15 octobre
SAINTE THÉRÈSE, RELIGIEUSE ( XVIe SIÈCLE
).
Sainte Thérèse
naquit à Avila, ville du royaume de Castille, en Espagne, au mois de mars 1515.
Elle était la seconde des trois filles d’Alphonse Sanchez de Cépède et de
Béatrix d’Abumade, tous de familles nobles et anciennes, mais plus
recommandables encore par leurs vertus. Alphonse faisait tous les jours la
lecture de la vie des Saints dans sa famille. La petite Thérèse y prit un goût
particulier; et souvent elle prenait le livre pour continuer cette lecture
pendant plusieurs heures de suite, avec un frère qu’elle aimait beaucoup.
L’histoire des Martyrs leur plaisait encore plus que les autres récits. En les
lisant, ils se disaient souvent l’un à l’autre qu’ils voudraient bien aussi
mourir pour Jésus-Christ. À force de se le dire, ils crurent qu’ils pouvaient
exécuter ce dessein; et ils étaient déjà sortis pour passer chez les Maures,
quand un de leurs parents, qui les rencontra, les ramena à la maison
paternelle. Ce qui les frappait davantage et les portait à prendre une telle
résolution, c’était la crainte de périr pour une éternité, en vivant plus
longtemps sur la terre. Quoi, être toujours séparé de DIEU ! Quoi, toujours
brûler dans les enfers, disait Thérèse à son frère ! Qui peut soutenir une
telle pensée ? Voyant qu’ils ne pouvaient être martyrs, ils résolurent de vivre
en ermites; ils élevèrent dans cette intention, comme ils purent, de petites
cellules avec des branches d’arbres, dans le jardin de leur père, et ils s’y
retiraient souvent pour prier. Ce n’étaient là que des actions d’enfants; mais
elles marquaient la disposition de leur cœur.
Thérèse surtout
faisait paraître un ardent amour pour tout ce qui tenait à la vertu; mais la
mort de sa mère, qu’elle perdit à l’âge de douze ans, arrêta ces beaux
commencements et suspendit, pour ainsi dire, le cours rapide de sa piété. Étant
moins surveillée, elle fut moins attentive à ne lire que ce qui pouvait
l’édifier; et ayant trouvé des romans dans sa propre maison, elle les lut, et y
apprit tout ce qu’on a coutume d’y apprendre, l’amour de la vanité et la
passion de briller. Une liaison qu’elle fit deux ans après avec une de ses
parentes d’un esprit volage et mondain, fit croître les semences de mort que la
lecture des romans avait jetées dans son
cœur. Thérèse, auparavant simple dans ses manières, si pure dans ses mœurs,
devint comme les autres filles de son âge, dissipée, n’aimant plus que soi et
le plaisir; l’esprit de ferveur et de dévotion fut bientôt éteint; ce dérangement
serait allé plus loin si son père, qui s’en aperçut, ne l’eût mise en pension
dans un couvent des Augustins. Elle y resta un an et demi, et y profita
beaucoup par les bons exemples qu’elle y reçut et par les solides instructions
de la maîtresse des pensionnaires, qui avait toutes les vertus de son état.
Thérèse réfléchissant sérieusement sur les dangers qu’elle avait courus, rendit
grâces à DIEU qui l’avait arrachée au précipice, où sa jeunesse et son
imprudence l’eussent jetée sans lui; et pour éviter d’y tomber à l’avenir, elle
résolut de s’engager dans la vie religieuse.
Elle se retira dans
le monastère de l’incarnation, de l’ordre du Mont-Carmel, à Avila, et y prit
l’habit le 2 novembre 1536, à l’âge de vingt-et-un-ans.
