ANNE CATHERINE EMMERICH: visions, 27 déc. 1818.
Pendant l’octave du
27 décembre ( 1818 ? ), jour de la fête de saint Jean l’Évangéliste.
« Je vis l’Église
de Saint-Pierre et une énorme quantité d’hommes
qui travaillaient à la renverser, mais j’en vis aussi d’autres qui y faisaient
des réparations.
Des lignes de manœuvres
occupés de ce double travail s’étendaient à travers le monde entier et je fus
étonnée de l’ensemble avec lequel tout se faisait.
Les démolisseurs
détachaient de gros morceaux ; c’étaient particulièrement des sectaires en
grand nombre et avec eux des apostats. Ces gens, en faisant leur travail de
destruction, semblaient suivre certaines prescriptions et une certaine règle :
ils portaient des tabliers blancs bordés d’un ruban bleu et garnis de poches,
avec des truelles fichées dans la ceinture. Ils avaient d’ailleurs des
vêtements de toute espèce : il se trouvait parmi eux des hommes de
distinction, grands et gros, avec des uniformes et des croix, lesquels
toutefois ne mettaient pas eux-mêmes la main à l’ouvrage, mais marquaient sur
les murs avec la truelle les places où il fallait démolir. Je vis avec horreur
qu’il y avait aussi parmi eux des prêtres catholiques.
Souvent, quand ils
ne savaient pas bien comment s’y prendre, ils s’approchaient, pour s’en
instruire, d’un des leurs qui avait un grand livre où l’on aurait dit que
toutes les manières de bâtir et de démolir étaient décrites. Alors ils
marquaient de nouveau exactement avec la truelle un point qui devait être
attaqué et sur lequel la démolition était promptement faite. Ces gens
détruisaient avec un grand calme et d’une main sûre, mais timidement,
furtivement et l’œil au guet.
Je vis le Pape en
prières : il était entouré de faux amis qui souvent faisaient le contraire
de ce qu’il prescrivait.
Je vis un petit
homme noir ( c’était un laïque ) travailler à la ruine de l’église avec une
grande activité.
Pendant que l’église
était ainsi démolie d’un côté, on la rebâtissait de l’autre côté, mais avec
très- peu de zèle.
Je vis plusieurs
membres du clergé que je connaissais. Le vicaire général me causa une grande
joie. Il passa, sans se troubler, à travers les démolisseurs et donna des
ordres pour maintenir et réparer. Je vis aussi mon confesseur traîner une
grosse pierre qu’il apportait en faisant un long détour. J’en vis d’autres dire
négligemment leur bréviaire et par intervalles apporter sous leur manteau une
petite pierre ou la présenter à d’autres comme si c’eût été une grande rareté.
Ils semblaient tous n’avoir ni confiance, ni ardeur, ni méthode, et ignorer
absolument de quoi il s’agissait. C’était déplorable.
Déjà toute la
partie antérieure de l’église était abattue : il n’y restait plus debout
que le sanctuaire avec le saint Sacrement.
J’étais accablée de
tristesse et je me demandais toujours où était donc cet homme que j’avais vu
autrefois se tenir sur l’église pour la défendre, portant un vêtement rouge et
tenant une bannière blanche.
Alors je vis une
femme pleine de majesté s’avancer dans la grande place qui est devant l’église.
Elle avait son ample manteau relevé sur les deux bras et elle s’éleva doucement
en l’air. Elle se posa sur la coupole et étendit sur toute l’étendue de l’église
son manteau qui semblait rayonner d’or.
Les démolisseurs
venaient de prendre un instant de repos, mais, quand ils voulurent se remettre
à l’œuvre, il leur fut absolument impossible d’approcher de l’espace couvert
par le manteau.
Cependant, de l’autre
côté, ceux qui rebâtissaient se mirent à travailler avec une incroyable
activité.
Il vint des hommes
d’un très grand âge, impotents, oubliés, puis beaucoup de jeunes gens forts et
vigoureux, des femmes, des enfants, des ecclésiastiques et des séculiers, et l’édifice
fut bientôt restauré entièrement.
Je vis alors un
nouveau Pape venir avec une procession. Il était plus jeune et beaucoup plus
sévère que le précédent. On le reçut avec une grande pompe. Il semblait prêt à
consacrer l’église, mais j’entendis une voix disant qu’une nouvelle consécration
n’était pas nécessaire, que le très-saint Sacrement y était toujours resté.
On devait alors
célébrer très-solennellement une double fête : un jubilé universel et la
restauration de l’église.
Le Pape, avant de
commencer la fête, avait déjà disposé ses gens qui repoussèrent et renvoyèrent
de l’assemblée des fidèles, sans trouver aucune contradiction, une foule de
membres du haut et du bas clergé.
Je vis qu’ils
quittèrent l’assemblée en murmurant et pleins de colère.
Le Pape prit à son
service de tout autres personnes, ecclésiastiques et même laïques.
Alors commença la
grande solennité dans l’église de Saint-Pierre.
Les hommes au
tablier blanc continuaient à travailler à leur œuvre de démolition sans bruit
et avec circonspection, quand les autres ne les voyaient pas : ils étaient
craintifs et avaient toujours l’œil au guet. »
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