01 décembre
SAINT ÉLOI, ÉVÊQUE (
VIIe SIÈCLE ).
Éloi vint au monde
dans un village de Chatelac, près de Limoges, vers l’an 588. Son père s’appelait
Eucher, et sa mère Therrigie. Quand ils crurent avoir donné à leur fils une
connaissance suffisante de ses devoirs et des pratiques de la religion, et qu’ils
le virent en âge d’embrasser un état, ils consultèrent ses inclinations, et
remarquant en lui beaucoup de goût et d’adresse pour les ouvrages de la main,
ils le confièrent à un orfèvre, nommé Abbon: c’était le maître de la monnaie à
Limoges, qui jouissait d’une grande réputation de probité et d’habileté dans sa
profession et qui était fort religieux.
À l’âge de trente
ans, quelques affaires obligèrent Éloi d’aller à la cour de Clotaire II, qui
était alors à Paris. Il y fut connu de Bobon, trésorier du roi, qui le prit
sous sa protection, et le fit travailler à la monnaie et à des ouvrages d’orfèvrerie.
Peu de temps après, le roi voulut avoir un siège ou trône orné d’or et de
pierreries; mais aucun de ses ouvriers ordinaires ne put saisir son idée et l’exécuter.
Bobon, qui avait déjà eu plusieurs preuves de l’habileté d’Éloi, crut que c’était
l’occasion de le produire, et dit au roi qu’il avait trouvé l’homme que Sa
Majesté cherchait. Sur son témoignage, le prince fit donner à Éloi la quantité
d’or et de pierreries qu’on jugeait nécessaire. Éloi se mit aussitôt à l’ouvrage,
et bientôt après, au lieu d’un siège, il en présenta deux au roi. À la vue du
premier, Clotaire admira fort son talent; mais il admira beaucoup plus sa
probité, quand il vit le second; et il lui dit qu’après une si grande preuve de
son désintéressement, on pouvait se fier à lui pour des choses d’une plus
grande importance. Il le retint à la cour, et lui donna dès lors une
très-grande part dans sa confiance. Il le logea même dans son palais, et se
faisait un plaisir singulier d’aller le voir travailler.
Plus Clotaire
voyait Éloi, plus il était charmé de ses belles qualités, et plus il estimait
sa vertu. Croyant qu’un homme d’une si rare probité était propre à autre chose
qu’à façonner les métaux, il résolut de l’employer aux affaires de l’État. Pour
se l’attacher plus sûrement, il lui proposa de prêter le serment de fidélité
ordinaire sur les saintes reliques. Éloi, assuré des dispositions de son cœur,
promettait bien de demeurer fidèle; mais craignant de jurer en cette occasion
sans nécessité, contre la défense de Jésus-Christ, il ne pouvait se résoudre à
faire le serment que le prince exigeait. Clotaire ne sachant à quoi attribuer
ce refus, insista à demander le serment. Éloi s’en défendit avec toute l’humilité
possible, et tâcha de justifier sa répugnance à jurer. Le roi fit d’abord
difficulté de recevoir ses excuses; mais il reconnut qu’il n’agissait que par
délicatesse de conscience, et lui dit que cette manière de faire l’assurait
plus de sa fidélité que tous les serments.
Cette action d’Éloi
fit tant d’impression sur l’esprit de saint Ouen, tout jeune qu’il était alors,
car il n’avait guère que onze à douze ans, que le regardant comme un grand
serviteur de DIEU, il rechercha son amitié et la cultiva toujours depuis avec
un grand soin.
Éloi, peu content
de ce qu’il avait fait jusqu’alors pour son salut, entreprit de mener une vie plus
réformée et plus spirituelle. Il repassa dans l’amertume de son cœur sa vie
passée, et fit une confession générale de ses péchés. Il s’imposa ensuite une
sévère pénitence, mortifia sa chair par des travaux et par des jeûnes fréquents
qu’il prolongeait quelquefois deux ou trois jours. On ne voyait chez lui d’autres
tapisseries que des livres rangés par ordre autour de sa chambre, entre
lesquels l’Écriture sainte tenait le premier rang. Après avoir chanté des
psaumes, il s’appliquait à la lecture: il lisait même en travaillant. En un
mot, au milieu de la cour, et sous un habit séculier, il menait la vie des
religieux les plus parfaits.
