20 AOÛT
SAINT BERNARD, ABBÉ DE CLAIRVAUX ( XIIe SIÈCLE ).
Bernard, le prodige
du XIIe siècle, premier abbé de Clairvaux, illustre par la sainteté de sa vie,
par sa doctrine et par ses miracles, et l’un des plus grands ornements de
l’Église de France, naquit en Bourgogne, au château de Fontaines, dont son père
était seigneur. Il n’avait guère que dix-neuf ans quand il perdit sa mère.
Bernard commença dès lors à être maître de ses actions. Comme il avait toutes
les grâces extérieures du corps avec un grand talent pour la parole, on le
regardait comme un jeune homme de haute espérance. Tout lui souriait à son
entrée dans le monde, et quelque chemin qu’il suivît, il n’y avait aucun
avantage qu’il ne semblât pouvoir se promettre. Il était entouré d’amis
dangereux, mais l’Esprit saint le couvrait de l’ombre de ses ailes, et le
défendait de l’air empoisonné qu’on voulait lui faire respirer.
La nouvelle réforme
de Cîteaux lui parut très-propre pour se consacrer à DIEU; et il résolut de
l’embrasser. Ses frères et ses amis s’étant aperçus de son dessein firent tous
leurs efforts pour l’attacher au monde; mais il leur parla avec tant de force
du peu de solidité des biens d’ici-bas et de la grandeur des biens du ciel,
qu’il vint à bout de les gagner eux-mêmes les uns après les autres à
Jésus-Christ. Le jour étant venu d’accomplir leur vœu, les frères sortirent
ensemble de la maison de leur père, qui avait eu beaucoup de peine à leur
donner son consentement, et dont ils étaient venus recevoir la bénédiction; et
l’aîné ayant rencontré le plus jeune lui dit: « Mon frère c’est vous seul que
regarde tout notre héritage. » Celui-ci répondit : « Oui, le ciel pour
vous, et la terre pour moi: le partage n’est pas égal. » Il demeurait pour lors
avec son père; mais il suivit ses frères peu de temps après.
Bernard n’avait
encore que vingt-quatre ans, et un an de profession, lorsque l’abbé Étienne
l’envoya à Clairvaux pour en être abbé. Les autres religieux furent étonnés de
ce choix, ses frères surtout, qui craignaient qu’il ne pût soutenir une telle
charge, à cause de sa jeunesse et de la faiblesse de sa santé. La maison de
Clairvaux était extrêmement pauvre; les moines étaient souvent réduits à un
pain mêlé d’orge et de millet. Bernard, peu touché, par rapport à lui, de ces
incommodités, exhorta ses religieux à les supporter en esprit de pénitence, et
à s’occuper des biens du ciel, qui les dédommageraient abondamment de ce qu’ils
auraient souffert sur la terre. Ses exhortations firent beaucoup de fruit. On
voyait à Clairvaux des hommes qui, après avoir été riches et honorés dans le
monde, se glorifiaient dans la pauvreté de Jésus-Christ, souffrant patiemment,
et même avec joie, la fatigue du travail, la faim, la soif, le froid; ne
comptant pour rien tout ce qui leur manquait, pourvu qu’ils aimassent DIEU par dessus
toutes choses, et qu’ils obtinssent la gloire céleste. Au premier aspect, en
descendant la montagne pour entrer à Clairvaux, on voyait que DIEU habitait
dans cette maison par la simplicité et la pauvreté des bâtiments. Dans cette
vallée remplie d’hommes dont chacun était occupé au travail, on trouvait au
milieu du jour le silence de la nuit; on n’y entendait pas d’autre bruit que
celui des outils et des louanges de DIEU, lorsque ces moines chantaient
l’office. On vit à Clairvaux jusqu’à sept cents religieux obéissant à leur abbé
comme à un ange envoyé du ciel.
Cependant Técelin,
père de Bernard, qui était demeuré seul dans sa maison, vint trouver ses
enfants à Clairvaux, où il embrassa comme eux, la vie monastique. Il y mourut
quelque temps après, dans une heureuse vieillesse. Sa fille Humbeline n’eut pas
un sort moins heureux. Étant venue voir son frère, elle fut si touchée de ses
entretiens, que renonçant à tout, elle s’enferma dans le monastère de Julli,
qui avait été fondé depuis peu pour les femmes.
Toujours occupé de
la présence de DIEU, le saint abbé en était quelquefois absorbé, au point qu’il
ne voyait dans les villes, ni sur les routes, rien de ce qui intéressait la
curiosité des autres. Malgré son amour pour la retraite, son obéissance et le désir
de procurer la gloire de DIEU, le tiraient fréquemment de la solitude. C’est
ainsi qu’il en sortit pour fonder des monastères et pour les visiter; pour
faire le voyage de Paris pour des affaires importantes; pour assister à l’assemblée du clergé à Étampes,
où il fut appelé; pour suivre en Italie
le Pape Innocent II, qu’il réconcilia avec les Génois et quelques autres
peuples, etc., etc.
Saint Bernard
attaqua tous les novateurs qui parurent de son temps. Le pape Eugène III lui
demanda plusieurs fois les conseils et les secours dont l’esprit de DIEU le
rendait capable: aussi ne tarda-t-il pas à l’employer. Informé de l’état où se
trouvaient les chrétiens de la Palestine, qui demandaient les plus prompts
secours, le Pape vint en France, et y tint plusieurs conciles à ce sujet.
L’abbé de Clairvaux fut chargé de prêcher une croisade. Les miracles qu’il
opéra dans ces circonstances, et l’éclat de sa vertu donnèrent à ses prédications des succès
extraordinaires. Une armée nombreuse partit bientôt après; mais elle fut
détruite par les Mahométans dans les déserts, sur les frontières de la
Cappadoce. Ce fâcheux événement excita contre saint Bernard un orage violent;
sa patience et son humilité brillèrent plus que jamais dans cette triste
circonstance. On sut que la perfidie des Grecs, et plus encore l’indiscipline
de l’armée des croisés avaient été la principale cause de sa défaite.
Cependant saint
Bernard, accablé d’infirmités, tomba dangereusement malade. Son estomac ne
pouvait plus supporter aucune nourriture, même liquide. L’enflure de ses
jambes, jointe à divers autres accidents, annonça qu’il n’avait plus que peu de
moments à vivre. Il consola ses frères qui fondaient en larmes, et, les
recommandant à la miséricorde de DIEU, il se prépara à sa dernière heure par un
redoublement de componction et d’amour. Il expira le 20 août 1153, dans la
soixante-troisième année de son âge. Alexandre III le mit solennellement au
nombre des saints en 1165.
PRATIQUES. — La belle assemblée que celle de jeunes gens
qui se réunissaient pour s’exciter à
renoncer au monde, et pour s’animer à
embrasser la pauvreté et la pénitence ! Nous ne sommes pas dignes d’un tel
spectacle.
PRIÈRE. — Seigneur, faites-nous aimer la retraite, et
qu’il n’y ait que votre ordre qui nous en retire. Faites-nous aimer les
humiliations, comme la voie la plus sûre pour aller à vous.
A.I.
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