- 29 janvier –
SAINT FRANÇOIS DE SALES ( XVIe et XVIIe SIÈCLES ).
L’an de
Jésus-Christ 1567, naquit au château de Sales, près d’Annecy, en Savoie, d’une
noble et ancienne famille, un enfant que la nature semblait destiner à l’héritage
d’un grand nom et aux dignités les plus éminentes de sa patrie ; mais
DIEU, dont les voies sont souvent opposées à celles de la nature, avait formé d’autres
desseins sur lui.
Le nom de François
de Sales rappelle en effet une vocation spéciale et manifestement divine à l’apostolat
et à la direction des âmes.
Il avait achevé ses
études littéraires à Paris, et son cours de droit à Padoue, où se trouvait
alors l’école la plus fameuse en cette faculté.
Le duc de Savoie
venait de l’appeler à la dignité de sénateur, et le comte de Sales son père lui
faisait la proposition d’un brillant mariage, lorsqu’il déclara sa résolution
de se consacrer à DIEU en embrassant l’état ecclésiastique.
Ce n’était pas là
une de ces résolutions éphémères, qui ne sont inspirées que par une imagination
pieuse, mais exagérée, et que le souffle de l’épreuve fait souvent disparaître.
François avait déjà
passé par les tentations les plus séduisantes à Padoue, où de jeunes libertins
avaient tendu toute espèce de pièges à sa chasteté ; et maintenant il se
trouvait aux prises avec tout ce qui était de nature à ébranler le cœur le
mieux né ; je veux dire les larmes d’une mère tendrement chérie et les
ordres d’un père qui, sans manquer de piété, ne laissait pas que d’être
préoccupé de l’agrandissement de sa famille et de l’avenir temporel de ses
enfants.
François, en sa
qualité d’aîné, devait s’associer aux projets de son père ; il devait
perpétuer le nom et la gloire de ses aïeux ; il devait ... Pensées
humaines, disparaissez ... Lorette avait reçu les vœux de François, et voilà qu’il
les accomplit en recevant le sacerdoce ( 1593 ).
Prêtre, vous
eussiez dit un apôtre, tant il se montra rempli de zèle pour le salut des âmes !
On le vit
parcourant les bourgs et les villages de la Savoie, instruisant les ignorants
et ramenant les pécheurs dans la voie du salut.
Ce fut en vain que
son prince voulut encore lui conférer la dignité de sénateur.
C’était méconnaître, disait François, l’étendue
des devoirs du prêtre que de croire que le divin ministère ne pouvait occuper
un homme tout entier.
Cependant, le Chablais
et les pays d’alentour rentrent sous l’autorité du duc de Savoie.
Quel vaste champ
pour notre apôtre !
Ce pays était comme
le boulevard du calvinisme ; il était encore tout fumant du sang des catholiques fidèles à leur foi :
n’importe ;
muni de la
bénédiction de son évêque, François s’achemine vers cette terre où l’attendaient
les périls de toute sorte, et, selon toutes les probabilités, la mort
elle-même.
Il n’avait pour
tout compagnon que l’abbé Louis de Sales, son parent.
Arrivés sur une montagne
d’où ils découvrent tout le pays qu’ils doivent évangéliser, ils se prosternent
à genoux, et après une fervente prière,
« Nous venons, dit François à Louis, remplir la
mission des apôtres. À quoi bon des chevaux et l’attirail de la vanité humaine ;
renvoyons tout cela, marchons à pied ; la croix de Jésus-Christ et le
bâton du pèlerin nous suffisent. »
Ainsi dit, ainsi
fait.
Un bâton, une
croix, un bréviaire et une bible, voilà tout leur bagage.
À travers les plus
âpres sentiers, ils arrivent devant Thonon qui leur ferme ses portes.
Le faux zèle des
ministres de l’erreur leur suscite partout des ennemis acharnés.
Cent fois ils
échappent à la mort qu’on leur préparait.
Il n’est ni
affronts, ni outrages, ni persécutions qu’ils n’endurent.
La faim, le froid,
la nudité, ils souffrent tout pour l’amour de Jésus-Christ, jusqu’à ce qu’enfin
les cœurs, gagnés par tant de patience, s’ouvrent à l’influence de la grâce qui
triomphe d’un trop long endurcissement.
Les hérétiques les
plus obstinés reviennent à la vérité et à l’Église. Partout le culte catholique
est rétabli, la croix du Sauveur arborée, l’auguste sacrifice offert sur les
autels relevés du DIEU naguère encore persécuté, le sacerdoce respecté se
multiplie ; en un mot, le catholicisme reprend possession des âmes que le
calvinisme lui avait ravies ; et c’est à François de Sales qu’est dû le
succès de cette conquête.
