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mai –
SAINTE MONIQUE ( IVe
SIÈCLE ).
Sainte Monique naquit l’an 332, d’une famille où
régnaient la piété et la crainte de DIEU.
Elle fut élevée
d’une manière sévère, formée à l’amour du devoir et de la religion et à une
exacte sobriété : sa gouvernante ne lui permettait même pas de boire de
l’eau hors des repas.
« Vous ne buvez
présentement que de l’eau, disait-elle ; mais lorsque vous serez mariée et
maîtresse de la cave, vous prendrez la funeste habitude de boire. »
Malgré la sage précaution de sa
gouvernante, Monique prit insensiblement du goût pour le vin ; elle en
vint peu à peu à l’aimer et à en boire avec plaisir toutes les fois que
l’occasion s’en présentait.
Cette intempérance
était fort dangereuse, bien qu’elle ne fût pas suivie d’excès considérables.
DIEU, qui veillait
sur sa servante, se servit, pour la corriger, d’une querelle qu’elle eût avec
une domestique de la maison.
Celle-ci, qui
suivait sa jeune maîtresse à la cave et savait ce qui s’y passait, lui fit de
sanglants reproches, et alla jusqu’à la traiter d’ivrognesse.
Monique, vivement
piquée, rentra en elle-même et prit la sincère résolution de se défaire de la
mauvaise habitude qu’elle avait contractée.
Peu de temps après,
elle reçut le baptême, et elle vécut toujours de manière à édifier ceux qui la
connaissaient.
Lorsqu’elle fut d’âge d’être mariée,
ses parents lui firent épouser Patrice, bourgeois de Tagaste, homme d’honneur,
mais païen de religion, d’un caractère violent et emporté. Elle eut toujours
pour lui la soumission la plus parfaite ; elle l’honorait, supportait ses
infidélités avec patience, sans les lui reprocher avec amertume ; elle
cherchait à le retirer de ses vices par sa conduite irréprochable, par sa
patience et sa douceur. Enfin, elle eut la consolation de voir les fruits de
ses vertus ; Patrice embrassa le christianisme un an avant de mourir, et
passa le reste de sa vie dans la pratique des devoirs qu’il inspire.
Sainte Monique croissait de plus en
plus en perfection ; elle soulageait et servait les pauvres, assistait
tous les jours au saint Sacrifice, pensait souvent à l’Éternité et au bonheur
des Saints, s’appliquait à imiter leurs exemples et visitait souvent les
tombeaux des martyrs. Mais en même temps elle veillait au soin de sa maison et
à l’éducation de ses enfants.
La sainte avait deux fils, Augustin
et Navigius, et une fille dont on ignore le nom. Augustin, né en 354, mit sa
vertu à de rudes épreuves et fit couler de ses yeux bien des larmes.
Il se laissa
entraîner à la fougue de ses passions, fut saisi du désir immodéré de savoir,
et, après la mort de son père, se laissa séduire, l’an 373, par les erreurs des
manichéens.
Monique, informée
des égarements de son fils, en ressentit une profonde douleur ; elle ne
cessait de solliciter pour lui la miséricorde divine par ses prières, ses
soupirs et ses larmes.
Elle mettait dans
ses intérêts des évêques pieux et savants et les conjurait d’avoir des
conférences avec son fils. Un de ces évêques lui dit un jour :
«Allez, continuez
de faire ce que vous faites. Il est impossible que le fils de tant de larmes
périsse. »
Augustin, à l’âge de vingt-neuf ans,
résolut de se rendre à Rome pour y enseigner la rhétorique.
Craignant qu’il ne
différât encore sa conversion, Monique voulut le détourner de ce voyage ;
Augustin feignit d’y renoncer, et s’embarqua pendant que sa mère passait la
nuit dans une chapelle au bord de la mer.
Il se rendit, en
384, à Milan ; les entretiens qu’il eut dans cette ville avec saint
Ambroise lui firent reconnaître les erreurs abominables des manichéens.
Il y renonça, sans
pour autant s’attacher encore au parti de la vérité.
Monique, ayant su que son fils était
à Milan, s’embarqua pour aller le rejoindre. Là, elle apprit avec bonheur, de
la propre bouche de son fils, qu’il n’était plus manichéen, et vit peu après
arriver enfin le moment, qu’elle appelait de ses vœux depuis tant d’années,
celui de la conversion parfaite de son cher Augustin, qui fut baptisé à la fête
de Pâques de l’année 387.
Augustin continua
de vivre quelque temps avec ceux de ses amis qui avaient reçu le baptême ;
mais bientôt tous ces nouveaux disciples de Jésus-Christ ne pensèrent plus qu’à
retourner en Afrique. La sainte devait s’embarquer avec eux ; mais elle
tomba malade et mourut à Ostie.
Quelque temps avant sa maladie, elle
eut un entretien avec son fils Augustin sur le bonheur du Ciel et le mépris du
monde, et lui dit :
« Mon fils, il n’y
a rien, plus rien dans cette vie, qui puisse me toucher. Que ferai-je ici
davantage ? Je ne vois pas ce qui pourrait m’y retenir. Tous mes vœux sont
présentement accomplis. Je ne souhaitais la prolongation de mes jours que pour
vous voir catholique et enfant du Ciel. DIEU a fait encore plus que je n’avais
désiré, puisque je vous vois entièrement consacré à son service, et plein de
mépris pour tous les avantages auxquels vous auriez pu aspirer dans le monde ( ici, en italique, texte supposé
car absent ). Qu’est-ce qui me
retiendrait donc ici plus longtemps ? »
Cinq jours après, elle fut prise de
la fièvre, et la maladie alla toujours en augmentant. On n’eut bientôt aucun
espoir de guérison. Elle souffrait avec une patience admirable les douleurs
qu’elle ressentait. Son âme fut enfin affranchie des liens du corps, pour aller
dans le Ciel se réunir à Jésus-Christ. Elle mourut en 387, à la
cinquante-sixième année de son âge.
Le corps de sainte Monique fut
transporté d’Ostie à Rome en 1430, sous le pape Martin V, et il y est encore
dans l’église de Saint-Augustin.
PRATIQUES. — Mères chrétiennes, prenez sainte Monique pour
modèle. Gémissez sur les égarements de vos enfants, et priez beaucoup pour
eux ; souvenez-vous que les désordres d’Augustin furent le fruit des
mauvaises liaisons et des compagnies dangereuses ; éloignez donc vos
enfants de tout contact avec les libertins.
PRIÈRE. — Ô DIEU de miséricorde, accordez-nous la grâce de
triompher des obstacles que le démon, le monde et la chair opposent à notre
salut et de vous servir désormais fidèlement.
A.I.
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