[ Source : La Doctrine Catholique
par !'Abbé A. BOULENGER, IMPRIMATUR 25 AVRIL 1917 ].
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66. II. L'Épreuve. Le Péché originel.
I°. L'Épreuve.
— Comme nous venons de le voir, Adam et Ève furent comblés par Dieu de toutes sortes de dons auxquels ils n'avaient aucun droit.
Mais il est bien entendu que, par suite de la liberté qui était une des facultés maîtresses de leur nature, l'abus de tant de grâces restait une hypothèse possible. Par ailleurs, il convenait que le bonheur, dont nos premiers parents jouissaient déjà au Paradis terrestre et qui n'était que le prélude d'un bonheur plus complet qui devait leur échoir au Ciel, ne fût pas un don gratuit, mais la récompense de leur fidélité.
Comme les Anges, Adam et Ève furent donc soumis à une épreuve.
Dieu leur défendit de « manger du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal » ( Gén., II 17 ).
Par ce commandement, le Créateur voulait rappeler à la créature sa sujétion : « Il donne un précepte à l'homme, dit BOSSUET, pour lui faire sentir qu'il a un maître ; un précepte attaché à une chose sensible, parce que l'homme est fait avec des sens ; un précepte aisé, parce qu'il voulait lui rendre la vie commode, tant qu'elle serait innocente. »
2° Le péché originel.
— A. EXISTENCE. — Le fait de la chute de nos premiers parents, par conséquent, l'existence du péché originel nous est
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attestée : — a ) par le récit de la Genèse ( III 6 ). Nos premiers parents, écoutant la voix du démon qui se présenta à Ève sous la forme d'un serpent ( I ),
[ ( 1 ) Le récit de la Genèse. — Il n'est pas permis de contester le caractère historique du récit de la tentation et de la chute, du moins quant à ce qui en est la substance et l'élément essentiel. Mais, cette réserve une fois faite, rien n'empêche d'interprêter certains détails dans le sens symbolique. Cette manière de voir est certainement conforme au décret de la commission biblique du 30 juin 1909 qui, après avoir mis hors de doute l'historicité substantielle du texte, admet les interprêtations de détail. Il est donc permis de croire, par exemple, que ni le serpent tentateur, ni même le démon, caché sous la forme du serpent, n'ont parlé réellement et que les paroles entendues par Ève ont été l'écho d'une tentation suggérée par le démon et qui ont simplement résonné dans son âme. ].
transgressèrent le commandement de Dieu ;
— b ) par le témoignage de Saint Paul qui affirme que « par un seul homme le péché est entré dans le monde » ( Rom., V 12 ).
B. GRAVITÉ. — La désobéissance d'Adam et Ève fut un péché d'autant plus grave qu'avec l'abondance des grâces qui leur avaient été données, l'obéissance au précepte divin leur était facile. Outre la désobéissance, il y avait dans le péché originel la malice :
— 1. de l'orgueil : « Vous serez comme des dieux » leur avait dit le tentateur ( Gén., III 5 ) ;
— 2 de la curiosité. Ils espéraient connaître tout: « le bien et le mal ».
— 3. Il y avait, de plus, chez Adam une complaisance déréglée pour Ève dont il écoutait les mauvaises suggestions, et chez Ève un péché de sensualité et de scandale.
67. —Transmission du péché originel aux descendants d'Adam et Ève. Les deux exceptions.
1° Transmission du péché originel.
— Le péché d'Adam s'est transmis à toute sa postérité. ( 2 ).
[ ( 2 ) Les descendants d'Adam auraient-ils pu pécher dans le cas où lui-même serait resté fidèle ? Si oui, auraient-ils pu recouvrer la grâce et dans quelles conditions ? Y aurait-il eu pour eux un Rédempteur ? Ces questions ne sont pas solutionnées par les théologiens. ].
Cette vérité qui a été définie par le Concile de Trente est fondée sur l:Écriture, la Tradition et, jusqu'à un certain point, sur la raison.
A. ÉCRITURE SAINTE. — a ) Ancien Testament. — 1. Job déclare : « Personne n'est pur de toute souillure, pas même l'enfant dont la vie n'aurait été que d'un seul jour sur la terre. » ( Job, XIV 4 , version des Septante ).
— 2. Le saint roi David dit à son tour : « J'ai été engendré dans l'iniquité et ma mère m'a conçu dans le péché. » ( Ps. I 7 ).
b ) — Nouveau Testament. — Nous avons ici le le témoignage très explicite de Saint Paul : « Comme le péché, dit l'Apôtre, est entré dans le
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monde par un seul homme, et la mort par le péché ; ainsi la mort est passée dans tous les hommes, tous ayant péché en un seul.. » ( Rom., V 12 )
[ à suivre ]
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