4 novembre.
SAINT CHARLES BORROMÉE,
ARCHEVÊQUE DE MILAN, (
XVIe SIÈCLE ).
Charles naquit au château d’Arône,
le 2 octobre 1538, de Gilbar Borromée, et de Marguerite de Médicis.
Il donna dès son enfance des marques
de la sainteté à laquelle il était appelé.
Sa vocation à l’état ecclésiastique
s’annonça d’une manière si prononcée, qu’on n’hésita pas pour lui laisser
prendre la tonsure à l’âge de dix ans.
Après avoir achevé les études que l’on
nomme Humanités, on l’envoya étudier à Pavie le droit civil et
canonique ; mais à la mort de son père en 1558, il fut obligé de revenir à
Milan pour les affaires de sa famille.
À cette époque, le cardinal de
Médicis, son oncle, fut élevé sur la chaire de saint Pierre, sous le nom de Pie
IV.
Charles reçut les compliments qu’on
lui en fit, avec une froideur qui marquait combien il appréhendait les dangers
auxquels cette élévation allait l’exposer.
Le Pape ne tarda pas d’appeler son
neveu auprès de lui, et trouvant en lui une sagesse consommée, il le fit
cardinal en 1560, et archevêque de Milan peu de temps après, quoiqu’il n’eût
encore que vingt-trois ans.
Charles n’accepta ces dignités que
par obéissance ; mais il justifia bientôt le choix du Souverain-Pontife,
dont il fut la consolation et l’appui dans les affaires les plus difficiles du
gouvernement de l’Église ;
l’une des plus importantes alors
était celle du concile de Trente, qui durait depuis soixante-huit ans.
Le pieux cardinal vint à bout, par
son zèle et sa prudence, de surmonter les difficultés qui en avaient retardé la
clôture.
La dernière session eut lieu le 4
décembre 1563.
Charles se hâta d’en faire publier
les décrets dans son diocèse, pour la réforme
de la discipline.
Sa conduite sur ce point fut du plus
grand exemple ; il réforma sa maison, vendit ce qu’il y avait de précieux
dans ses meubles et équipages.
Cependant le saint archevêque ne
soupirait que pour se rendre dans son diocèse, afin de travailler à la
sanctification de son troupeau.
Il se fit précéder par plusieurs
prédicateurs de la Compagnie de Jésus ; et leur donna une maison dans
Milan, afin qu’elle leur servît de point central pour donner des missions dans
tout son diocèse.
Il partit lui-même peu de temps après,
mais il fut à peine à Milan, qu’il apprit que le Pape était tombé malade, et il
fut obligé de retourner à Rome.
Pie IV mourut entre ses bras, le 10
décembre 1565.
Pie V, qui fut élu Pape un mois
après, fit tous ses efforts pour que Charles restât auprès de lui ; mais
celui-ci insista tant pour avoir la permission de se rendre dans son diocèse,
qu’il obtint enfin l’agrément du Souverain-Pontife.
Arrivé à Milan, dit l’historien de
sa vie, il s’occupa avec le plus grand zèle de la réforme de son diocèse et commença par régler sa propre maison, où
chacun eut son emploi et sa règle à observer.
Les exercices de la piété chrétienne
y furent fixés pour tous les jours.
Ce fut alors que le saint prélat
commença cette vie d’oraison, de charité pastorale et d’austérités, qu’il
continua jusqu’à sa mort.
Dès qu’il eut fixé sa résidence à
Milan, il se réduisit à n’avoir que le seul revenu de son archevêché avec la
pension qu’il s’était réservée sur ses biens de famille, et celle qu’il
recevait du roi d’Espagne.
Il résigna ses autres bénéfices, ou
les employa avec les formalités nécessaires, à fonder des séminaires, des
collèges, et à fournir aux besoins des pauvres et des malades dans les
hôpitaux, pour lesquels il vendit sa vaisselle d’argent, ses meubles précieux,
et tout ce qui pouvait être d’un grand prix : il fit disparaître de son
palais les tapisseries, les décorations et les autres recherches du luxe, de la
vanité ou de la sensualité.
