’honnête homme du siècle, et toutes les bonnes
qualités qu’on admirait dans Paulin lui étaient inutiles pour le salut, tant
qu’elles n’avaient pas DIEU pour principe et pour fin; mais enfin la grâce en
fit un chrétien.
DIEU le conduisit
par la voie la plus ordinaire à ceux qu’il veut faire arriver au salut,
c’est-à-dire par les afflictions. Les changements arrivés dans l’empire en
causèrent aussi dans sa fortune; alors il comprit qu’il n’y avait rien de
stable ici-bas, et que, pour être heureux, il fallait s’attacher à un bien qui
ne pouvait périr. Il résolut de renoncer au sénat, d’abandonner pour toujours
sa maison, sa patrie, sa famille; d’embrasse la profession monastique, et de
passer le reste de ses jours dans la retraite, auprès de Nole. Toute son
ambition était de servir Jésus-Christ au tombeau de saint Félix, d’être le
portier de son église, d’en balayer le parvis tous les matins, de veiller la
nuit pour la garder, et de finir sa vie dans cette occupation.
Thérasie le
fortifia dans ses bonnes résolutions, et ne lui céda point en vertu. Elle
vendit ses terres comme lui; et pour accomplir entièrement ces paroles du
Sauveur : « Si vous voulez être
parfait, allez, vendez ce que vous avez, et donnez-le aux pauvres, » elle
distribua comme lui ce qu’elle possédait. Elle n’eut point de regret ni de
confusion de se voir avec des habits vils et pauvres, persuadée que la simplicité
des habits convient à la pénitence, et que l’humilité se trouve rarement sous
des habillements précieux.
Il n’y a point
d’éloges que saint Ambroise, saint Augustin, saint Jérôme, saint Martin,
n’aient donnés à saint Paulin.
Il était dans cette
haute réputation de sainteté, lorsque le siège de Nole vint à vaquer par la
mort de Paul, vers l’an 409. On ne fut pas longtemps à délibérer sur le choix
d’un successeur. Toutes les voix se réunirent sur saint Paulin; et malgré les
efforts qu’il fit pour éviter une dignité dont il se croyait indigne, il fut
contraint de s’en laisser revêtir. Il n’y avait pas un an qu’il était évêque,
lorsque les Goths, conduits par Alaric, après avoir pris et saccagé Rome,
vinrent ravager la Campanie. La ville de Nole fut prise et pillée, saint Paulin
fut aussi arrêté. Les barbares respectèrent sa vertu. On fouilla sa maison,
mais on épargna sa personne. Au milieu de cette calamité publique, on
l’entendit plusieurs fois faire à DIEU cette prière : « Seigneur, que je
ne sois pas tourmenté pour de l’or ou de l’argent; car vous savez que tous mes
biens sont entre les mains des pauvres. » Il n’avait plus rien en effet, mais
DIEU lui fit trouver encore, soit dans les biens de l’Église, soit dans ce
qu’il put ramasser du débris des richesses de son peuple, de quoi soulager les
indigents et les captifs. Tout son troupeau, malgré l’affliction extrême qu’il
venait d’éprouver, se consola de ses maux, parce que son cher pasteur lui avait
été conservé. Saint Paulin, après l’avoir gouverné pendant plusieurs années,
alla enfin prendre dans le ciel la place que DIEU lui avait préparée de toute
éternité, et qu’il lui avait fait mériter par tant de travaux et de vertus. Ce
fut l’an de Jésus-Christ 441.
PRATIQUES. — Quand on voit un aussi grand génie que saint
Paulin renoncer aux grandeurs et aux richesses dont il connaissait parfaitement
la valeur, on doit être assuré qu’elles ne sont bonnes qu’à mépriser. Que les
gens du monde disent qu’il n’y a que de petites gens qui soient dévots: saint
Paulin a été un des plus grands esprits de son siècle, il a méprisé ce qu’ils estiment et il a renoncé à ce qu’ils recherchent
avec tant d’ardeur.
PRIÈRE. — Seigneur, que l’exemple de saint Paulin, votre
serviteur, nous convainque que les vrais honneurs sont d’être humbles et petits
aux yeux des hommes, et que la pauvreté est le trésor le plus précieux.
Faites-le nous comprendre, faites-le nous pratiquer.
A.I.
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