18 avril
LA BIENHEUREUSE MARIE DE L’INCARNATION
( XVIe ET XVIIe SIÈCLES ).
Marie de l’Incarnation
vit le jour à Paris, le 1er février 1565.
Ses parents, de
noble lignée, furent Nicolas Avrillot, seigneur de Champlatreux, et Marie
Lhuilier.
Elle reçut au
baptême le nom de Barbe.
Prévenue dès le
berceau des grâces et des bénédictions du Seigneur, elle donna, jeune encore,
des présages heureux de l’éminente sainteté à laquelle elle devait s’élever.
À douze ans, elle
fut confiée à l’une de ses tantes, qui était religieuse dans l’abbaye royale
des Clarisses de Long-Champ.
Marie fit à cette
école de rapides et étonnants progrès dans toutes les vertus.
Elle y prit en même
temps le goût de la vie religieuse et résolut d’en prendre l’habit ; mais
l’opposition de sa mère à cette résolution, car Marie était fille unique, la
lui fit abandonner par esprit de soumission :
« Mes péchés,
disait-elle, m’ont rendue indigne du titre d’épouse de Jésus-Christ ; il
faut bien que je me contente d’être sa servante dans un état inférieur. »
Elle avait à peine
atteint sa dix-huitième année , lorsqu’on la maria à M. Acarie, Maître des
Comptes, homme d’une grande piété, qui consacra une partie de sa fortune au
soulagement des catholiques anglais, exilés en France.
Au témoignage de
saint François de Sales, elle se conduisit dans le mariage de manière qu’elle
peut être proposée à tous ceux qui y sont engagés comme un modèle des vertus
chrétiennes.
Bien que son
attrait la portât de préférence à la prière et aux autres exercices de piété,
elle n’omit cependant jamais aucun de ses devoirs de mère et d’épouse.
Sa vertu brilla
surtout lorsqu’à la suite des troubles de la Ligue, elle vit son mari exilé de
Paris par Henri IV, puis emprisonné sous la prévention de conspiration contre
la vie du roi, et que tous ses biens, jusqu’à la chaise sur laquelle elle était
assise, lui furent enlevés par d’avides créanciers.
Elle se trouva
réduite alors à un degré de misère tel qu’elle ne pouvait qu’avec peine
procurer du pain à ses six enfants.
Cependant sa grande
âme était loin de se laisser abattre :
« Quand on a mis sa
confiance en DIEU, disait-elle, on n’est troublé par aucun événement. »
Puisant dans sa
résignation la force que la nature lui aurait refusée, elle poursuivit
énergiquement la défense de son mari, fournissant les preuves de son innocence
et rédigeant elle-même les lettres et les mémoires.
Ses efforts furent
couronnés de succès, et M. Acarie fut déclaré innocent.
Sa sainte épouse en
rendit grâces à DIEU, et reprit ensuite le cours de ses bonnes œuvres.
C’est alors que,
par son crédit auprès des hommes les plus considérables, l’Ordre des Carmélites
déchaussées fut introduit en France.
Après avoir
consulté les hommes dont la science et la piété étaient les plus estimées, tels
que M. Bretigny et M. de Bérulle, depuis cardinal, elle fit venir d’Espagne des
religieuses qui s’établirent au faubourg Saint-Jacques.
En peu d’années,
les monastères des Carmélites se multiplièrent en France.
Mme Acarie
contribua également à l’établissement des Ursulines, dans l’intérêt de l’éducation
des jeunes filles, et à la fondation des Oratoriens.
Sur ces
entrefaites, son mari vient à mourir.
Libre alors de tout
lien, elle partage ses biens à ses enfants, qui n’avaient plus besoin d’elle,
et entre aux Carmélites d’Amiens.
Elle y donna de
remarquables exemples d’humilité, en remplissant les plus humbles offices de sœur
converse, en refusant la dignité de prieure et en obéissant, comme la dernière
des religieuses, à sa fille, qui remplit pendant quelque temps cette charge.
Trois ans s’étaient
à peine écoulés depuis sa profession, quand ses supérieurs l’appelèrent à faire
revivre dans le monastère des Carmélites de Pontoise l’esprit de sainte
Thérèse.
Elle y réussit,
mais elle succomba à la peine.
Une maladie
dangereuse l’ayant atteinte, elle mourut le 18 avril 1618, après avoir supporté
avec une patience héroïque les plus intolérables douleurs.
Pie VI la béatifia
le 29 mai 1791.
PRATIQUES. — L’accomplissement des vertus chrétiennes est
possible dans tous les états et dans toutes les conditions.
Si nous y manquons, qui
que nous soyons, c’est parce que la volonté nous manque.
Souvenons-nous donc qu’il
n’y a qu’ une seule chose nécessaire, et
qu’avec un peu de foi nous transporterions
des montagnes.
PRIÈRE. — Seigneur, augmentez notre foi et notre courage
afin que nous embrassions généreusement votre service, et que notre foi
devienne manifeste aux yeux de tous.
A.I.
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