16 juin – SAINT
JEAN-FRANÇOIS-RÉGIS,
RELIGIEUX DE LA
COMPAGNIE DE JÉSUS,
APÔTRE DU VELAIS ET DU
VIVARAIS ( XVIIe SIÈCLE ).
Saint
Jean-François-Régis naquit le 31 janvier 1[598] au village de Fontcouverte,
dans le diocèse de Na ? d’une famille des plus distinguées du pays [par sa
no]blesse et sa piété. Il fit ses études au coll[ège que les] Jésuites avaient
ouvert à Béziers, et fit l’[l’admiration de] ses maîtres et de ses compagnons
par sa douceur, sa gravité, son amour pour Notre-Seigneur au saint sacrement de
l’autel et pour la très-sainte Vierge. À l’âge de dix-huit ans, Régis sollicita
et obtint son admission dans la compagnie de Jésus, se rendit à Toulouse et
commença son noviciat le 8 décembre 1616.
Il jeta dès lors les fondements de ces vertus qui formèrent depuis son
caractère distinctif, de l’humilité, de
la haine de lui-même, du mépris du monde, de la charité pour les pauvres, de
l’amour de DIEU, et du désir de procurer sa gloire. L’esprit de prière
accompagnait toutes ses actions, et le feu qui le brûlait intérieurement
rejaillissait jusque sur son visage.
Jean-François-Régis
fit ses vœux en 1618, et fut, après son cours de philosophie, chargé
d’enseigner les humanités à Billom, à Auch et au Puy. Il étudia ensuite la
théologie et se prépara, en 1630, à la réception des ordres sacrés. Il célébra
sa première messe avec une si grande ferveur, qu’il ne fit que fondre an larmes
pendant les sacrés mystères. Ceux qui y assistaient ne purent s’empêcher de
pleurer, et s’imaginaient voir un ange à l’autel, tant ils étaient frappés de
sa modestie et du feu divin qui brillait sur son visage.
La même année, la
peste fit sentir ses ravages à Toulouse. Régis regarda ce fléau comme une
occasion que DIEU lui présentait d’exercer la charité. Il demanda à ses supérieurs la permission de
se consacrer au service des pestiférés; ce qu’il obtint après plusieurs
instances réitérées.
Les supérieurs de
Régis, voyant en lui une vocation marquée pour la vie apostolique, résolurent de
l’appliquer uniquement aux missions. Ce fut au commencement de l’été de 1631
qu’ils l’envoyèrent à Montpellier, qui fut ainsi le premier théâtre de son
zèle.
Régis s’attacha
d’abord à l’instruction des enfants et des pauvres, pour lesquels il avait une
sorte de prédilection.
Le matin, il
prêchait et entendait les confessions, et employait l’après-midi à visiter les
prisons et les hôpitaux; il allait de porte en porte solliciter des aumônes
pour les malheureux, et les assistait de toutes les manières qui dépendaient de
lui.
En même temps ses
austérités étaient extraordinaires, toute sa nourriture se réduisait au pain et
à l’eau; quelquefois seulement, il y ajoutait un peu de lait et quelques
fruits. Jamais il ne quittait le cilice,
et le peu de repos qu’il accordait à la
nature, il le prenait sur un banc ou sur le plancher. Tant de travaux et de
vertus attirèrent les bénédictions de DIEU sur la mission; plusieurs hérétiques
se convertirent et les pécheurs
revinrent à leur devoir.
Régis fut ensuite
appelé par l’évêque de Viviers et travailla dans le diocèse de ce prélat avec
non moins de succès; de retour au Puy,
il écrivit au général de la compagnie de Jésus et lui demanda d’être envoyé au
Canada, prêcher aux Hurons et aux Iroquois la religion de Jésus-Christ, dans
l’espoir de donner, lui aussi, sa vie pour le divin maître; mais son
provincial jugea à propos de le retenir en France et de l’appliquer de nouveau
à la conversion des calvinistes et à l’instruction des peuples du Vivarais,
encore plongés dans une ignorance grossière du christianisme. Notre saint se résigna; il alla faire
des missions à Privas, à Sainte-Aggrève, à Saint-André-de-Fangas, et se rendit
à Marlhes ( Loire ), vers la fin de l’année 1635.
