1er novembre – FÊTE DE
TOUS LES SAINTS.
On rapporte au pape Boniface IV, qui
vivait au commencement du septième siècle, la première origine de la fête de
tous les Saints.
Voici quelle en fut l’occasion :
il y avait à Rome, un temple appelé le
Panthéon, bâti par Auguste
quelques années avant la naissance de Jésus-Christ. Cet édifice était regardé
comme un chef-d’œuvre d’architecture, et son auteur l’avait rendu comme le
centre de l’idolâtrie, en le consacrant à tous les dieux.
Les empereurs romains, étant devenus
chrétiens, portèrent des lois contre le culte des idoles et firent abattre
leurs temples.
On en épargna pourtant quelques uns,
à cause de leur magnificence ; mais ils furent fermés : le Panthéon
fut du nombre.
On ne les regarda pendant longtemps
que comme des monuments propres à orner les villes où ils étaient.
Lorsque la religion chrétienne fut
bien affermie, et que l’Église crut n’avoir plus rien à craindre de l’idolâtrie,
elle ne fit point de difficulté d’ouvrir ces temples pour les purifier et les
faire servir au culte du vrai DIEU.
En 607, Boniface IV bénit le
Panthéon, et le consacra à DIEU sous l’invocation de la sainte Vierge et de
tous les martyrs.
On ne peut pas dire que ce fût
encore la fête de tous les Saints, puisqu’elle n’avait pour objet que la sainte
Vierge et tous les Martyrs.
Ce ne fut qu’en 837 que le pape
Grégoire IV lui donna toute l’étendue qu’elle a aujourd’hui, en dédiant une
chapelle, dans l’église de Saint-Pierre de Rome, en l’honneur de tous les Saints.
Cette fête, bientôt après, passa en
Allemagne. Louis le Débonnaire, à la prière du Pape et du consentement des
évêques, en ordonna la célébration dans tous ses états, et la fixa au premier
novembre.
L’objet principal de cette fête est
Jésus-Christ, le chef et le modèle de tous les Saints.
Comme leur justice et leur sainteté
ne sont qu’une émanation de la justice et de la sainteté souveraines, c’est à
lui que se rapporte le culte que nous rendons à ceux qu’il a bien voulu
sanctifier.
La foi nous apprend qu’ils n’ont
rien mérité pour eux qu’en vertu des mérites de Jésus-Christ ; et nous
faisons profession de croire qu’ils ne peuvent rien pour nous que par
Jésus-Christ ; mais nous savons que par lui ils sont très-puissants ;
ayons donc recours à leur intercession et à leurs prières.
L’Église a honoré les Saints dans
tous les temps ; mais toujours elle a prétendu honorer Jésus-Christ même
dans le culte qu’elle leur a rendu.
On invoque les Saints, c’est-à-dire
que les fidèles les prient d’être leurs intercesseurs auprès de DIEU.
Se croyant indignes d’être écoutés
dans leurs prières, les hommes ont recours à ceux dont ils savent combien le
crédit est grand auprès du Seigneur.
On honore les reliques des Saints,
parce qu’on considère leurs corps comme ayant été les victimes de DIEU par le
martyre ou par la pénitence.
C’est dans le même esprit qu’on rend
honneur à leurs images ; les fidèles ne croient pas qu’elles aient aucune
vertu qui doive les faire révérer ; ils les regardent seulement comme très-propres à faire penser plus
souvent à ceux qu’elles représentent.
C’est dans ce même esprit que l’on visite leurs tombeaux et les lieux
consacrés à DIEU sous leur nom.
Le dessein de l’Église, en célébrant
les fêtes des Saints, en honorant leurs reliques et leurs images, a toujours
été d’honorer DIEU en eux, de les proposer aux chrétiens pour modèles, et de
les porter à les imiter en leur faisant voir la grande récompense qui les
attend, s’ils ont le bonheur de les suivre.
En vain allèguerions-nous les
obstacles que nous avons à surmonter ; les Saints se trouvaient dans les
mêmes circonstances, et peut-être dans des circonstances plus délicates.
Ils étaient pétris du même limon que
nous : mais connaissant leur faiblesse mieux que nous ne connaissons la
nôtre, ils évitaient tout ce qui était capable d’allumer le feu de leurs
passions, ils fuyaient les occasions du péché ; ils s’établissaient de
plus en plus dans la pratique de l’humilité ; ils puisaient sans cesse de
nouvelles forces dans la fréquentation des Sacrements et dans l’exercice de la
prière.
C’était par la réunion de ces
différents moyens qu’ils triomphaient d’eux-mêmes et des ennemis du dehors.
Il ne tient qu’à nous de faire usage
des mêmes secours.
Le sang de Jésus-Christ fut versé
pour nous comme pour eux.
La grâce du Sauveur ne nous manque
pas ; c’est nous qui lui manquons.
Si les difficultés nous arrêtent, si
les tentations nous effraient, si les ennemis se présentent sur la route, ne
perdons point courage ; au contraire, redoublons d’ardeur, en nous écriant
avec Josué :
Le Seigneur est avec nous, que pourrions-nous craindre ?
Si le monde nous poursuit, souvenons-nous que les Saints
l’ont combattu, et sont sortis victorieux de toutes ses attaques.
Si nos passions sont violentes,
Jésus-Christ nous a fourni des armes pour les soumettre.
Si nous étions moins lâches, nous
trouverions que les difficultés que nous alléguons ne sont qu’imaginaires ;
nous ne redouterions plus les voies laborieuses de la pénitence, nous ne balancerions
plus de faire ce que firent tant de Saints de l’un et l’autre sexe, des vierges
délicates, des jeunes gens d’une faible complexion et élevés dans la mollesse,
des princes, des rois ; nous nous écrierions souvent avec saint Augustin :
« Pourquoi ne ferai-je pas ce que
tels et telles ont eu la générosité de faire ? »
Ces exemples sont bien propres à
nous encourager, et à faire taire tous les prétextes.
Il n’y a qu’un DIEU, qu’un Sauveur,
qu’un Évangile, qu’un paradis.
Il n’y a qu’une loi ; elle est
invariable.
C’est une erreur bien dangereuse que
de s’imaginer que les chrétiens qui vivent dans le monde ne sont point tenus de
tendre à la perfection, ou qu’ils peuvent se sauver en suivant une autre route
que les saints.
PRATIQUES. — 1. Nous ne pouvons être sauvés que par
Jésus-Christ. Adressons-nous donc à lui avec confiance, puisqu’il nous a promis
que tout ce que nous demanderons en son nom nous sera accordé.
2. Les Saints ne peuvent
que solliciter pour nous les grâces dont nous avons besoin. Ayons donc recours
à leur intercession, afin qu’ils prient pour nous.
3. Le principal culte
que nous devons rendre aux Saints, c’est d’imiter leurs vertus. Que cette fête
nous y anime.
PRIÈRE. — C’est vous, Seigneur, qui faites les saints ;
accordez-nous la grâce de les imiter, en nous donnant l’amour de votre sainte
pauvreté, de la pénitence, et un désir sincère de pratiquer votre saint
Évangile.
A.I.
No comments:
Post a Comment