SAINT CYPRIEN, ÉVÊQUE DE CARTHAGE ( IIIe SIÈCLE ). Martyr.
Saint Cyprien est né en Afrique,
mais on ignore en quel lieu. Avant qu’il eût le bonheur d’être converti à la
religion chrétienne, il enseigna la rhétorique avec beaucoup de réputation. Il
ne quitta la religion païenne, dans laquelle il était né, qu’après avoir hésité
longtemps sur ce changement, et avoir mûrement délibéré s’il le devait faire.
« Il me semblait très-difficile,
dit-il, de renaître pour mener une vie nouvelle, et de devenir un autre homme
en gardant le même corps. Comment peut-on, pensais-je, se dépouiller tout d’un
coup d’habitudes enracinées et endurcies ? Comment pratiquer la frugalité,
quand on est accoutumé à une table abondante et délicate ? Mais quand l’eau
vivifiante eut lavé les taches de ma vie passée, et que mon cœur purifié eut
reçu la lumière d’en haut et l’esprit céleste, mes doutes s’évanouirent ;
je trouvai facile ce qui m’avait paru impossible. »
La vertu de Cyprien encore néophyte,
c’est-à-dire nouvellement baptisé, le fit élever à la prêtrise. On ne se
contenta pas même de le voir prêtre ; Donat, évêque de Carthage, étant
mort fort peu de temps après, tout le peuple fidèle s’empressa de demander qu’il
fut remplacé par Cyprien.
À cette nouvelle, le saint homme prit
la fuite, se croyant indigne d’un tel honneur ; mais dès que sa retraite fut
connue, une foule nombreuse investit la maison dans laquelle il s’était retiré ;
malgré toutes ses représentations, il fut obligé de se soumettre, et il fut
sacré évêque de Carthage l’an de Jésus-Christ 248.
Cyprien ne songeait qu’à bien
conduire son diocèse, et à y faire fleurir la foi et la piété, lorsque le démon
suscita dans l’Église une tempête qui obligea ce saint pasteur à se séparer
pour quelques temps de son troupeau.
L’an 249, l’empereur Dèce publia un
édit par lequel il ouvrait contre les fidèles une cruelle persécution.
Il y eut beaucoup de personnes du
clergé et du peuple de Carthage qui moururent pour la foi, et un plus grand
nombre qui fut mis en prison, et n’en sortit qu’après avoir beaucoup souffert.
Mais il y en eut aussi, surtout
parmi ceux qui étaient riches ou en place, qui s’offrirent d’eux-mêmes pour
brûler de l’encens en l’honneur des idoles ; d’autres qui confessèrent d’abord
le nom de Jésus-Christ au milieu d’affreux supplices, mais qui n’étant pas
assez humbles, et n’ayant pas une foi assez vive, le renoncèrent dans les
tourments, finirent par apostasier après avoir commencé à défendre la vérité.
Saint Cyprien, qui avait été obligé
de prendre la fuite, fut extrêmement affligé de ces tristes nouvelles ; et
il en témoigna sa peine à son clergé.
Plusieurs de ceux qui étaient tombés
furent sensibles à la charité de saint Cyprien, et demandèrent à être admis à
la pénitence.
Saint Cyprien écrivit aussi aux
confesseurs, c’est-à-dire à ceux qui avaient confessé Jésus-Christ devant les
magistrats, et au peuple ; aux premiers, pour leur remontrer que s’ils ont
gardé la foi au Seigneur avec tant de courage, ils doivent aussi être les plus
zélés à garder sa loi et la discipline de l’Église ; aux seconds, pour les
engager à exhorter ceux qui sont tombés et qui avouent leur faute à en faire
pénitence et à attendre avec patience le
moment de leur réconciliation, qui ne peut être méritée que par les larmes et
une longue épreuve.
Cette conduite de saint Cyprien fut
soutenue par le clergé de Rome, qui écrivit à celui de Carthage de tenir ferme
contre les importunités des apostats qui s’avouaient coupables, et de ne les
réconcilier que suivant la rigueur salutaire de l’Évangile.
« Il est aussi nécessaire, dit le
clergé de Rome, quand on est dans un temps fâcheux, de tenir ferme à la
discipline de l’Église, qu’il est important de ne point quitter le gouvernail d’un
navire pendant la tempête. DIEU garde l’Église romaine, ajoute la lettre, de
perdre sa vigueur par une facilité profane, et de relâcher les nerfs de la
sévérité en renversant la majesté de la foi. »
L’empereur Valérien ayant renouvelé
la persécution contre les chrétiens, saint Cyprien fut pris et condamné à
perdre la tête.
Le saint évêque étant arrivé au lieu
du supplice, se prosterna le visage contre terre, et fit sa prière. Quand elle
fut finie, il ôta ses habits, qu’il donna à ses diacres. Il prit ensuite un
bandeau pour se couvrir les yeux ; et comme il avait de la peine à le
nouer par derrière, un prêtre et un diacre lui rendirent ce dernier office.
Lorsque l’exécuteur parut, Cyprien lui fit donner vingt-cinq écus d’or ;
puis il se mit à genoux ; et les mains croisées sur la poitrine , il
attendit le coup qui devait le faire passer de cette vie à la glorieuse
immortalité.
Les fidèles avaient jeté autour du
saint des mouchoirs et des linges pour recueillir son sang. Il reçut la
couronne du martyre le 14 septembre, l’an de Jésus-Christ 258.
À Rome, on célèbre encore la fête de
saint Corneille, pape, qui souffrit le martyre pour la foi de Jésus-Christ, et
qui, après avoir supporté l’exil, et refusant toujours de trahir son divin
Maître, eut enfin la tête tranchée vers l’an 252.
PRATIQUES. — 1. Nous
avons grand besoin de l’indulgence de l’Église : mais c’est se tromper que
de croire qu’elle dispense de faire pénitence.
2. Personne de nous, dit saint Cyprien, ne cherche
ici-bas ni joie, ni prospérité. C’est donc là le caractère qui distingue les
chrétiens d’avec les païens : est-ce le nôtre ?
PRIÈRE. — Que votre
croix, Seigneur, fasse toute notre joie ; que votre sainte pauvreté soit
notre trésor.
A.I.
A.I.
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