Thursday 20 June 2013

6 juin - SAINT NORBERT, FONDATEUR DE L’ORDRE DES PRÉMONTRÉS, PUIS ARCHEVÊQUE ( XIIe SIÈCLE ).


6 juin,
SAINT NORBERT, FONDATEUR DE L’ORDRE DES PRÉMONTRÉS, PUIS ARCHEVÊQUE (  XIIe SIÈCLE  ).

Norbert, d’une des plus illustres familles d’Allemagne, naquit à Santen, dans le pays de Clèves, vers l’an 1085. Après avoir fait ses études, il passa à la cour de l’empereur Henri, dont il était parent. Son esprit, ses richesses, sa libéralité, et surtout son humeur enjouée, lui firent trouver de terribles écueils: il n’était occupé que de son ambition et de son plaisir, et la vie future lui semblait un songe. Quoiqu’il fût pourvu d’un canonicat à Santen, et que même il eût reçu le sous-diaconat, il n’en était pas pour cela plus régulier; mais le Seigneur, qui en voulait faire un vase d’élection, rompit enfin le fil de son iniquité.
Un jour, qu’il passait dans une prairie, bien monté, richement habillé, suivi d’un valet, il survint un terrible orage. Son valet lui cria de retourner sur ses pas, et aussitôt un coup de foudre tombant aux pieds de son cheval, ouvrit la terre, et on sentit une odeur de soufre insupportable.
Norbert sans connaissance demeura étendu d’un côté, le cheval de l’autre, et le valet épouvanté.
 Norbert resta plus d’une heure en cet état, sans pouvoir presque se remuer; enfin ses forces étant revenues, il se relève; et sortant comme d’un profond sommeil, il dit en lui-même: « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » Il crut entendre alors une voix qui lui répondit:
« Quitte le mal, et fais le bien ; cherche la paix et poursuis-la jusqu’à ce que tu l’aies trouvée. »
Il retourna sur ses pas, résolu de se convertir. D’abord, il ne voulut rien changer de son extérieur; il se contenta de s’interdire tout ce qui était criminel, et prit sous ses riches habits un rude cilice, pour s’accoutumer peu à peu aux mortifications corporelles. Il travaillait tous les jours à se combattre lui-même intérieurement, et l’amour de DIEU croissait de plus en plus dans son cœur. Il quitta bientôt la cour pour se livrer sans obstacle aux exercices de la plus austère pénitence.
Il se rendit à son chapitre, et mena à Santen une vie de silence et de retraite, consacrant tout son temps à la prière et à la pénitence. Une retraite qu’il fit dans le monastère de saint Sigebert, près Cologne, mit le sceau à sa conversion.
Deux ans après, il fut ordonné diacre et prêtre par l’archevêque de Cologne, vendit son bien, et en distribua le prix aux pauvres, ne se réservant que dix marcs d’argent. Affranchi par là des biens qui auraient pu l’attacher à son pays, il se rendit à pied auprès du pape Gélase II, qui était alors à Saint-Gilles en Languedoc. Il se prosterna aux pieds du Souverain-Pontife, et lui fit une confession générale de sa vie, le priant de l’absoudre de ses péchés. Le Pape se rendit à ses vœux, et l’autorisa à prêcher l’Évangile partout où il jugerait à propos.
Quoiqu’on fût au milieu de l’hiver, Norbert commença de suite ses travaux apostoliques, souffrant avec joie les rigueurs du froid, et observant un carême perpétuel, excepté le dimanche. Il fit dans le Languedoc, la Guyenne, le Poitou, le Hainaut, le Brabant, etc., des missions qui produisirent des fruits abondants.
