Monday 11 August 2014

LA COMMUNION

COMMUNION, NOURRITURE DE L’ÂME.
            Lorsque DIEU voulut donner une nourriture à notre âme pour la soutenir dans le pèlerinage de la vie, il se renferma en lui-même et promena ses regards sur la terre ; mais ne trouvant rien qui fût digne d’elle, il résolut de se donner lui-même. Ô mon âme, que tu es belle, que tu es grande, puisqu’il n’y a qu’un DIEU qui puisse devenir ta nourriture !

            Lorsque la cloche vous appelle à l’église, si l’on vous demandait : « Où allez-vous donc ? » vous pourriez répondre : Je vais nourrir mon âme. Si l’on vous demandait, en vous montrant le tabernacle : Quelle est cette porte dorée ? C’est le garde-manger de mon âme. ― Quel est celui qui prépare la nourriture ? C’est le prêtre. ― Quel est celui qui sert à table ? C’est le prêtre.  ― Et la nourriture ? C’est le corps et le sang précieux d’un DIEU. Ô mon DIEU, que vous nous aimez ! On dit : « Le pain des anges. » C’est bien le pain des anges, puisqu’ils jouissent pleinement de lui ; mais l’homme ne fait qu’un avec son DIEU.

BONHEUR DE LA COMMUNION.
            Avons-nous médité sur l’amour dont était dévoré le cœur du saint vieillard Siméon dans son extase ? Il avait demandé au bon DIEU de voir le Sauveur d’Israël : le bon DIEU le lui promit. Il passa cinquante ans dans cette attente, appelant Jésus de tous ses vœux, se consumant du désir de le contempler un instant. Lorsque Marie et Joseph l’apportèrent au temple, DIEU lui dit : « Le voici ! » Prenant alors l’Enfant-DIEU dans ses bras, il le pressa sur son cœur enflammé et brûlant d’amour ; et ce bon vieillard s’écria avec transport : 

« Maintenant, Seigneur, laissez-moi mourir, puisqu’il m’a été donné de contempler mon DIEU et mon Sauveur. »
Puis il rendit Jésus à sa mère. Il ne put le garder qu’un instant. Mais nous, mes frères, ne sommes-nous pas bien plus heureux que Siméon ? Nous ne l’avons pas que pour un instant : nous pouvons le garder toujours si nous voulons ; il ne vient pas seulement dans nos bras, mais dans notre cœur. Ô homme, que tu es heureux ! mais que tu comprends peu ton bonheur ! Si tu le comprenais, tu ne pourrais pas vivre, tu mourrais d’amour, ton DIEU se donne à toi, se fait ta nourriture, tu peux l’emporter si tu veux, il ne fait plus qu’un avec toi. Ô bonheur immense ( 1 ) !( 1 ) Février 1855.

Ô heureuse vie ! Se nourrir d’un DIEU ! On parle bien de Madeleine, de Lazare qui avaient le bonheur de recevoir le divin Sauveur dans leur maison ;  mais ils ne l’avaient qu’à côté d’eux, tandis que nous, nous l’emportons dans notre cœur, toutes les fois que nous le voulons.  Après la sainte communion, nous gardons les saintes espèces pendant un quart d’heure.  Ô délicieux moment ! Ce n’est plus nous, c’est Jésus qui vit, prie et agit en nous ; les anges envient notre bonheur. Une fois que saint Jean d’Avila donnait la communion à sainte Thérèse, elle fut si embrasée d’amour de DIEU, qu’elle se renversa, et saint Jean d’un autre côté.
            Ô homme que tu es grand ! Nourri et abreuvé du sang d’un DIEU ! Ô quelle douce vie, que cette vie d’union avec le bon DIEU ! C’est le ciel sur la terre ! Il n’y a plus de peines, plus de croix, lorsque vous avez le bonheur de recevoir le bon DIEU. Vous sentez dans votre cœur une jouissance, une union intime pendant quelques instants, un bien-être enfin qui parcourt jusqu’aux extrémités. Les âmes pures sont toujours comme cela. Aussi cette union fait leur force et leur bonheur. Ceux qui ne sentent tout à fait rien sont bien à plaindre.

