6 juin,
SAINT NORBERT, FONDATEUR DE L’ORDRE DES PRÉMONTRÉS, PUIS ARCHEVÊQUE
( XIIe SIÈCLE ).
Norbert, d’une des
plus illustres familles d’Allemagne, naquit à Santen, dans le pays de Clèves,
vers l’an 1085. Après avoir fait ses études, il passa à la cour de l’empereur
Henri, dont il était parent. Son esprit, ses richesses, sa libéralité, et
surtout son humeur enjouée, lui firent trouver de terribles écueils: il n’était
occupé que de son ambition et de son plaisir, et la vie future lui semblait un
songe. Quoiqu’il fût pourvu d’un canonicat à Santen, et que même il eût reçu le
sous-diaconat, il n’en était pas pour cela plus régulier; mais le Seigneur, qui
en voulait faire un vase d’élection, rompit enfin le fil de son iniquité.
Un jour, qu’il
passait dans une prairie, bien monté, richement habillé, suivi d’un valet, il
survint un terrible orage. Son valet lui cria de retourner sur ses pas, et aussitôt
un coup de foudre tombant aux pieds de son cheval, ouvrit la terre, et on
sentit une odeur de soufre insupportable.
Norbert sans
connaissance demeura étendu d’un côté, le cheval de l’autre, et le valet
épouvanté.
Norbert resta plus d’une heure en cet état,
sans pouvoir presque se remuer; enfin ses forces étant revenues, il se relève;
et sortant comme d’un profond sommeil, il dit en lui-même: « Seigneur, que
voulez-vous que je fasse ? » Il crut entendre alors une voix qui lui
répondit:
« Quitte
le mal, et fais le bien ; cherche la paix et poursuis-la jusqu’à ce que tu
l’aies trouvée. »
Il retourna sur ses
pas, résolu de se convertir. D’abord, il ne voulut rien changer de son
extérieur; il se contenta de s’interdire tout ce qui était criminel, et prit
sous ses riches habits un rude cilice, pour s’accoutumer peu à peu aux
mortifications corporelles. Il travaillait tous les jours à se combattre
lui-même intérieurement, et l’amour de DIEU croissait de plus en plus dans son
cœur. Il quitta bientôt la cour pour se livrer sans obstacle aux exercices de
la plus austère pénitence.
Il se rendit à son
chapitre, et mena à Santen une vie de silence et de retraite, consacrant tout
son temps à la prière et à la pénitence. Une retraite qu’il fit dans le
monastère de saint Sigebert, près Cologne, mit le sceau à sa conversion.
Deux ans après, il
fut ordonné diacre et prêtre par l’archevêque de Cologne, vendit son bien, et
en distribua le prix aux pauvres, ne se réservant que dix marcs d’argent.
Affranchi par là des biens qui auraient pu l’attacher à son pays, il se rendit
à pied auprès du pape Gélase II, qui était alors à Saint-Gilles en Languedoc.
Il se prosterna aux pieds du Souverain-Pontife, et lui fit une confession
générale de sa vie, le priant de l’absoudre de ses péchés. Le Pape se rendit à
ses vœux, et l’autorisa à prêcher l’Évangile partout où il jugerait à propos.
Quoiqu’on fût au
milieu de l’hiver, Norbert commença de suite ses travaux apostoliques,
souffrant avec joie les rigueurs du froid, et observant un carême perpétuel,
excepté le dimanche. Il fit dans le Languedoc, la Guyenne, le Poitou, le
Hainaut, le Brabant, etc., des missions qui produisirent des fruits abondants.