« Dans le moment
que je pris cet engagement, dit-elle, j’éprouvai de quelle sorte DIEU favorise
ceux qui se font violence pour le servir. Ce souvenir fait encore sur mon
esprit une impression si forte, qu’il n’y a rien, quelque difficile qu’il fût,
que je craignisse d’entreprendre pour le service de DIEU; c’est pourquoi, si
j’étais capable de donner un conseil, je ne serais jamais d’avis, lorsque DIEU
nous inspire de faire une bonne œuvre, et qu’il nous y excite plusieurs fois,
de manquer à l’entreprendre, par la crainte de ne pouvoir l’exécuter; car si
c’est son amour qui nous y porte, et si c’est pour lui qu’on l’entreprend, elle
réussira certainement, rien n’étant impossible à l’amour de DIEU. »
Plus elle avançait
dans la piété, plus elle apercevait en elles d’imperfections et de taches;
ce qui servait beaucoup à l’humilier, et par conséquent à rendre ses prières
plus ferventes. Elle ne s’en tint pas à une vue stérile de ses défauts; elle
les combattit tous, résolue de les détruire, afin d’être agréable aux yeux de
DIEU, qui ne souffre rien d’impur ni de souillé. Les progrès qu’elle fit dans
la vertu surprirent ses sœurs qui n’avaient ni le courage, ni peut-être la
volonté de l’imiter; le couvent où elle vivait était un de ces monastères
mitigés où l’on trouve souvent plus de commodités du siècle que dans le siècle
même. Thérèse désirait ardemment que ses sœurs embrassassent une réforme qui
les approchât davantage de la perfection évangélique et de l’esprit de leur
institut. Plus elle y réfléchissait, plus elle déplorait le malheur des
monastères qui ne sont pas réformés.
Comme elle
s’occupait de ces pensées, DIEU permit qu’une personne lui parlât du dessein
qu’elle avait de fonder un monastère, si quelques religieuses voulaient
entreprendre d’y observer la règle de l’ordre du Mont-Carmel dans toute sa
pureté. Thérèse goûta ce projet et promit de seconder cette sainte entreprise
de tout son pouvoir. On ne peut dire à quelles persécutions elle se vit exposée
dès que son intention fut connue. On la traita de visionnaire, d’extravagante; son
ordre même fit tout ce qu’il put pour la traverser; mais Thérèse, pleine de
confiance en DIEU, semblait s’encourager par les efforts mêmes qu’on faisait
pour l’empêcher d’exécuter ses résolutions. Enfin, victorieuse de tous les
combats qui lui furent livrés, elle eut la consolation de voir le premier
monastère de la réforme fondé dans Avila, sous le nom de Saint-Joseph, en l’an
1562. Le nouvel institut s’accrut si rapidement, que sur la fin de la vie de la
réformatrice, on comptait seize couvents de carmélites. Elle eut la consolation
de voir ses nombreux établissements approuvés par l’Église, et ses efforts
couronnés par la vénération et la confiance des fidèles.
Thérèse mit pour le
fondement de sa règle l’exercice de l’oraison et la mortification des sens;
elle établit la clôture la plus exacte, ferma les parloirs, défendit les
entretiens du dehors, rendit les conversations du dedans courtes et fort rares.
Comme elle s’était aperçue que le défaut de bons confesseurs était ce qui lui
avait fait à elle-même beaucoup de tort, elle eut soin d’en procurer d’un grand
mérite à chacune de ses maisons. Son zèle ne se borna pas à la réforme des
religieuses de son ordre, elle voulait la faire passer jusqu’aux religieux.
Thérèse sentit les difficultés de ce nouveau projet; mais elle eut recours à
DIEU, son refuge ordinaire. Le premier qui prit l’habit et la règle de la
réforme parmi les hommes, fut le père Jean, qui prit le surnom de la Croix; son
exemple fut bientôt suivi par beaucoup d’autres. C’est cette réforme que
suivent les Carmes qu’on appelle Déchaussés.
Quatorze monastères avaient été fondés lorsque DIEU appela Thérèse à Lui.
Quoique son corps, naturellement faible
et délicat, fût encore plus épuisé par les maladies fréquentes, elle
entreprenait ce qu’il y avait de plus difficile avec une ardeur surprenante, et
l’exécutait avec un courage qui semblait au-dessus de ses forces. Rien ne
paraissait lui coûter; aussi avait-elle coutume de dire: « Seigneur, ou
souffrir ou mourir. » Elle mourut le 4 octobre 1582, âgée de plus de
soixante-sept-ans.
PRATIQUES. — Que les mauvaises lectures sont dangereuses !
L’exemple de la jeune Thérèse doit faire trembler les personnes qui ont le
malheur de s’y adonner.
PRIÈRE. — Seigneur, renouvelez ces saints asiles où vous
cachez ceux que vous voulez sauver de la corruption du siècle. Réconciliez-vous
avec votre peuple, tant de personnes en ont besoin et vous le demandent.
A.I.
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