Il
se confessait tous les jours avant de célébrer la sainte messe, récitait
son bréviaire tête nue et à genoux, et assistait à l’office public les jours de
fête dans la cathédrale.
La passion de Jésus-Christ était le
plus cher objet de sa piété ; sa tendre dévotion pour la sainte Vierge, et
pour tous les saints honorés dans son église, lui fournissait habituellement
des prières auxquelles il était fidèle.
Son jeûne était continuel, excepté
les jours de fête ; et d’ordinaire il l’observait en ne mangeant que
quelques légumes, du pain et ne buvant que de l’eau.
Son palais, toujours ouvert à ceux
qui désiraient recevoir ses instructions, ou lui confier leurs peines,
représentait l’image d’une maison religieuse dont le chef et la communauté
étaient des saints, et dont le zèle et les exemples firent l’édification de
Milan et de tout son diocèse, où la piété se renouvela, et rendit à la religion
son autorité et son éclat, dans l’observation de ses lois et les pratiques de son
culte, dans presque toutes les conditions.
Le saint archevêque eut souvent à
souffrir de la part des méchants ; on attenta deux fois à sa vie, qui ne
fut conservée que par miracle.
On désapprouva souvent sa conduite ;
on blâma jusqu’à ses aumônes ; on lui prêta de mauvaises intentions dans
la sévérité qu’il mit en certaines occasions où elle était un devoir.
Saint Charles souffrit tout sans se
plaindre, et força plusieurs de ses ennemis à lui faire des satisfactions, qu’il
reçut avec des affections qui lui attachèrent souvent les cœurs
Il était parti pour assister à la
mort d’un de ses suffragants, lorsqu’il apprit que la peste s’était déclarée
près de Milan, où elle pénétra bientôt ; il se hâta de retourner dans sa
ville ; et, en arrivant, alla visiter le lieu où le magistrat avait
ordonné de conduire les pestiférés.
Il les consola, pourvut á leurs besoins
spirituels et temporels, et déclara que, dans cette calamité terrible, il ne se
séparerait pas de son peuple, et qu’il sacrifierait sa vie á lui rendre tous
les soins d’un bon pasteur.
Il ordonna des prières publiques
pour tâcher de fléchir la justice divine, et s’offrit souvent à DIEU comme
victime, spécialement dans une procession où il parut la corde au cou et les
pieds nus.
Le ciel exauça les vœux de saint
Charles par la cessation de ce terrible fléau.
En 1584, il se rendit avec le père
Adorno, Jésuite, son confesseur, au Mont-Varalli ; il y fit une confession
extraordinaire, et dit à quelques personnes intimes que sa fin approchait ;
quelques jours après le 24 octobre, il fut pris d’une fièvre tierce.
On le transporta à Milan, le 2 novembre
suivant : le redoublement de la fièvre fut si violent, qu’on désespéra de
sa vie.
Il demanda les sacrements de l’Église, qu’il reçut avec
cette tendre dévotion qui lui était ordinaire, et expira au commencement de la
nuit du 8 au 9 novembre en prononçant ces mots :
« Ecce venio, voici
que je viens. »
Paul V le canonisa neuf ans après sa
mort.
PRATIQUES. — Les ministres du Seigneur doivent être, selon
sa parole dans l’Évangile, la lumière du monde et le sel de la terre, en l’instruisant
avec zèle des vérités divines, de l’excellence et de la nécessité des vertus
chrétiennes, dont ils doivent s’attacher soigneusement à être des modèles. De
leur côté, les fidèles doivent avoir le désir d’être éclairés par la foi, et le
courage d’en observer les maximes et les préceptes, avec le secours de la
grâce.
PRIÈRE. — Donnez, Seigneur, à votre sainte Église, des
pasteurs zélés comme saint Charles, et donnez au troupeau la docilité pour
mettre à profit leurs instructions.
A.I.
No comments:
Post a Comment