Ayant appris que le pape Calixte tenait un concile à Reims, il y vint nu-pieds, et pria le Pape de lui accorder la confirmation de ses pouvoirs. Calixte lui accorda ce qu’il souhaitait, l’exhorta à modérer la rigueur de sa pénitence, et pria l’évêque de Laon d’en prendre soi. L’évêque l’emmena donc à Laon, après la fin du Concile, le retint le reste de l’hiver, tâchant de rétablir son corps exténué par le jeûne et par le froid. Comme Norbert avait déclaré qu’il cherchait la solitude, le prélat, qui voulait le retenir dans son diocèse, le conduisit en divers lieux pour voir si quelqu’un lui conviendrait. La vallée déserte de Prémontré lui plut, parce qu’elle était très solitaire. Ses prédications et la sainteté de sa vie lui attirèrent bientôt des disciples; en peu de temps quarante ecclésiastiques se furent joints à lui, sans compter les laïques. Tels furent les commencements de l’ordre des Prémontrés. L’esprit de ces premiers disciples de Norbert était de mener une vie pauvre et pénitente. Il n’y avait point de travail si bas qu’ils ne dédaignassent; leur silence était continuel; ils jeûnaient en tout temps et ne faisaient qu’un repas par jour. Cette vie religieuse, soutenue des prédications de Norbert, augmenta considérablement le nombre de ceux qui se consacraient à DIEU sous sa conduite et l’on fonda plusieurs monastères du même ordre en différents lieux.
L’an 1126, Norbert résolut de passer en Allemagne. Étant arrivé à Spire, il y trouva des députés du clergé et du peuple de Magdebourg, assemblés devant le roi Lothaire, pour élire un archevêque. On l’appela pour prêcher et donner aussi son avis sur l’élection qu’on allait faire. Le choix tomba sur lui-même. Toute l’assemblée étendit les mains et s’écria, en le montrant et le saisissant : Voici, voici notre Père et notre Pasteur.  On l’enleva malgré lui, et le roi ayant approuvé cette élection, on mena le saint à Magdebourg, d’où on vint au devant de lui avec de grandes acclamations de joie. Il suivit nu-pieds la procession, qui le conduisit à l’église et de là à son palais; mais il était vêtu si pauvrement, que le portier lui en refusa l’entrée, et lui dit en le repoussant : « Il y a longtemps que les autres pauvres sont entrés; pourquoi incommodes-tu ces seigneurs ? » Ceux qui le suivaient crièrent au portier : « C’est notre Évêque . » Mais le saint lui dit : « Mon frère, vous me connaissez mieux que tous ceux qui m’ont élevé à une si haute dignité. »
Il remplit parfaitement les devoirs d’un évêque qui aime son peuple, et qui en veut faire un peuple de saints. Il réforma aussi le clergé ; mais il se fit des ennemis.
« Pourquoi, disaient quelques-uns, avons-nous appelé cet étranger, dont les mœurs sont si contraires aux nôtres ? » Ils le chargeaient d’injures, et le décriaient sans cesse; plusieurs fois même on tenta de l’assassiner. Comme tous les gens de bien manifestaient hautement l’horreur que leur inspiraient de telles actions, Norbert leur dit : « Doit-on s’étonner que le démon ayant attenté à la vie de notre divin Chef, attente aussi à celle de ses membres ? » Il pardonna à ceux qui avaient attenté à ses jours. Enfin, après une maladie de quatre mois, Norbert alla recevoir de DIEU la récompense éternelle de ses travaux, l’an de Jésus-Christ 1134, dans la huitième année de son épiscopat, étant âgé de cinquante-trois ans.
PRATIQUES. — 1.  Le premier pas d’une conversion sincère est l’humiliation de cœur avec la disposition d’exécuter en toutes choses ce que DIEU demandera de nous.
2. Ne prêchons pas la pénitence, si nous n’en avons reçu le pouvoir, mais pratiquons-la: tout nous y oblige.
PRIÈRE. — Nous reconnaissons, ô mon DIEU ! que nous ne pouvons apaiser votre colère que par une véritable pénitence: regardez-nous d’un œil de bonté, et nous serons bientôt contrits de vous avoir offensé.
A.I.





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