« Il était, dit le
curé de ce dernier village dans le procès de canonisation du serviteur de DIEU,
il était infatigable au travail, appliqué jour et nuit aux fonctions du saint
ministère. Il était dans une affliction amère lorsqu’il apprenait que DIEU
avait été offensé. Ce n’était que dans ces occasions-là qu’il oubliait sa
douceur naturelle. Alors il paraissait transporté d’une sainte colère; avec un
ton de voix foudroyant, il menaçait, il effrayait les plus déterminés
libertins; il aurait sacrifié mille vies pour empêcher un seul péché mortel. Il
n’avait qu’à dire une parole pour embraser les cœurs les plus froids et amollir
les plus durs; aussi les conversions furent-elles innombrables. »
L’hiver étant
passé, le Père Régis retourna au Puy et employa les quatre dernières années de
sa vie à la sanctification du Velay. Les peuples qui l’habitaient, les paysans
surtout, qui demeuraient dans les montagnes, étaient fort grossiers et presque
sauvages. Le calvinisme avait pénétré dans plusieurs endroits, et l’hérésie y
avait produit l’ignorance de la religion qu’accompagnent toujours les vices les
plus opposés au christianisme. Sans se rebuter Régis se mit à l’œuvre, et après
des travaux et des fatigues incroyables, il eut la consolation de convertir un
grand nombre d’hérétiques et de pécheurs, et de ramener à la vertu beaucoup de
personnes engagées dans les plus grands désordres.
Après avoir employé
le jour à prêcher et à entendre les confessions, il passait la nuit
presque entière à prier, et se livrait à
des macérations étonnantes; il s’était interdit l’usage de la viande, du
poisson, des œufs et du vin; il couchait sur des planches ou sur la terre nue.
Il avait un tendre
amour pour Jésus-Christ au très saint sacrement de l’autel; il appelait l’Eucharistie son refuge, sa consolation et ses délices. Sa
pureté était vraiment angélique, sa charité immense, son obéissance
admirable et son humilité à toute épreuve.
Tant de vertus
allaient recevoir leur récompense: le 22 décembre 1640, notre saint, toujours brûlant de zèle pour le
salut des âmes, partit du Puy pour se trouver la veille de Noël à la Louvesc où
il avait annoncé une mission. Il eut beaucoup à souffrir de la difficulté du
chemin, et s’égara, le second jour, au milieu des bois. Accablé de fatigue, il
se retira dans une maison [aban]donnée, qui tombait en ruine; il y passa la
nuit, couché sur la terre et exposé à la violence d’une bise très-piquante. Il
y était entré tout baigné de sueur. Le passage subit du chaud au froid lui
causa une pleurésie qui fut accompagnée d’une fièvre très-ardente. Le lendemain
matin, il gagna la Louvesc avec beaucoup de peine, et fit néanmoins l’ouverture
de la mission; il prêcha trois fois le jour de Noël et le jour de saint
Étienne, et passa le reste du temps au confessionnal. Mais le soir du 26 décembre,
il eut deux défaillances, et bientôt les médecins jugèrent son mal sans remède.
Régis fit alors une
confession générale et demanda le
saint Viatique et l’Extrême-Onction,
qu’il reçut en homme tout
embrasé de l’amour divin.
Il souffrait des
douleurs violentes, mais la vue d’un crucifix qu’il tenait entre ses mains et
qu’il baisait continuellement adoucissait ses souffrances et l’on entendait
sortir de sa bouche que des aspirations tendres et affectueuses et des soupirs
ardents vers la céleste patrie. Sur le soir du dernier jour de décembre, il dit
à son compagnon : « Ah ! mon
frère, quel bonheur ! Que je meurs content ! Je vois Jésus et Marie
qui daignent venir au devant de moi pour me conduire dans le séjour des saints.
»
Un moment après il
joignit les mains, leva les yeux au ciel et prononça distinctement ces
paroles : « Jésus-Christ, mon
Sauveur, je vous recommande mon âme et la remets entre vos mains. » En les
achevant il rendit doucement l’esprit, vers minuit du dernier jour de l’année
1640. Il avait près de quarante-quatre ans et en avait passé vingt-six dans la
compagnie de Jésus. On l’enterra, le 2 janvier, dans l’église de la Louvesc. Il
se fait encore de nombreux miracles à son tombeau. Il fut béatifié en 1716 et
canonisé en 1731, par Clément XII. Sa fête a été fixée au 16 juin.
PRATIQUES. — Aimons DIEU; faisons-le aimer, selon notre
pouvoir; efforçons-nous de défendre ses intérêts et de parler pour sa gloire.
PRIÈRES. — Seigneur, rendez-nous dociles à la voix de
votre Église, et remplissez-nous d’ardeur pour notre salut et celui de nos
frères.
A.I.
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Le sens des mots :
macérations : nom féminin pluriel.
LITT. Mortifications que l’on s’inflige par esprit de pénitence.
mortifier : Soumettre le corps à une privation dans un but de
pénitence.
mortification : Action de mortifier son corps ( Larousse ).
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