Un saint vieillard
nommé Granier était alors évêque de Genève.
Touché des
merveilles opérées dans le Chablais, il veut avoir François pour coadjuteur ;
mais celui-ci, dans la persuasion de son indignité, résiste d’abord, et finit
par obéir ( 1602 ).
Bientôt nous le
voyons chargé de plusieurs missions successivement à la cour de France où il se
concilie l’affection d’Henri IV et celle de Louis XIII.
Il refuse des
dignités et des sommes considérables que ces princes lui offrent, et retourne à
Genève.
Cependant, Claude
Granier meurt.
François est sacré
et prend l’administration du diocèse que cette mort lui lègue.
Il fait toutefois
une retraite préparatoire, et c’est alors qu’en présence de DIEU et de sa conscience,
il se trace des règles admirables tant pour sa conduite personnelle et le bon
ordre de sa maison que pour le gouvernement de son troupeau.
De là, dans tout ce
qui se rapporte à sa personne, une très-grande simplicité accompagnée de
beaucoup de propreté et de convenance, non-seulement dans ses vêtements, qui
furent toujours de laine, mais dans ses meubles, qui consistaient en quelques
chaises et quelques tableaux religieux, et dans ses repas, où l’on ne servait
que des viandes communes, à moins qu’il ne survînt quelque personne de
distinction.
De là aussi un
domestique peu nombreux, bien réglé et édifiant, qu’il avait soin d’instruire
lui-même, et qu’il communiait de sa main.
De là enfin ces
institutions diocésaines si fertiles en fruits de bénédiction et de salut,
telles que l’établissement des catéchismes, l’examen le plus scrupuleux des
vocations ecclésiastiques, la visite permanente des paroisses à travers des
pays déserts, des rochers escarpés et de hautes montagnes où il trouvait, le
soir, pour tout abri, de pauvres chaumières et pour lit de repos un peu de
paille.
Et que n’aurions-nous
pas à dire de sa charité pour les pauvres ?
Que de fois ne l’a-t-on
pas vu se dépouiller d’une partie de ses vêtements pour en couvrir ceux qui en
manquaient ? Avec quelle profusion il répandait les aumônes pour soulager
toutes les misères ?
Dans quelle vallée
de son diocèse n’est-il pas allé lui-même, quand il savait que les habitants y
étaient malheureux ? Et quand ses ressources étaient épuisées, ne
savait-il pas solliciter celles de son prince et puiser dans ses trésors pour
subvenir aux maux de ses enfants.
Au milieu de ces
travaux incessants, il cultivait de saintes amitiés ; celle surtout de
saint Vincent de Paul et celle de madame Sainte Chantal, à laquelle il confia
la direction de l’Ordre de la Visitation dont il est le fondateur ( 1610 ).
Il sut aussi trouver
assez de temps pour écrire jusqu’à seize volumes in 8º.
[ Éd. de J. Blaise.
Paris, 1822. ]
Les plus estimés de
ses écrits sont l’Introduction à la vie
dévote, et le Traité de l’amour de
DIEU, qui furent accueillis par son siècle avec un applaudissement
universel et traduits dans toutes les langues.
Les deux vertus
dominantes de saint François de Sales furent
une foi vive
et son irrésistible
douceur.
Par la première. il
conquit le Chablais à l’Église, et par la seconde, il attirait à Jésus-Christ les
cœurs les plus endurcis.
Sa douceur toutefois
ne ressemblait nullement à cette indulgence qui favorise le relâchement ;
c’était plutôt une charité compatissante qui le portait à se faire tout à tous
pour les gagner tous à Jésus-Christ.
Il mourut à Lyon le
28 décembre 1622, dans la vingtième année de son ´épiscopat, et dans la
cinquante-cinquième de son âge.
Son corps fut porté
à Annecy et inhumé dans l’église de la Visitation.
Son cœur demeura à
Lyon dans le monastère du même Ordre.
En 1665, l’Église
le mit au rang des Saints.
PRATIQUES. — La foi, quand elle est vive et profonde dans
les âmes, fait tout autant de héros que de chrétiens, Retrempons-nous souvent
dans le souvenir des Saints.
La douceur est plus
persuasive que le raisonnement. Surmontons les saillies de la nature, et
faisons, pour en triompher, les efforts que fit sur lui-même saint François de
Sales.
PRIÈRE. — Seigneur, votre grâce seule peut rendre nos
efforts efficaces. Daignez nous l’accorder, et faites qu’en imitant saint
François de Sales sur la terre, nous partagions un jour sa gloire dans le ciel.
A.I.
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