VIE DE SAINT LOUIS ( III )
Louis ne se laissa point abattre par cette disgrâce; il adora la main de Dieu qui le frappait, avec la même tranquillité qu'il l'avait bénie lorsqu'il l'avait comblé de biens. Il se montra en cette occasion le père de ses soldats par sa charité, comme il se montrait dans l'action leur capitaine par sa valeur: il courait de rang en rang, soulageant, autant qu'il était en lui, ceux qui souffraient, et les consolant de leurs disgrâces par la vue des récompenses éternelles que Dieu promet à ceux qui souffrent avec patience et avec soumission à sa volonté. Enfin le Seigneur mit le saint roi lui-même dans l'occasion de pratiquer la patience à laquelle il exhortait les autres: la maladie l'attaqua avec violence; il fut résolu que l'armée retournerait à Damiette: on se mit en chemin; mais les Sarrasins les surprirent et les désarmèrent. Le roi fut fait prisonnier avec les princes ses frères et toute la noblesse qui l'avait suivi. Le sultan le traita avec tout l'honneur qui était dû à son rang, et le mit entre les mains de ses médecins, qui, connaissant mieux sa maladie que les Français, le guérirent en peu de temps.
Louis parut tel dans la prison, qu'il avait paru en toute autre occasion. Privé de sa liberté, il se montra toujours roi et chrétien. Sa prison ne changea rien à sa manière de vivre dans tout ce qui dépendait de lui. Il n'interrompit ni ses jeûnes ni ses austérités. Ses gardes admiraient sa patience à souffrir les incommodités de sa prison et leurs insultes; son égalité d'âme et sa fermeté à refuser tout ce qu'on lui proposât pour sa délivrance, et qu'il crut déraisonnable. Le s Sarrasins lui dirent un jour: « Tu es notre prisonnier et notre esclave, et tu nous traites comme si nous étions nous-mêmes tes prisonniers. »
Quand on lui eut demandé pour sa rançon dix millions d'argent et la ville de Damiette, il répondit aux envoyés du sultan: « Allez dira à votre maître, qu'un roi de France ne se rachète point pour de l'argent. Je donnerai les dix millions pour mes gens, et la ville de Damiette pour ma personne. » Les Sarrasins lui ayant proposé, pour assurer le traité, une formule de serment qui lui parut contraire au respect dû à Dieu, il refusa de la faire; et comme ses parents et ses amis le pressaient d'y acquiescer, il leur répondit: « Dieu m'est témoin que je vous aime comme je le dois, et que je ne hais point ma vie: mais j'aime encore mieux Jésus-Christ et sa croix, et j'offenserais mon Dieu si je faisais ce qu'on me propose. » Les Sarrasins, furieux de son refus, lui portèrent le sabre à la gorge, et le menacèrent de le mettre en croix ainsi que tous les autres Français. « Vous le pouvez, leur dit-il, Dieu vous a rendus maîtres de mon corps; mais mon âme est entre ses mains, vous ne pourrez rien sur elle. » Enfin on lui rendit la liberté et il revint en France.
A.I.
( à suivre ... )
Tuesday, 25 August 2015
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