Ayant appris que le
pape Calixte tenait un concile à Reims, il y vint nu-pieds, et pria le Pape de
lui accorder la confirmation de ses pouvoirs. Calixte lui accorda ce qu’il
souhaitait, l’exhorta à modérer la rigueur de sa pénitence, et pria l’évêque de
Laon d’en prendre soi. L’évêque l’emmena donc à Laon, après la fin du Concile,
le retint le reste de l’hiver, tâchant de rétablir son corps exténué par le
jeûne et par le froid. Comme Norbert avait déclaré qu’il cherchait la solitude,
le prélat, qui voulait le retenir dans son diocèse, le conduisit en divers lieux
pour voir si quelqu’un lui conviendrait. La vallée déserte de Prémontré lui
plut, parce qu’elle était très solitaire. Ses prédications et la sainteté de sa
vie lui attirèrent bientôt des disciples; en peu de temps quarante
ecclésiastiques se furent joints à lui, sans compter les laïques. Tels furent
les commencements de l’ordre des Prémontrés. L’esprit de ces premiers disciples
de Norbert était de mener une vie pauvre et pénitente. Il n’y avait point de
travail si bas qu’ils ne dédaignassent; leur silence était continuel; ils
jeûnaient en tout temps et ne faisaient qu’un repas par jour. Cette vie
religieuse, soutenue des prédications de Norbert, augmenta considérablement le
nombre de ceux qui se consacraient à DIEU sous sa conduite et l’on fonda plusieurs
monastères du même ordre en différents lieux.
L’an 1126, Norbert
résolut de passer en Allemagne. Étant arrivé à Spire, il y trouva des députés
du clergé et du peuple de Magdebourg, assemblés devant le roi Lothaire, pour
élire un archevêque. On l’appela pour prêcher et donner aussi son avis sur
l’élection qu’on allait faire. Le choix tomba sur lui-même. Toute l’assemblée
étendit les mains et s’écria, en le montrant et le saisissant : Voici, voici notre Père et notre Pasteur. On l’enleva malgré lui, et le roi ayant
approuvé cette élection, on mena le saint à Magdebourg, d’où on vint au devant
de lui avec de grandes acclamations de joie. Il suivit nu-pieds la procession,
qui le conduisit à l’église et de là à son palais; mais il était vêtu si
pauvrement, que le portier lui en refusa l’entrée, et lui dit en le
repoussant : « Il y a longtemps que
les autres pauvres sont entrés; pourquoi incommodes-tu ces seigneurs ?
» Ceux qui le suivaient crièrent au portier : « C’est notre Évêque . » Mais le saint lui dit : « Mon frère, vous me connaissez mieux que tous
ceux qui m’ont élevé à une si haute dignité. »
Il remplit
parfaitement les devoirs d’un évêque qui aime son peuple, et qui en veut faire
un peuple de saints. Il réforma aussi le clergé ; mais il se fit des
ennemis.
« Pourquoi, disaient quelques-uns, avons-nous appelé cet étranger, dont les
mœurs sont si contraires aux nôtres ? » Ils le chargeaient d’injures,
et le décriaient sans cesse; plusieurs fois même on tenta de l’assassiner.
Comme tous les gens de bien manifestaient hautement l’horreur que leur inspiraient
de telles actions, Norbert leur dit : « Doit-on s’étonner que le démon ayant attenté à la vie de notre divin
Chef, attente aussi à celle de ses membres ? » Il pardonna à ceux qui
avaient attenté à ses jours. Enfin, après une maladie de quatre mois, Norbert
alla recevoir de DIEU la récompense éternelle de ses travaux, l’an de
Jésus-Christ 1134, dans la huitième année de son épiscopat, étant âgé de
cinquante-trois ans.
PRATIQUES. — 1. Le
premier pas d’une conversion sincère est l’humiliation de cœur avec la
disposition d’exécuter en toutes choses ce que DIEU demandera de nous.
2. Ne prêchons pas la
pénitence, si nous n’en avons reçu le pouvoir, mais pratiquons-la: tout nous y
oblige.
PRIÈRE. — Nous reconnaissons, ô mon DIEU ! que nous
ne pouvons apaiser votre colère que par une véritable pénitence: regardez-nous
d’un œil de bonté, et nous serons bientôt contrits de vous avoir offensé.
A.I.
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