COMMUNION, NOURRITURE DE L’ÂME.
Lorsque DIEU voulut donner une
nourriture à notre âme pour la soutenir dans le pèlerinage de la vie, il se
renferma en lui-même et promena ses regards sur la terre ; mais ne
trouvant rien qui fût digne d’elle, il résolut de se donner lui-même. Ô mon
âme, que tu es belle, que tu es grande, puisqu’il n’y a qu’un DIEU qui puisse
devenir ta nourriture !
Lorsque la cloche vous appelle à
l’église, si l’on vous demandait : « Où allez-vous donc ? » vous
pourriez répondre : Je vais nourrir mon âme. Si l’on vous demandait, en
vous montrant le tabernacle : Quelle est cette porte dorée ? C’est le
garde-manger de mon âme. ― Quel est celui qui prépare la nourriture ?
C’est le prêtre. ― Quel est celui qui sert à table ? C’est le prêtre. ― Et la nourriture ? C’est le corps et
le sang précieux d’un DIEU. Ô mon DIEU, que vous nous aimez ! On
dit : « Le pain des anges. » C’est bien le pain des anges, puisqu’ils
jouissent pleinement de lui ; mais l’homme ne fait qu’un avec son DIEU.
BONHEUR DE LA COMMUNION.
Avons-nous médité sur l’amour dont
était dévoré le cœur du saint vieillard Siméon dans son extase ? Il avait
demandé au bon DIEU de voir le Sauveur d’Israël : le bon DIEU le lui
promit. Il passa cinquante ans dans cette attente, appelant Jésus de tous ses
vœux, se consumant du désir de le contempler un instant. Lorsque Marie et
Joseph l’apportèrent au temple, DIEU lui dit : « Le voici ! » Prenant
alors l’Enfant-DIEU dans ses bras, il le pressa sur son cœur enflammé et
brûlant d’amour ; et ce bon vieillard s’écria avec transport :
« Maintenant,
Seigneur, laissez-moi mourir, puisqu’il m’a été donné de contempler mon DIEU et
mon Sauveur. »
Puis il rendit
Jésus à sa mère. Il ne put le garder qu’un instant. Mais nous, mes frères, ne
sommes-nous pas bien plus heureux que Siméon ? Nous ne l’avons pas que
pour un instant : nous pouvons le garder toujours si nous voulons ;
il ne vient pas seulement dans nos bras, mais dans notre cœur. Ô homme, que tu
es heureux ! mais que tu comprends peu ton bonheur ! Si tu le
comprenais, tu ne pourrais pas vivre, tu mourrais d’amour, ton DIEU se donne à
toi, se fait ta nourriture, tu peux l’emporter si tu veux, il ne fait plus
qu’un avec toi. Ô bonheur immense ( 1 ) ! ( 1 ) Février 1855.
Ô heureuse
vie ! Se nourrir d’un DIEU ! On parle bien de Madeleine, de Lazare
qui avaient le bonheur de recevoir le divin Sauveur dans leur
maison ; mais ils ne l’avaient qu’à
côté d’eux, tandis que nous, nous l’emportons dans notre cœur, toutes les fois
que nous le voulons. Après la sainte
communion, nous gardons les saintes espèces pendant un quart d’heure. Ô délicieux moment ! Ce n’est plus nous,
c’est Jésus qui vit, prie et agit en nous ; les anges envient notre
bonheur. Une fois que saint Jean d’Avila donnait la communion à sainte Thérèse,
elle fut si embrasée d’amour de DIEU, qu’elle se renversa, et saint Jean d’un
autre côté.
Ô homme que tu es grand !
Nourri et abreuvé du sang d’un DIEU ! Ô quelle douce vie, que cette vie
d’union avec le bon DIEU ! C’est le ciel sur la terre ! Il n’y a plus
de peines, plus de croix, lorsque vous avez le bonheur de recevoir le bon DIEU.
Vous sentez dans votre cœur une jouissance, une union intime pendant quelques
instants, un bien-être enfin qui parcourt jusqu’aux extrémités. Les âmes pures
sont toujours comme cela. Aussi cette union fait leur force et leur bonheur. Ceux
qui ne sentent tout à fait rien sont bien à plaindre.
LA FOI ET LA PURETÉ
CONDITIONS POUR
RESSENTIR CE BONHEUR.
Pensons-nous, mes enfants, à ce
bonheur ? Ah ! si on y pensait
bien, qu’on s’empresserait de nourrir son âme de DIEU, qu’on tâcherait de s’en
rendre digne !
Nourrir son âme de DIEU ! …
ah ! que c’est beau ! que c’est quelque chose de grand ! …
Oh ! que l’homme est heureux ! ô mes enfants, combien l’homme
sentirait son bonheur, s’il avait la foi… mais une foi vive… Mon âme, en recevant
la sainte communion, va s’unir à son DIEU, à un DIEU d’amour ; à un DIEU
qui fait ses délices d’être avec les enfants des hommes… le même DIEU que les
anges et les saints possèdent dans le ciel, dans l’amour et l’immensité duquel
ils vont s’abîmer !
