29 AOÛT,
LA DÉCOLLATION
DE SAINT JEAN-BAPTISTE ( Ier SIÈCLE ).
Jean-Baptiste,
retiré dès son enfance dans le désert, y avait passé plus de trente ans dans
une austère pénitence. Son vêtement était un cilice fait de poil de chameau,
qu’il tenait serré autour de ses reins avec une ceinture de cuir. Pour sa
nourriture, il n’avait que des sauterelles ou du miel sauvage, c’est-à-dire la
nourriture des plus pauvres, et il vivait inconnu du monde, dans l’exercice
continuel de la prière et de la méditation des choses saintes. Mais enfin DIEU
tira cette lumière des ténèbres qui la cachaient. L’an quinzième de l’empire de
Tibère, c’est-à-dire vers l’an 30 de Jésus-Christ, la parole du Seigneur se fit
entendre à Jean dans le désert, et il vint sur les bords du Jourdain, aux
environ de Jéricho. Il prêchait le baptême de la pénitence et annonçait la
venue du Messie, disant qu’il lui préparait les voies. Tout le pays venait à
lui, et les peuples, touchés de ses prédications, confessaient leurs péchés et
recevaient de lui le baptême.
Pendant
que saint Jean baptisait et instruisait ainsi les pécheurs, le Sauveur même des
pécheurs, le juste et le saint par excellence, Jésus-Christ enfin, voulut être
baptisé par lui. Il vint donc pour cela de Nazareth vers le Jourdain, et se
présenta pour être baptisé comme les autres. Saint Jean reçut en ce moment une
lumière d’en haut qui lui fit connaître que c’était le Messie. Saisi alors de
vénération et de respect, il s’excusa de baptiser celui qu’il savait être son
Sauveur et son DIEU, et qui venait ôter le péché du monde; mais il fut obligé
de céder à celui qui venait accomplir toute justice, c’est-à-dire toute
humilité. Il le baptisa dans le Jourdain, et quand Jésus fut sorti de l’eau,
les cieux s’ouvrirent et le Saint-Esprit descendit sur lui.
Jean
continua de baptiser jusqu’à son emprisonnement. La cause de sa détention fut
la liberté avec laquelle il reprenait Hérode le Tétrarque de tous ses crimes,
et particulièrement de ce qu’il avait épousé Hérodiade, femme de Philippe, son
frère, dont elle avait une fille nommée Salomé. Jean représenta à Hérode
l’énormité de ce crime et lui dit que la loi de DIEU défendait d’avoir la femme
de son frère; ce prince ne pouvant souffrir la liberté du saint précurseur
l’envoya, chargé de chaînes, au château de Macheronte. Hérodiade, non contente
de le voir en prison, voulut le faire mourir; mais la crainte du peuple
retenait Hérode; et d’ailleurs, comme il ne pouvait point se dissimuler à
lui-même que Jean était un juste et un saint, il avait du respect pour lui et
suivait ses avis dans toutes les occasions où sa passion n’était point
intéressée. Ainsi Jean demeura prisonnier jusqu’à ce que son temps fût
accompli.
Ses
disciples avaient assez de générosité pour ne pas l’abandonner dans sa prison.
Mais comme il était venu pour préparer les voies du Seigneur, il ne pensa qu’à
leur faire connaître celui qui seul était leur libérateur et leur maître. Ayant
appris d’eux les miracles de Jésus-Christ, il envoya deux de ses disciples lui
demander s’il était celui que l’on attendait depuis le commencement du monde;
Jésus-Christ répondit par des miracles, qui étaient des preuves de sa divinité
et de sa mission. Jean ne doutait pas que Jésus ne fût le Christ; mais il
voulait que ses disciples s’en convainquissent par leurs propres yeux.
Quelque
temps après, Hérodiade ayant trouvé une occasion favorable pour satisfaire sa
haine contre saint Jean, s’empressa d’en profiter. Hérode célébrait le jour de
sa naissance et donnait un grand festin à ceux de sa cour, dans le château même
de Macheronte, où Jean était en prison. Pendant que les convives étaient animés
par le plaisir qui les avait assemblés, Salomé, fille d’Hérodiade et de
Philippe, son premier mari, oubliant la modestie qui convenait à son sexe et à
sa qualité, entra dans la salle du festin et dansa devant le roi d’une manière
qui fit grand plaisir à ce prince. Hérode, dans la chaleur du vin et de la
bonne chère, dit à Salomé : « Demandez-moi ce que vous voudrez, et je vous
l’accorderai, quand ce serait la moitié de mon royaume »; et il confirma cette promesse par un serment.
Salomé sortit de la salle, et alla rapporter à sa mère ce que le roi avait dit.
Hérodiade, qui n’était occupée que de la perte de son prisonnier, fit demander
sa tête. Salomé rentra aussitôt et dit à Hérode: « Donnez-moi dans ce plat la
tête de Jean-Baptiste. » Le roi fut attristé de cette demande; car il
conservait toujours quelque respect pour saint Jean; mais comme il s’était
engagé par serment devant une si grande compagnie, il fut arrêté par une honte
aussi criminelle que sa promesse avait été imprudente, et il n’osa se
rétracter. Ainsi il envoya un de ses gardes pour couper la tête au saint
précurseur, dans la prison. On apporta ensuite cette tête à Salomé sur un plat;
et celle-ci osa la prendre dans ses mains pour la montrer à sa mère. Saint
Jérôme dit que cette femme, voulant se venger de la liberté avec laquelle saint
Jean lui avait reproché ses désordres, lui perça la langue avec un poinçon. La
mort de saint Jean eut lieu sur la fin de l’an 31 ou au commencement de l’an 32
de Jésus-Christ. Ses disciples emportèrent son corps et l’enterrèrent
honorablement.
PRATIQUES. — 1. Saint Jean ne sort du désert que
par l’ordre de DIEU. Ne faisons rien que nous n’ayons un juste sujet de croire
que DIEU le demande de nous.
2. La tête du
plus grand homme devient le prix d’une danse: n’est-ce pas assez pour donner
l’horreur de ce plaisir dangereux et souvent criminel ?
PRIÈRE. — Seigneur, apprenez-nous, par l’exemple
de votre saint précurseur, à vivre dans cette dépendance continuelle de votre
sainte volonté, et à ne rien faire que par votre esprit.
A.I.
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