LA FOI ET LA PURETÉ
CONDITIONS POUR RESSENTIR CE BONHEUR.
            Pensons-nous, mes enfants, à ce bonheur ?  Ah ! si on y pensait bien, qu’on s’empresserait de nourrir son âme de DIEU, qu’on tâcherait de s’en rendre digne !
            Nourrir son âme de DIEU ! … ah ! que c’est beau ! que c’est quelque chose de grand ! … Oh ! que l’homme est heureux ! ô mes enfants, combien l’homme sentirait son bonheur, s’il avait la foi… mais une foi vive… Mon âme, en recevant la sainte communion, va s’unir à son DIEU, à un DIEU d’amour ; à un DIEU qui fait ses délices d’être avec les enfants des hommes… le même DIEU que les anges et les saints possèdent dans le ciel, dans l’amour et l’immensité duquel ils vont s’abîmer !
            Ah ! mes enfants, si nous recevions la sainte Eucharistie dans une âme pure, quelle douceur nous sentirions en nous-mêmes ! Comme le bon DIEU s’unirait à nous, comme il nous remplirait tout entiers de sa vie et de son amour, comme il nous ferait sentir de douceur !
            Quand une âme est pure au moment de la communion, la divine Eucharistie se répand en elle, lui fait sentir une onction si suave qu’elle en est toute pénétrée. Comme une huile odorante et fine se répand dans une pièce de drap, et s’étend jusqu’au dernier fil, jusqu’au bord, de même la sainte Eucharistie se communique à notre âme quand elle est pure ;  elle s’y étend et la pénètre tout entière, mais seulement l’âme pure, l’âme embrasée d’amour, l’âme qui sent le bonheur de s’unir à son DIEU et d’en faire sa nourriture…
            Mais combien de personnes, mes enfants, n’éprouvent pas ce que je viens de dire, parce qu’elles ne sont pas assez pures, parce qu’elles communient sans ferveur et avec toutes sortes d’imperfections. La sainte Eucharistie ne leur fait pas goûter ce bonheur parce qu’elles y mettent obstacle. C’est comme un papier mou entre lequel se joignent deux morceaux de cire froide qui ne le peuvent pénétrer.
           Mais si les âmes aimaient bien le bon DIEU, la sainte communion s’insinuerait en elles ; comme ces deux cires, une fois fondues par l’ardeur du feu, s’infiltrent dans le papier mou, se confondent ensemble et le papier en est entièrement imbibé… Oh ! qu’elle est belle, qu’elle est douce, qu’elle est consolante l’union d’un DIEU à notre âme par la sainte communion ! Oh ! que l’homme alors devient grand, qu’il goûte de bonheur, qu’il ressent de consolation !...

COMMUNIER SOUVENT. ―  COMMUNION SPIRITUELLE.
            Toutes les prières de la messe sont une préparation à la communion.  Toute la vie du chrétien doit être une préparation et une action de grâces. Par une communion, vous rendez plus de gloire à DIEU que si vous donniez cent mille francs (aux pauvres). On dit quelquefois : « mais je ne suis pas digne de communier… » Quelle nigauderie ! Certainement vous n’en êtes pas digne ; la Sainte Vierge ne l’était pas, aucune créature ne peut être digne de recevoir un DIEU.  Mais puisqu’il veut bien s’abaisser jusqu’à notre misère, nous devons travailler à mériter de le recevoir tous les jours. Combien nous devrions être humiliés, lorsque nous voyons les autres aller à la Sainte Table, de rester à notre place ! Qu’un ange gardien, qui conduit une belle âme à la Sainte Table, est heureux ! Dans la primitive Église, on communiait tous les jours. Lorsque les chrétiens se sont refroidis, on a substitué le pain bénit à la communion sacramentelle ; c’est tout à la fois une consolation et une humiliation. C’est consolant en ce que le pain bénit efface les péchés véniels et nous délivre des peines du Purgatoire ; mais ce n’est pas le corps et le sang d’un DIEU. Il y en a qui font tous les jours la communion spirituelle avec le pain bénit. Si nous sommes privés de la communion sacramentelle, remplaçons-la au moins, autant qu’il se peut, par la communion spirituelle, que nous pouvons faire à chaque instant : car nous devons toujours être dans un désir brûlant de recevoir le bon DIEU. La communion spirituelle fait à l’âme comme un coup de soufflet au feu qui commence à s’éteindre, mais où il y a encore beaucoup de braise : on souffle et le brasier se rallume. Après la réception des sacrements, lorsque nous sentons l’amour de DIEU se ralentir, vite la communion spirituelle.
            Lorsque nous ne pouvons venir à l’église, tournons-nous du côté du tabernacle. La nuit, cinq Pater et cinq Ave pour faire la communion spirituelle. Nous ne pouvons recevoir le bon DIEU qu’une fois le jour ; une âme embrasée d’amour supplée à cela par le désir de le recevoir à chaque instant.
            Il y en a  qui n’ont point d’empressement pour recevoir le bon DIEU ; ils vont à la Sainte Table avec indifférence, sans respect ni recueillement, comme par routine. Une sainte, qui avait un grand amour, était, pendant la messe, dans un si grand désir de recevoir Notre-Seigneur, que le bon DIEU devança le prêtre et alla de lui-même se poser sur sa langue. ― Un jour, je donnais la sainte communion : une jeune personne était à la Sainte Table ; elle était si impatiente de recevoir le bon DIEU, que la Sainte Hostie s’échappa de mes doigts et alla toute seule se placer sur sa langue.
            Lorsque la Sainte Vierge offrit Notre-Seigneur au Père Éternel par les mains de Siméon, le cœur du saint vieillard fut inondé de grâces par le mérite de ce premier sacrifice. Et nous, qui assistons tous les jours à l’adorable sacrifice de l’autel, qui nous nourrissons de DIEU lui-même, quel ne devrait pas être notre amour ?
            Si nous avions la foi, lorsque le prêtre dit : Ecce agnus Dei, nous serions transportés d’amour ; notre cœur, inondé de l’amour divin et pénétré de la présence de DIEU, transpirerait d’amour.

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