Ah ! mes enfants, si nous
recevions la sainte Eucharistie dans une âme pure, quelle douceur nous
sentirions en nous-mêmes ! Comme le bon DIEU s’unirait à nous, comme il
nous remplirait tout entiers de sa vie et de son amour, comme il nous ferait
sentir de douceur !
Quand une âme est pure au moment de
la communion, la divine Eucharistie se répand en elle, lui fait sentir une
onction si suave qu’elle en est toute pénétrée. Comme une huile odorante et
fine se répand dans une pièce de drap, et s’étend jusqu’au dernier fil,
jusqu’au bord, de même la sainte Eucharistie se communique à notre âme quand
elle est pure ; elle s’y étend et
la pénètre tout entière, mais seulement l’âme pure, l’âme embrasée d’amour,
l’âme qui sent le bonheur de s’unir à son DIEU et d’en faire sa nourriture…
Mais combien de personnes, mes
enfants, n’éprouvent pas ce que je viens de dire, parce qu’elles ne sont pas
assez pures, parce qu’elles communient sans ferveur et avec toutes sortes
d’imperfections. La sainte Eucharistie ne leur fait pas goûter ce bonheur parce
qu’elles y mettent obstacle. C’est comme un papier mou entre lequel se joignent
deux morceaux de cire froide qui ne le peuvent pénétrer.
Mais si les âmes aimaient bien le bon
DIEU, la sainte communion s’insinuerait en elles ; comme ces deux cires,
une fois fondues par l’ardeur du feu, s’infiltrent dans le papier mou, se
confondent ensemble et le papier en est entièrement imbibé… Oh ! qu’elle
est belle, qu’elle est douce, qu’elle est consolante l’union d’un DIEU à notre
âme par la sainte communion ! Oh ! que l’homme alors devient grand,
qu’il goûte de bonheur, qu’il ressent de consolation !...
COMMUNIER SOUVENT. ― COMMUNION SPIRITUELLE.
Toutes les prières de la messe sont
une préparation à la communion. Toute la
vie du chrétien doit être une préparation et une action de grâces. Par une
communion, vous rendez plus de gloire à DIEU que si vous donniez cent mille
francs (aux pauvres). On dit quelquefois : « mais je ne suis pas digne de
communier… » Quelle nigauderie ! Certainement vous n’en êtes pas
digne ; la Sainte Vierge ne l’était pas, aucune créature ne peut être
digne de recevoir un DIEU. Mais
puisqu’il veut bien s’abaisser jusqu’à notre misère, nous devons travailler à
mériter de le recevoir tous les jours. Combien nous devrions être humiliés,
lorsque nous voyons les autres aller à la Sainte Table, de rester à notre
place ! Qu’un ange gardien, qui conduit une belle âme à la Sainte Table,
est heureux ! Dans la primitive Église, on communiait tous les jours.
Lorsque les chrétiens se sont refroidis, on a substitué le pain bénit à la
communion sacramentelle ; c’est tout à la fois une consolation et une
humiliation. C’est consolant en ce que le pain bénit efface les péchés véniels
et nous délivre des peines du Purgatoire ; mais ce n’est pas le corps et
le sang d’un DIEU. Il y en a qui font tous les jours la communion spirituelle
avec le pain bénit. Si nous sommes privés de la communion sacramentelle,
remplaçons-la au moins, autant qu’il se peut, par la communion spirituelle, que
nous pouvons faire à chaque instant : car nous devons toujours être dans
un désir brûlant de recevoir le bon DIEU. La communion spirituelle fait à l’âme
comme un coup de soufflet au feu qui commence à s’éteindre, mais où il y a
encore beaucoup de braise : on souffle et le brasier se rallume. Après la
réception des sacrements, lorsque nous sentons l’amour de DIEU se ralentir,
vite la communion spirituelle.
Lorsque nous ne pouvons
venir à l’église, tournons-nous du côté du tabernacle. La nuit, cinq Pater et cinq Ave pour faire la communion spirituelle. Nous ne pouvons recevoir
le bon DIEU qu’une fois le jour ; une âme embrasée d’amour supplée à cela
par le désir de le recevoir à chaque instant.
Il y en a qui n’ont point d’empressement pour recevoir
le bon DIEU ; ils vont à la Sainte Table avec indifférence, sans respect
ni recueillement, comme par routine. Une sainte, qui avait un grand amour,
était, pendant la messe, dans un si grand désir de recevoir Notre-Seigneur, que
le bon DIEU devança le prêtre et alla de lui-même se poser sur sa langue. ― Un
jour, je donnais la sainte communion : une jeune personne était à la
Sainte Table ; elle était si impatiente de recevoir le bon DIEU, que la
Sainte Hostie s’échappa de mes doigts et alla toute seule se placer sur sa
langue.
Lorsque la Sainte Vierge offrit
Notre-Seigneur au Père Éternel par les mains de Siméon, le cœur du saint
vieillard fut inondé de grâces par le mérite de ce premier sacrifice. Et nous,
qui assistons tous les jours à l’adorable sacrifice de l’autel, qui nous
nourrissons de DIEU lui-même, quel ne devrait pas être notre amour ?
Si nous avions la foi, lorsque le
prêtre dit : Ecce agnus Dei,
nous serions transportés d’amour ; notre cœur, inondé de l’amour divin et
pénétré de la présence de DIEU, transpirerait d’amour.
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