Après la mort de
saint Acaire, évêque de Noyon, on le choisit pour remplir sa place. Éloi,
voyant qu’il ne pouvait se dispenser de se laisser imposer le pesant et
redoutable fardeau de l’épiscopat, demanda un temps suffisant pour se préparer
à recevoir les saints ordres; et après deux ans de préparation, il reçut la
prêtrise et la consécration épiscopale à Rouen, en 640, étant âgé de cinquante-deux
ans.
Éloi fit admirer
son zèle et sa sollicitude pastorale dans la vigilance et les soins qu’il
apporta pour conduire au ciel le troupeau qui lui avait été confié. Il trouva
des peuples qui n’avaient ni humanité, ni raison, et plus semblables, par leurs
mœurs et par leur manque de politesse, à des bêtes qu’à des hommes. Il les
instruisait avec une tendresse vraiment paternelle, les assistait dans leurs
besoins, prenait soin d’eux dans leurs maladies, et les consolait dans leurs
afflictions. Ces barbares étaient étonnés de sa bonté, de sa douceur, de son
désintéressement, de sa grande patience, et surtout de sa vie frugale et
innocente. L’admiration qu’ils conçurent pour lui leur donna envie de l’imiter,
et plusieurs se convertirent. Ceux-ci par exemple en entraînèrent d’autres qui
accoururent en foule écouter les prédications du saint prélat. On les vit
bientôt abattre eux-mêmes leurs temples, renverser leurs autels, briser leurs
idoles. Éloi les catéchisait exactement, leur faisait comprendre la sainteté du
DIEU qu’ils allaient servir, et la pureté des mœurs qu’il exige de ses
serviteurs. Il les éprouvait pendant une année, selon la coutume des premiers
siècles du christianisme, et tous les ans, à Pâques, il en baptisait un grand
nombre.
Éloi s’appliqua
aussi beaucoup à abolir les superstitions, qui sont presque toujours ou les
restes d’une idolâtrie grossière, ou les compagnes d’une dévotion ignorante et
intéressée. « De telles pratiques, dit Saint Éloi, ne viennent pas de DIEU,
mais du démon. »
Éloi passa près de
vingt ans dans les exercices de l’épiscopat, qu’il n’interrompait que pour
travailler à des ouvrages de sa première profession. Enfin, DIEU voulant le
récompenser de toutes ses bonnes œuvres, lui fit connaître que le moment après
lequel il avait tant soupiré arriverait bientôt. Il fut attaqué d’une fièvre
qui l’affaiblit peu à peu. La veille de sa mort, il assembla son clergé et ses
disciples, et leur fit un long discours, pour les exhorter à demeurer fermes
dans les sentiments de piété qu’il avait tâché de leur inspirer; et le
lendemain, premier jour de décembre de l’an 656, après les avoir embrassés, il
mourut en recommandant son âme à DIEU. Il était âgé de soixante-dix ans et
quelques mois.
PRATIQUES. — 1. Un ouvrier qui travaille avec fidélité,
qui emploie en conscience les matières qu’on lui met entre les mains, qui ne
perd pas le temps qu’on lui paie, ne doit pas craindre de manquer d’ouvrage; c’est
l’infidélité des ouvriers qui est cause qu’on se méfie d’eux.
2. Sanctifions notre
travail par la prière, par la méditation de l’Écriture sainte, et des vérités
qu’on nous a apprises: il n’y a point de travail où l’on ne puisse le faire.
PRIÈRE. — Notre travail doit être fait pour vous,
Seigneur; faites-nous la grâce de nous en acquitter avec fidélité, pour qu’il
soit digne de vous: que, respectant la sainteté des serments, nous évitions d’en
faire sans nécessité; mais que la vérité soit toujours dans notre cœur et dans
nos paroles.
A.I.
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