21 AOUT
SAINTE
JEANNE-FRANÇOISE FRÉMIOT DE CHANTAL, PREMIÈRE SUPÉRIEURE DE L’ORDRE DE LA
VISITATION DE SAINTE-MARIE ( XVIIe SIÈCLE ).
Sainte
Jeanne-Françoise naquit à Dijon, le 23 janvier 1572, de Bénigne Frémiot,
président à mortier au parlement de Bourgogne, et de Marguerite de Berbisy,
également distinguée par leur noblesse, leur prudence et leur loyauté, et
surtout par leurs vertus et leur attachement à la religion catholique. À peine
âgée de dix-huit mois, Jeanne eut le malheur de perdre sa mère. Elle fut élevée
par son père avec le plus grand soin, et grâce à ses sages instructions, elle
conçut un tel amour pour la foi qu’elle ne voulait pas même se laisser toucher
par les hérétiques et qu’elle confondit un calviniste qui niait la présence
réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. À vingt ans, elle épousa Christophe
de Rabutin, baron de Chantal, seigneur de Bourbilly et de Montholon,
gentilhomme très-estimé et jouissant des faveurs du roi Henri IV, et descendant
par sa mère de sainte Humbeline, sœur de saint Bernard. Jeanne, dans cette
nouvelle position, s’appliqua à régler sa maison, à rétablir le bon ordre dans
les biens de son mari, laissés jusqu’alors entre les mains d’intendants, à
instruire ses domestiques, à exercer envers eux les œuvres de charité
spirituelle et corporelle, et à leur donner l’exemple de toutes les vertus.
Chaque jour elle assistait à la sainte messe; elle faisait d’abondantes
aumônes, et, dans une famine, elle distribua du pain à tous les pauvres qui se
présentaient; DIEU, touché de sa charité, multiplia son blé, en sorte que ce
qui aurait à peine pu suffire à sa famille suffit pendant six mois pour elle et
pour une infinité de pauvres, qui venaient à elle de six à sept lieues de
distance.
Cependant
M. de Chantal, ayant abandonné l’armée et la cour, tomba malade en 1601, et fit
de sérieuses réflexions pour sa propre perfection; il était entré en pleine
convalescence, lorsqu’il fut mortellement blessé à la chasse d’un coup
d’arquebuse. Il vécut encore neuf jours, se confessa avec une grande piété et
mourut en saint: Jeanne-Françoise ressentit une immense douleur, mais elle se
résigna à la volonté de DIEU, lui promit de se consacrer désormais entièrement
à son service, et fit le vœu de chasteté. Elle se retira ensuite avec ses
enfants à Montholon, chez son beau-père, où elle eut beaucoup à souffrir de
l’humeur chagrine de ce vieillard, et des procédés indignes d’une femme de
charge, qui gouvernait tout dans la maison. La sainte veuve fit éclater alors
sa patience inaltérable et sa charité sans bornes.
L’an
1604, sainte Chantal se rendit à Dijon pour y entendre saint François de Sales
prêcher le carême. Dès qu’elle l’aperçut, elle reconnut en lui l’homme que DIEU
lui avait montré dans une vision, et qui devait la conduire dans les voies
spirituelles, et le saint évêque reconnut en elle la dame qui devait être la
fondatrice de l’ordre qu’il méditait depuis longtemps d’établir. Jeanne
s’ouvrit à ce grand saint, qui lui donna des instructions écrites de sa main,
et qu’elle suivit dès lors avec exactitude. De retour chez son beau-père, elle
se levait tous les jours, en hiver, à cinq heures du matin, et se mettait en
oraison; elle entendait ensuite la sainte messe, instruisait et catéchisait ses
enfants et ses domestiques, et mettait ordre à son ménage; le soir, elle leur
faisait faire la prière et l’examen, et s’entretenait ensuite encore longtemps
avec DIEU. Sa charité pour les pauvres s’accrut encore; elle n’en rencontrait
aucun à qui elle ne fit l’aumône; elle soignait les malades et les lépreux,
pansait et baisait leurs plaies, ensevelissait les morts et se livrait à la
pratique de toutes sortes de bonnes œuvres.
Lorsque
saint François de Sales crut l’âme de sainte Jeanne-Françoise bien préparée, il
lui parla de l’établissement qu’il projetait depuis longtemps: la sainte veuve
reçut cette ouverture avec plaisir, et l’an 1610, malgré la résistance et les
larmes de son père et de ses enfants, elle quitta le monde et se rendit à
Annecy, où le saint évêque lui donna le voile, ainsi qu’à deux autres personnes
recommandables, Jacqueline Favre, fille d’Antoine Favre, premier président de
Savoie, et Charlotte de Bréchard, d’une famille illustre de Bourgogne. Bientôt
un grand nombre de jeunes personnes se présentèrent pour entrer dans l’ordre de
la Visitation de Sainte-Marie, et des couvents s’élevèrent dans les principales
villes de France, non cependant sans peines et sans souffrances.
Malgré
de cruelles maladies, la sainte fut toujours la servante de ses sœurs; elle
s’abaissait aux ministères les plus vils et ne commandait rien dont elle ne
donnât l’exemple. Sa confiance en DIEU était complète et lui faisait endurer
tous les maux pour son amour. Elle pleura la mort de saint François de Sales,
son directeur et son soutien, mais sans trouble et en bénissant le Seigneur.
Elle eut aussi de fréquents rapports avec saint Vincent de Paul et elle en
obtint quelques prêtres pour la ville d’Annecy.
Tant
de travaux et de fatigues allaient enfin recevoir leur récompense; sainte
Jeanne-Françoise tomba dangereusement malade le 8 décembre 1641; le 11, elle
reçut le saint viatique; le 13, l’extrême-onction, et vers le soir, elle rendit
son âme à DIEU en murmurant le saint nom de Jésus. Elle fut béatifiée par
Benoît XIV le 13 novembre 1751, et canonisée le 17 août 1767 par Clément XIII,
qui fixa sa fête au 21 août. Son corps repose à Annecy, dans le premier couvent
de la Visitation.
PRATIQUES. — L’humilité, la douceur, la
charité, voilà les vertus des saints; travaillons-nous à les acquérir ?
Qu’aurons-nous à répondre au jugement de DIEU, lorsque nous serons interrogés
sur ce point.
PRIÈRE. — Ô Jésus, doux et humble de cœur,
rendez notre cœur semblable au vôtre.
A.I.
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